Par Christ Zorro, Afriquematin.net
SI les récentes tournées effectuées par Soro Kigbafori Guillaume dans certaines régions du nord de la Côte d’Ivoire ont révélé d’importantes divisions au sein des fils de cette partie du pays, celle qu’il projette d’effectuer dans la région du Guémon risque, s’il n’y prend garde, de faire ressurgir de douloureux souvenirs liés à la crise postélectorale de 2010.
Qu’est ce qui pourrait bien motiver la volonté de l’ex président du parlement ivoirien à vouloir effectuer une tournée dans cette partie de la Côte d’Ivoire qui lui est visiblement défavorable, une année avant l’échéance électorale majeure ? Si son intention était de se faire pardonner par les populations de cette région qui ont bu le calice jusqu’à la lie (c’est bien le cas de le dire), cette prise de conscience qui coïncide avec son divorce d’avec ses anciens alliés pourrait entacher la sincérité de ses actions.
Les douloureux souvenirs de l’année 2011 sont encore vivaces dans l’esprit de milliers de victimes dont les souffrances continuent de perdurer. Les campagnes de réconciliation entamées par-ci et par-là n’ont pas eu l’effet escompté lorsque l’on s’en tient aux récentes crises communautaires qui ont secouées les villes de Toulépleu, de béoumi et de bien d’autres localités du pays.
Dans ce contexte, si ce n’est pas mettre de l’huile sur le feu, la volonté affichée de Guillaume Soro, de se rendre dans une région où la rébellion qu’il a eu le courage d’assumer à fait de nombreuses victimes, pourrait s’apparenter à une provocation de trop. Les rapports des organisations nationales et internationales des droits de l’homme sur les exactions effectuées par ses troupes d’alors sont assez pertinents et pourraient lui valoir le courroux des populations et servir dans le même temps les projets de ses adversaires. Cet exercice d’alchimie auquel veut se livrer le président du comité politique avec les populations de cette région du pays semble vicié bien avant sont démarrage.
Ne serait-il pas opportun qu’il fasse son mea culpa au travers d’un ouvrage comme il a su très bien le faire lorsqu’il justifiait son engagement dans la rébellion de 2002 ? Cela pourrait servir d’apaisement dans le camp des victimes qui y verraient certainement un réel désir de celui-ci de s’affranchir de cette pesanteur.
Le défi est grand, très grand même et nécessite une réflexion profonde qui aille au delà de simples calculs politiciens car, des retombées de cette tournée dépendra surement le cours de la vie politique de Guillaume Soro. Pour l’heure, le plus dur commence pour le président du Comité Politique.