Par Jean Levry – Afriquematin.net
A environ 14 mois de l’élection présentielle de 2020, le débat sur la réforme de la commission électorale indépendante (CEI), organe en charge de l’organisation des élections est loin d’être clos. Surtout avec la sortie du président de la commission de l’Union africaine (PCUA), Moussa Faki Mahamat. Une position de l’organisation continentale qui risque d’amplifier les tensions et jeter de l’huile sur le feu en Côte d’Ivoire.
Dans une déclaration faite à Addis-Abeba, le 19 août 2019, le président de la commission de l’Union africaine « se félicite de ce que l’arrêt rendu par la Cour Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples ait été pris en compte tel qu’en atteste le préambule des motifs du projet de loi introduit au Parlement ». Cette déclaration est aussitôt brandit par le pouvoir pour légitimer la nouvelle composition de la CEI votée par le parlement ivoirien et qui est fortement contestée par l’ensemble de l’opposition ivoirienne ainsi que la société civile. Pis encore, « le PCUA salue l’ensemble des acteurs politiques en Côte d’Ivoire, y compris les organisations de la société civile, pour leur attachement aux valeurs démocratiques prônées par l’Union africaine et les encourage dans leur volonté à aller à des élections paisibles dans l’intérêt du peuple ivoirien », lit-on dans le communiqué du diplomate africain, laissant croire que cette composition fait l’unanimité et qu’elle respecte les recommandations de la Cour africaine des droits de l’homme et des peuples.
Cette prise de position est jugée dangereuse par de nombreux observateurs et par l’opposition qui donne de la voix. « La réaction de M. Moussa Faki Mahamat ne concerne pas l’Arrêt de la Cour Africaine des droits de l’homme et des peuples, qui loin d’être des recommandations, est une Décision de Justice qu’un haut responsable de l’Union africaine ne peut ni minimiser, ni ignorer encore moins banaliser comme vient de le faire M. Moussa Faki Mahamat. Rappelons-le au président de la Commission de l’Union africaine, l’interprétation tendancieuse des Constitutions et des lois électorales en Afrique, s’est toujours soldée par des morts en cascades, laissés pour compte par l’Union africaine», a réagi Alain Lobognon, bras doit de Guillaume Soro (ex-président de l’Assemblée nationale en rupture de ban avec le Rdr, parti au pouvoir).
Il semble faire allusion à la crise postélectorale de 2010-2011 dans laquelle l’Union Africaine avait affichée son parti pris pour un camp précipitant le pays dans une guerre qui a fait 3000 morts.