L’Américain d’origine afghane, auteur du plus sanglant attentat aux États-Unis depuis le 11-Septembre, révulsé à la vue d’homosexuels et qui a prêté allégeance au groupe État islamique, est décrit comme impulsif et instable.
Qu’avait en tête Omar Seddique Mateen, 29 ans, lorsqu’il s’est engouffré armé d’un fusil d’assaut et d’une arme de poing dans le Pulse, cette boîte gay d’Orlando où les balles ont raflé dimanche 50 vies et fait 53 blessés ?
Le FBI, qui a ouvert une enquête pour « terrorisme », le soupçonne d’avoir prêté « allégeance » à l’EI dans un appel passé aux secours quelques instants avant le massacre. La police fédérale l’avait interrogé à plusieurs reprises, en 2013 et 2014, pour « d’éventuels liens avec des terroristes ». Mais sans suite.
« Le FBI a eu connaissance de son existence quand il a fait des remarques à ses collègues laissant penser à d’éventuels liens avec des terroristes », a expliqué Ronald Hopper au cours d’une conférence de presse, précisant qu’il avait été interrogé à deux reprises. « Au final, nous n’avons pas été en mesure de vérifier la substance de ses commentaires et l’enquête a été close », a poursuivi Ronald Hopper.
Puis, il avait à nouveau été interrogé pour des liens avec un jihadiste kamikaze américain, Moner Mohammad Abusalha, mort en Syrie. Là encore, sans suite.
Agent de sécurité bipolaire, selon son ex-femme
Omar S. Mateen, qui aurait agi seul, vivait selon des médias à quelque 200 kilomètres au sud-est d’Orlando, dans la ville de Port Saint Lucie. Il travaillait depuis 2007 pour G4S, l’une des plus importantes agences de sécurité au monde.
Sa famille lui reconnaît bien des travers mais jure que son acte n’était en rien lié à la religion. Évoquant un passé marqué par les violences conjugales, son ex-compagne ne l’avait elle jamais entendu soutenir le terrorisme.
Omar Seddique Mateen était musulman pratiquant, selon Sitora Yusufiy. « Il n’y avait absolument aucun signe » que ses amis soient des radicaux lorsque le couple vivait à Fort Pierce, en Floride, a-t-elle dit.
Né à New York en 1986, le jeune homme déménage par la suite avec sa famille en Floride, où il entreprend des études de droit à l’université d’État Indian River. En 2009, il se marie à sa première femme, dont il divorcera en 2011, selon des documents de justice consultés par l’AFP. Il s’était remarié et était père d’un enfant.
« Au début, c’était quelqu’un de normal qui tenait à sa famille, adorait plaisanter. Adorait s’amuser. Mais quelques mois après que nous nous sommes mariés, j’ai vu qu’il était instable, bipolaire et qu’il s’énervait sans raison », a témoigné dimanche son ex-femme, Sitora Yusufiy, lors d’une conférence de presse depuis Boulder dans le Colorado, où elle est désormais installée.
Il voulait être policier
« Il voulait être policier alors il s’entraînait avec ses amis qui étaient policiers et il avait un permis de port d’arme valide en Floride », a-t-elle ajouté.
Sitora Yusufiy avait senti la violence monter. Au point d’appeler ses parents à l’aide. Ces derniers ont fini par l’exfiltrer de l’appartement conjugal. Sitora Yusufiy avait ensuite alerté la police. « Il se disputait souvent avec ses parents mais comme j’étais la seule personne dans sa vie, l’essentiel de sa violence était dirigé contre moi », a-t-elle ajouté.
« Il était instable mentalement, et malade mentalement », a-t-elle confié aux médias, évoquant aussi le fait que son ex-mari prenait des stéroïdes. « Il était évidemment dérangé, profondément, et traumatisé ». Elle n’a plus jamais revu l’homme à l’origine du massacre d’Orlando. « Ma famille m’a littéralement sauvée », a-t-elle dit.
Homophobie viscérale
Omar Seddique Mateen a travaillé comme gardien dans un établissement pour délinquants juvéniles, ce qui lui avait permis d’obtenir le permis. Puisqu’elles ont été classées sans suite, les enquêtes du FBI ne l’ont pas empêché d’acheter les armes légalement, a souligné la police fédérale.
Son père, lui, plaide pour une homophobie viscérale. « Nous étions dans le centre-ville de Miami […] et il a vu deux hommes qui s’embrassaient devant les yeux de sa femme et son enfant, et il est devenu très énervé, a confié Mir Seddique à la chaîne NBC. Ils s’embrassaient et se touchaient et il a dit : ‘Regarde ça. Devant mon fils, ils font ça’ », a-t-il ajouté, assurant que la fusillade de dimanche n’avait « rien à voir avec la religion ».
Selon le Washington Post, le père du tueur est lui-même une personnalité politique afghane. Dans une émission baptisée « Durand Jirga Show » et diffusée sur la chaîne Payam-e-Afghan qui émet depuis la Californie, Mir Sediqque aurait tenu des propos, souvent décousus, saluant les actions des Taliban. Sur YouTube, une chaîne à son nom diffuse des dizaines de vidéos. Dans la plus récente, il déclare sa candidature à la présidence de l’Afghanistan.
L’imam de la mosquée de Fort Pierce met en cause Internet
Sophie Przychodny, envoyée spéciale de France 24 à Orlando, a pu rencontrer l’imam de la mosquée de Fort Pierce fréquentée par Omar Seddique Mateen. Il décrit un fidèle pratiquant, calme et peu impliqué dans la vie de sa communauté religieuse.
« Il n’avait quasiment pas d’amis », affirme Syed Shafeeq Rahman, qui dirige le Centre islamique de Fort Pierce, à Reuters. « Il venait avec son jeune fils le soir pour prier et ensuite il repartait. »
« L’imam dit n’avoir jamais remarqué chez cet homme une quelconque radicalisation », explique la journaliste de France 24. Selon l’imam, Omar Seddique Mateen « est encore venu vendredi dernier à la mosquée et a prié dans son coin, comme il le faisait régulièrement ». « C’était un homme discret, évidemment pieux, qui ne se mélangeait pas aux autres membres de la communauté. L’imam met en cause Internet dans cette radicalisation », révèle l’envoyée spéciale de France 24.
« Le seul problème si on peut en soumettre un, c’est que le FBI a révélé qu’un Américain qui s’est fait sauter en Syrie il y a trois ans est lui aussi passé par cette même mosquée que celle du tireur d’Orlando », affirme notre journaliste.