Le président sud-africain Cyril Ramaphosa a été réélu sans surprise mercredi par les députés après la victoire de son parti, le Congrès national africain (ANC), aux législatives du 8 mai.
L’ANC, au pouvoir depuis la fin du régime de l’apartheid en 1994, y a réalisé le plus mauvais score de son histoire à des élections nationales (57,5%) mais a conservé la majorité absolue au sein de la chambre basse, avec 230 des 400 sièges.
La réélection à la présidence du pays de son chef Cyril Ramaphosa, au pouvoir depuis 2018, était donc une pure formalité. Il a été reconduit pour un mandat de cinq ans, sans qu’aucun vote ne soit organisé, en l’absence d’autre candidat.
“Je déclare Cyril Ramaphosa dûment élu président de la République d’Afrique du Sud”, a annoncé le président de la Cour constitutionnelle Mogoeng Mogoeng.
M. Ramaphosa, 66 ans, dirige l’Afrique du Sud depuis la démission forcée en février 2018 de Jacob Zuma, poussé vers la sortie par l’ANC en raison des forts soupçons de corruption pesant sur lui.
Le président réélu, qui doit annoncer son nouveau gouvernement dans les prochains jours, s’est fixé comme mission de nettoyer le parti et l’Etat de la corruption et de relancer l‘économie de la première puissance industrielle du continent africain.
Très formelle, la session inaugurale de l’Assemblée nationale avait débuté mercredi par un coup de théâtre. Plusieurs personnalités du gouvernement et de l’ANC n’ont pas prêté serment comme députés.
Le vice-président du pays, David Mabuza, a demandé à reporter sa prestation de serment “à la suite d’un rapport de la commission d‘éthique de l’ANC qui le soupçonne d’avoir porté préjudice à l’intégrité” du parti, a expliqué la formation.
L’actuelle ministre de l’Environnement Nomvula Mokonyane et l’ancien ministre des Finances Malusi Gigaba, proches de l’ex-président Zuma, ont eux définitivement renoncé à leur siège de député.
‘Revirement spectaculaire’
La décision de David Mabuza a immédiatement soulevé des spéculations sur son maintien ou non au poste de vice-président d’Afrique du Sud alors que Cyril Ramaphosa devrait annoncer prochainement la composition de son nouveau gouvernement.
“Le fait qu’il (David Mabuza) soit vice-président de l’ANC ne garantit pas qu’il ait la position de vice-président de la République”, a estimé Zizi Kodwa, un porte-parole de l’ANC.
“C’est un revirement spectaculaire”, a réagi le principal parti d’opposition, l’Alliance démocratique (DA), par la voix du chef de son groupe parlementaire, John Steenhuisen. “C’est le signe clair que quelque chose se trame au sein de l’ANC”.
Cyril Ramaphosa a pris la tête de l’ANC fin 2017, après l’avoir emporté d’une très courte tête devant la candidate soutenue par la faction Zuma. Il cherche depuis à consolider son autorité sur l’ensemble du parti, où les partisans de son prédécesseur disposent encore d’une forte capacité de nuisance.
En campagne, Cyril Ramaphosa avait réaffirmé sa détermination “à ce que les personnes reconnues coupables de corruption (…) ne soient pas autorisées à occuper des postes de responsabilités au sein de l’ANC, au parlement ou dans le gouvernement”.
Des soupçons de corruption pèsent sur David Mabuza et Nomvula Mokonyane. “Mokonyane et Gigaba hors du parlement et Mabuza qui n’a pas encore prêté serment”, a résumé l’analyste Daniel Silke dans un tweet.
“Un remaniement significatif de Ramaphosa est en route, non seulement pour restaurer de la crédibilité mais aussi pour asseoir son autorité”, a-t-il estimé.
“Ramaphosa n’a jamais été aussi puissant et il ne sera jamais aussi puissant”, a souligné pour sa part son confrère Richard Calland. “Il ne peut pas se dispenser de toute la faction Zuma mais il peut leur retirer des positions clés afin de pouvoir gouverner de manière décisive”, a-t-il ajouté à l’AFP.
Une fois réélu président de la République, Cyril Ramaphosa prêtera officiellement serment samedi lors d’une cérémonie organisée dans un stade de la capitale Pretoria qui doit réunir plusieurs dizaines de milliers de personnes.
AFP