Depuis quelques jours, des plaintes relativement à l’affectation des nouveaux bacheliers dans les grandes écoles et universités privées font beaucoup de bruits. Un fondateur d’établissement supérieur crie sa colère.
« Des personnes ont eu à faire des sorties dans la presse qui accablent le ministre de l’Enseignement supérieur et de la recherche scientifique, Albert Mabri Toikeusse. Ces personnes, sous le couvert du syndicat autonome des enseignants du supérieur privé de Côte d’Ivoire (Synasup), accusent le ministre de corruption et de favoritisme dans les orientations des nouveaux bacheliers.
En notre double qualité d’acteur du système éducatif de notre pays et de fondateur de grande école, nous voudrions ici dire notre part de vérité sur cette affaire qui n’honore pas notre secteur.
De prime abord, nous constatons que tous ceux qui croient en savoir plus sur l’orientation des nouveaux bacheliers en Côte d’Ivoire ne connaissent pas véritablement le fonctionnement du ministère de tutelle. Cette méconnaissance du processus d’affectation des bacheliers poussent souvent des personnes à croire qu’il y a des fondateurs qui sont privilégiés par rapport aux autres dans la répartition des affectés de l’Etat. Pis encore, certains évoquent des cas de corruption des différentes ministres qui se sont succédés à la tête de ce département ministériel. Ils reprochent à ceux-ci de monnayer le nombre d’étudiants affectés dans certains établissements.
Ce qu’il faut savoir, à toutes fins utiles, c’est qu’il y a une commission autonome au sein du ministère qui siège chaque année pour statuer sur les affectations des nouveaux bacheliers. Le ministre n’est pas membre de cette commission. Et mieux, celle-ci travaille sur la base de critères bien définis et qui sont connus de tous, notamment les choix de filières opérés par les bacheliers, les capacités d’accueil des établissements, la disponibilité de filières demandées au sein des écoles, le profil du bachelier au regard des notes obtenus au BAC, la proximité des établissements avec les lieux d’habitation des bacheliers etc… De plus, aucune loi n’oblige l’Etat à affecter des étudiants dans telle ou telle école. Cela relève de son pouvoir discrétionnaire.
Aussi, faut-il observer que le nombre de grandes écoles et universités privées a carrément doublé ces dernières années alors que le nombre de bacheliers n’a connu qu’une relative légère hausse. Sans oublier que par la passé, les écoles n’arrivaient pas à faire le plein d’étudiants affectés de l’Etat.
Toutefois, l’on constate, malheureusement, qu’il y a des personnes véreuses qui tentent de gruger certains fondateurs en leur faisant miroiter la possibilité d’avoir un certain nombre d’affectés moyennant certaines somme d’argent alors qu’elles ne sont pas ni du ministère, ni membres de la commission chargée des orientations. Le ministre Ibrahima Bacongo, en son temps, avait mené une lutte féroce contre ces voraces et mis en garde les éventuels fautifs qui s’exposent à la rigueur de la loi.
Pourquoi ces bruits de corruption persistent-ils?
Il faut remarquer que, chaque année, dès la publication des affectations des nouveaux bacheliers, il y a toujours un groupe de fondateurs qui se plaint au motif que ses membres n’ont pas reçu assez d’étudiants. Ainsi, chaque année, un nouveau syndicat nait dans l’espoir de pouvoir utiliser cette association pour avoir des affectés. Malheureusement pour ces derniers, la montagne accouche le plus souvent d’une souris. Cette attitude égoïste des certains fondateurs, depuis quelques années, ne fait que fragiliser l’enseignement supérieur privé de sorte qu’au lieu de se consacrer à des réflexions pertinentes sur la qualité de la formation, sur les reformes innovantes et sur la révision des frais d’écolage à la hausse, un certains de fondateurs tombent dans des pratiques peu orthodoxes. Et lorsque leurs tentatives échouent, ils trouvent un bouc-émissaire qui n’est autre que le ministre de l’enseignement supérieur et ses collaborateurs.
Pour nous, fondateurs de grandes écoles et universités privées, le problème ne se trouve pas à ce niveau. Il faut sortir de ces débats puérils et improductifs, pour nous concentrer sur les vrais problèmes auxquels sont confrontées nos écoles. L’un de ceux-ci est la somme payée par l’Etat pour chaque étudiant affecté. Nous estimons que le montant est en-deçà des défis actuels. L’Etat devra donc revoir les frais d’écolage à la hausse en les faisant passer du simple au double afin d’améliorer la qualité des enseignements et des formations.
Il faudra également que l’Etat s’engage à payer de façon régulière les frais d’écolage de sorte à éviter aux fondateurs de brader leur décision de prise en charge auprès des banques qui retiennent plus de 20% du montant global.
A ce jour, l’Etat n’a apuré que 15 % des frais d’écolage au titre de l’année académique 2018-2019. Ce sont là, les vrais enjeux de l’enseignement supérieur privé et c’est ce combat que nous, fondateurs, devons mener pour la survie de nos écoles (nos investissements) et l’amélioration de la qualité de la formation dispensée dans nos écoles ».
Une contribution d’Aristide Gallet Bi, fondateur de Grande école