Par Léon SAKI – Afrique Matin.Net
Après une réunion du conseil national de sécurité sanitaire qui a constaté que depuis le 21 avril 2020 date à laquelle la capitale économique ivoirienne a été isolée du reste du pays, aucun cas d’infection n’a été signalé dans les autres villes de Côte d’Ivoire, le président ivoirien a annoncé le retour à la normale à l’intérieur du pays.
Ainsi le couvre-feu en vigueur depuis le début de cette pandémie, est levé; les restaurants, bars et cinémas sont rouverts; les écoles ouvrent et le nombre de personnes regroupées passe à 200 au lieu de 50, alors que nous assistons à une croissance exponentielle des cas de contamination dans ce pays même si la plus part de ces cas proviennent de la capitale et de sa région.
A près de 1600 cas et 20 décès, la Côte d’Ivoire fait partie des pays les plus touchés par la pandémie du Covid-19. Des chiffres qui continuent de croître de jour en jour, et pourtant le gouvernement a choisi le déconfinement progressif. Pour les spécialistes dont l’OMS, une telle approche de la crise sanitaire est à risque.
L’OMS a estimé jeudi 7 mai que « 83 000 à 190 000 personnes en Afrique pourraient mourir du Covid-19 et 29 à 44 millions pourraient être infectées au cours de la première année ». Tel serait le bilan de la pandémie si les mesures de confinement échouent, selon une nouvelle étude du bureau régional de l’OMS pour l’Afrique, indique un communiqué reçu par l’AFP à Brazzaville, siège régional de l’organisation.
L’Afrique ne semble donc pas encore sortie d’affaire comme le prétendent certains Chefs d’Etats qui ont déjà procédés à un ramollissement des mesures de la lutte contre la pandémie au vue du taux de transmission plus lent et du taux de mortalité plus faible que les pays occidentaux les plus touchés. Pour L’OMS ce taux de transmission plus faible suggère une épidémie plus prolongée sur quelques années, selon l’étude qui a également révélé que les petits pays africains situés à proximité de l’Algérie, de l’Afrique du Sud et du Cameroun étaient à haut risque si les mesures de confinement n’étaient pas priorisées
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Dès lors, il parait absurde de procéder de façon prématurés à l’assouplissement des mesures malgré l’augmentation des cas de contamination. De nombreux Ivoiriens continuent de s’interroger sur les raisons de ces mesures en s’appuyant sur l’évolution de la maladie.
Le mardi 24 mars 2020, la Côte d’Ivoire comptait 48 nouveaux cas de Covid-19 portant à 73 le nombre total dont zéro décès et 3 guérisons. Le président ivoirien fait alors son premier discours en annonçant ceci: « La situation est grave, nous sommes en guerre ». Le 07 mai 2020, la Côte d’Ivoire enregistre 55 nouveaux cas de Covid-19 portant à 1571 le nombre total dont 20 décès et 742 guérisons. Paradoxalement, le Chef de l’Etat fait un discours et assoupli les mesures de lutte contre le Covid-19, en annonçant ceci: « la situation s’améliore, nous avons bien travaillé ». Cette approche par absurde ne peut donc qu’inquiéter au regard des dernières études de l’OMS qui prévoit un désastre humanitaire en cas d’échec du confinement, même si la Côte d’Ivoire n’a jamais confiné, à proprement parler.