Par Dramane Touré*
L’élection présidentielle du 31 octobre 2020 continue de faire des vagues dans certains cercles politiques. La région du Cavally dont dépend la circonscription de Taï a suivi le mot d’ordre de boycott du scrutin lancé par l’opposition ivoirienne. Dans sa démarche de vouloir plaire au Président Alassane Ouattara, Anne Ouloto se défend pour justifier son impopularité politique dans la région et accuse d’honnêtes politiciens convaincus d’être à la base de son échec. Membre du bureau politique du Pdci-Rda et conseiller municipal à la mairie de Taï, Dramane Touré lui porte la contradiction à la suite des propos qu’elle a tenus après l’incendie de la Sous-préfecture de ladite localité.
« Le lundi 30 novembre 2020, Mme le Ministre Anne Désirée Ouloto, dans une interview accordée à plusieurs quotidiens ivoiriens, a dit : « tous ceux qui sont nés à Taï, jusqu’à la date de l’incendie de la Sous-préfecture, ne pourront plus se faire établir d’extraits d’actes de naissance. C’est un crime, il faut qu’on situe les responsabilités ».
Je m’étonne que de tels propos soient tenus par une personnalité de son rang. Pour rappel, l’ancienne Sous-préfecture de Taï fonctionnelle depuis 1965 a été scindée en trois (3) entités : – La Sous-préfecture de Zagné fonctionnelle depuis 2005 – La Commune de Taï fonctionnelle depuis 1996 – La Sous-préfecture de Taï dans sa forme actuelle. L’incendie malheureux de la Sous-préfecture de Taï est regrettable et peine les populations de Taï.
Par ses affirmations, Mme le Ministre semble ignorer le fonctionnement de l’Etat Civil en général et particulièrement celui de Taï. En effet, tous les requérants pourront se faire établir un acte de naissance et pour cause : – S’agissant de la Sous- préfecture de Zagné, tous les registres initialement établis à la Sous-Préfecture de Taï ont été reversés à la Sous-préfecture de Zagné.
Pour la Mairie de Taï, les personnes nées dans la Commune de Taï continueront d’établir leurs actes d’Etat Civil. En ce qui concerne la Sous-préfecture de Taï, il s’agit des personnes des villages de la commune nées avant 1996 et des personnes de la Sous-préfecture actuelle de Taï. Ces personnes peuvent établir leurs actes d’Etat Civil à partir des exemplaires de registres d’Etat Civil qui sont déposés chaque année au Tribunal.
Relativement à l’incendie de la Sous-préfecture, je conviens avec Mme le Ministre qu’il faut situer les responsabilités. Les informations en ma possession font état de ce qu’un court-circuit serait à l’origine de cet incendie contrairement aux propos graves tenus par Mme le Ministre qui le qualifie de criminel. Le faisant,
Mme le Ministre se substitue aux enquêteurs et à la justice.
En pareille circonstance, j’aurais souhaité que Mme le ministre sorte de ses émotions pour aller écouter les populations et au besoin les réconforter. Je me permets de rappeler à Mme le Ministre, qui est apparue à Taï pour la première fois en 2013, que le bâtiment abritant les locaux de la Sous-préfecture incendiée, a été construit par les populations de Taï avec l’aide d’un opérateur économique en 1968.
Il en est de même de la participation des populations pour la réalisation de la plupart des édifices qui abritent les services administratifs de la localité. Le sachant, aucun habitant de Taï ne peut se permettre d’incendier un édifice public. Je trouve donc puérils ces propos que tient Mme le Ministre, à savoir : « Mais je trouve que c’est trop facile d’aller brûler un bâtiment et de dire au Conseil Régional de venir le reconstruire pour nous ».
J’appelle Mme le Ministre à la retenue et à la sagesse qui accuse les populations de Taï de pyromanes qui sollicitent des secours après avoir brûlé. Non, Taï n’est pas masochiste. Taï sait reconnaître ses bienfaiteurs. Taï n’a pas voté à cause de vous ».
* Commissaire de Police à la retraite Conseiller Municipal à la Mairie de Taï, Membre du Bureau Politique du PDCI-RDA