Site icon Afriquematin.net

Relance économique/Comment Cotivo – Côte d’Ivoire compte-t-elle rebondir ?

Enquête réalisée par Haidmond Kaunan-Afriquematin.net

Jadis la plus grande entreprise spécialisée dans la  filature et le tissage de l’Afrique Subsaharienne, l’usine Cotivo est une fabrique qui offrait de l’emploi à environ 1500 âmes en plus de ses contractuels et journaliers. Et depuis  le début de la rébellion armée qui avait occupé le nord de la Côte d’Ivoire à partir 2002, les réalités y ont grandement changé. En vérité, cette entreprise n’avait jamais cessé de tourner avec le soutien des autorités, ces dernières  ont estimé  que les fils de ce  département  devraient garder le cap afin qu’ils ne tombent pas dans l’oisiveté. Avec un nouvel acquéreur national, l’entreprise est récemment devenue Cotivo-Côte d’Ivoire et elle ne tourne qu’avec une centaine d’agents, mais qui rencontrent des difficultés d’ordre social. Il n’est pas exagéré de se demander  plus d’une fois  ce qui  est advenu pour qu’on en arrive là.

Qui ne souvient-il pas de la belle époque de la seule fabrique qui donnait du travail aux enfants d’Agboville et tout le monde entier. Elle tournait 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7. On se souvient qu’en 1997, Michel Dutronc, le directeur général  de Cotivo, d’origine française révélait dans un quotidien de la place, à la faveur de la visite mémorable du Président Henri Konan Bédié, dans le département, que cette usine produisait par jour 85 km d’écru (tissu jean).

La rébellion, on ne le cessera jamais assez de l’évoquer, qui avait occupé le Centre, Nord et l’Ouest du pays, obligea le ralentissement de la structure industrielle, d’où son fonctionnement au ralenti, faute de matière première essentiellement composée de coton cultivé dans cette partie du pays. Le groupe Schaffer Ingeniery  se verra obligé de la liquider. Il s’agit de  Patrick Leyde, domicilié au Luxembourg qui confie la direction de l’entreprise à des nationaux. L’européen qui voulait coûte que coûte conserver le fonctionnement de l’usine va donc consacrer  une grande partie des ressources de Cotivo à l’achat  de Filature et Tissage Gonfreville (FTG) à Bouaké puis à Dopa spécialisé dans l’égrenage  de coton avec pour objectif de ravitailler son entreprise. Etant donné que ces deux structures se trouvent en zone ex-rebelle. L’établissement aurait 76% des actions FTG et mis des centaines de millions également dans la l’acquisition de Dopa dans le seul  but de ne pas voir l’entreprise mourir. Du coup ses ressources financières  qui  s’amenuisaient  s’effondrent au point de donner  de contracter  une dette de plus d’une douzaine de milliards de Fcfa. L’entreprise n’ayant plus de découvert, aucune banque ne voulait assister et soutenir Patrick Leyde. Les  machines commencent à prendre un coup. Plus de possibilité  de renouvellement, encore moins,  de pouvoir acheter des pièces de rechange. En 2011 les choses se compliquent davantage. Le personnel passera d’environ 1500 à une centaine. Les travailleurs sont par la suite informés que l’industrie se trouve dans un statut de redressement judiciaire. L’usine est donc dans l’incapacité de payer ses dettes. Pis, on annonce sa deuxième liquidation. En 2015, un nouvel acquéreur national, selon des indiscrétions aurait acquis l’usine à environ 2,600 milliards de FCFA, avec plus d’une quarantaine de machines sur 500 auparavant, fonctionnelles. La structure devient alors Cotivo-Côte d’Ivoire. Désormais elle est spécialisée dans la fabrication et vente des fils bleu et blanc, un peu de draps de lit et  très peu d’écru. Elle ne produirait que 5000 mètres par mois contre 85km/jour autrefois. Le nouvel  acquéreur a réussi à payer les droits de la centaine d’agents qui  avaient permis que l’usine ne cesse  de tourner. Cependant des déflatés et certains retraités qui continuent de croire à leur chance, attendent des décisions de justice. On parle même d’arriérés de salaires. La vérité est que les réalités de Cotivo des années avant 2002, ne sont plus les mêmes aujourd’hui. Un agent  nous a confié que  le personnel est payé juste au SMIG, à l’exception de quelques responsables. Désormais, les activités s’arrêtent à 22 heures et l’usine reste fermée les samedis et dimanches. En fait, comment peut-on croire qu’une entreprise de la trempe de Cotivo peut-elle tourner à la vitesse normale avec un seul acquéreur ? Et comment compte-t-il faire pour rebondir cette fabrique, autrefois mine d’or ?

 

Quitter la version mobile