Par Pr. Séraphin Prao*
Monsieur le Président de la République,
« Le jeudi 16 décembre 2021 s’ouvrait, sous l’autorité du Premier ministre, le dialogue politique entre l’opposition et le gouvernement, lequel est censé permettre au pouvoir RHDP et à son opposition d’aplanir leurs divergences par le dialogue et de décrisper l’atmosphère politique en Côte d’Ivoire.
A la surprise générale, le 18 décembre 2021, lors d’un meeting de commémoration de l’an 1 de votre investiture pour un troisième mandat, l’ancien directeur exécutif de votre parti, le RHDP, déclare ceci, comme on l’a constaté avec la formule « 2020, c’est bouclé, c’est géré, c’est calé, « pour 2025, ils veulent, ils ne veulent pas, ils savent bien que nous sommes là. En 2025, nous serons là. Alassane Ouattara, il n’a rien dit encore, mais on est là ».
Le mercredi 19 janvier 2022, comme à la suite de l’ancien directeur exécutif du RHDP, le porte-parole du gouvernement, le ministre Amadou Coulibaly, profitant de la tribune gouvernementale en a rajouté une couche, laissant entrevoir la possibilité d’un autre mandat pour vous ; ce qui en fait, pour l’opinion publique nationale et internationale, une idée soutenue et portée par l’ensemble du gouvernement, y compris vous-même le chef de l’Etat, puisque, selon les dispositions en vigueur, le conseil des ministres est présidé par le Président de la République, Chef de l’Etat.
Comme si cela ne suffisait pas, le 20 janvier 2022, monsieur Kouadio Konan Bertin, ministre de la réconciliation et de la cohésion nationale, devant des membres du Réseau des professionnels de la presse en ligne de Côte d’Ivoire, a lui aussi jeté une pierre dans son jardin de la réconciliation qui peine à être nettoyé en allant dans le sens du porte-parole du gouvernement.
Face aux menaces que ce nouveau débat insidieux, suscité à dessein par des membres du RHDP ou par ses affidés, pourrait causer à la cohésion sociale et à la réconciliation nationale en alourdissant davantage une atmosphère politique déjà crispée, le mouvement « Les Démocrates de Côte d’Ivoire » vous prie avec insistance de clarifier au plus vite votre position avant que ce débat n’enfle davantage.
Nous le savons, ce débat suscité à dessein à trois ans de la présidentielle n’a rien de politiquement anodin. La manœuvre est connue : c’est un message sibyllin pour exprimer sa fidélité à votre personne ; c’est un indicateur des aspirations des uns et des autres qu’ils voudraient voir être revêtues du vernis du fait accompli quand le calendrier politique le permettra ; c’est aussi et surtout une cour très assidue à la plus belle femme du moment pour bénéficier de ses faveurs et largesses.
Malheureusement, toutes ces manœuvres politiciennes des nageurs dont on voit le dos se font au prix d’une érosion du consensus politique et de la cohésion nationale. Ce débat qui va faire monter inutilement les tensions politiques engage votre crédibilité et votre autorité de leader incontesté du RHDP et, vous avez la possibilité de le laisser mousser ou de l’éteindre au plus vite.
Pour le mouvement « Les Démocrates de Côte d’Ivoire », ce type de débat instaure un pilotage automatique aveugle et sourd aux enjeux de réconciliation nationale. Or, la Côte d’Ivoire est fortement demandeuse de réconciliation nationale et d’entente politique.
Ce débat ou plutôt cet appel du pied, lancé à ce moment précis, vise ni plus ni moins, pour le mouvement « Les Démocrates de Côte d’Ivoire », qu’à saper les efforts du Premier ministre pour un consensus citoyen et un dialogue politique constructif et abouti, gage d’entente, de paix durable et de stabilité. A un homme à la recherche du consensus national sur des sujets d’intérêt national font face des va-t-en-guerre et des nageurs en eaux troubles.
La préoccupation du mouvement « Les Démocrates de Côte d’Ivoire » est de voir réduites les tensions inutiles et les provocations improductives pour que s’instaure en Côte d’Ivoire une atmosphère politique propice à un dialogue serein, à la paix et à la cohésion nationale. Quand les hommes politiques s’entendent, le peuple est en paix mais quand ils s’étripent, le peuple attrape la grippe et, la contagion se généralise pour menacer la cohésion sociale et l’entente communautaire.
Il ne tient qu’à vous, monsieur le Président de la République, de décrisper l’atmosphère politique face à la montée à venir des tensions avec leurs lots de surenchère. « La paix n’est pas l’absence de guerre, c’est une vertu, un état d’esprit, une volonté de bienveillance, de confiance » (Spinoza).
Nous avons le choix de construire une paix durable à travers un dialogue fructueux et honnête ou de préparer le lit de toutes les formes de mésententes et de tensions inutilement improductives pour la cohésion nationale et le développement solidaire ».
Fait à Abidjan, le 23 janvier 2022.
*Pour « Les Démocrates de Côte d’Ivoire ».
Le Président