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Que cherche Poutine à travers une action militaire en Syrie?

Le ministre russe des affaires étrangères Sergei Lavrov, a déclaré qu’en un an, les positions d’ISIS et les mouvements des sous-unités d’ISIS en Syrie et en Irak sont connues avec une grande précision par la coalition dirigée par les États-Unis, mais que ses avions ne reçoivent pas l’autorisation de faire des frappes. Lavrov parle en connaissance de cause, puisque les Russes ont positionné au-dessus de la Syrie et de l’Irak, dès 2011, une multitude de satellites équipés de capteurs de multi spectres. Ce sont les Russes qui ont insisté en juin auprès des américains pour accepter une action coordonnée pour attaquer ISIS. Sans résultat.

 

Ce n’est pas un secret que la Russie a envoyé à l’aéroport International Bassel Al-Assad de Lattaquié (Syrie), un détachement avancé composé de 1-2 compagnies de la 810ème Brigade d’infanterie de Marine, appuyées par 7 chars T-90MS et 3 obusiers automoteurs Nona-SVK ( 2S23 ). Le transport a été assuré par un convoi composé d’un navire de transport amphibie de classe Ropucha, escorté par deux destroyers porteurs de missiles, appartenant tous à la flotte russe de la mer Noire.

La mission de l’Infanterie de Marine russe est la sécurisation de l’aéroport pour l’aménagement des Russes déjà sur place et pour un éventuel déploiement des forces et des moyens. Actuellement, dans la zone des opérations aériennes de l’aérodrome de Lattaquié, des conteneurs ont été amenés pour accueillir les militaires russes, et des zones de sécurité ont été créées le long des pistes de décollage-atterrissage par le nivellement des obstacles. La plateforme destinée aux hélicoptères syriens a été déplacée et les vieux bunkers pour les munitions et les missiles ont été désaffectés. Il convient de rappeler que l’aéroport est également le siège de la 618ème escadrille d’hélicoptères de l’armée syrienne, équipée d’appareils russes Mi-14, Ka-25, Ka-27. À l’aide de l’avion-cargo Antonov 124 (capacité 100 t), les Russes ont déjà créé une tête de pont sur l’Iran et l’Irak pour amener les munitions nécessaires à l’infanterie.

C’est peut-être le but recherché par les Russes en Syrie? La première hypothèse est claire et provient des déclarations des Russes eux-mêmes, à savoir que les soldats russes allaient former les Syriens sur les nouveaux types d’armes dont ils ont besoin pour neutraliser l’ISIS. Comme l’arme la plus efficace est l’armée de l’air, il est possible que les Russes livrent à la Syrie des avions de haute performance que Damas ne possède pas, et dont les pilotes syriens ne sont pas familiers. Pour la Russie ce sera l’occasion de tester en conditions de combat, ces nouveaux avions. Ce pourrait être des Su-34, qui peuvent voler durant deux heures sans ravitaillement en vol. Ils peuvent embarquer à bord une charge de 9 000 kg (bombes ou missiles) et sont capables de s’attaquer à 10-36 objectifs différents en une seule mission. Ils gèrent toute la gamme des armes intelligentes (bombes et missiles à guidage laser, infrarouge, TV, GPS) et cette gestion est effectuée à l’aide de la tourelle par des capteurs Sapsan (construit sous licence Thales Damoclès).

Le système de navigation radar du Su-34 affiche sur l’écran la carte du terrain survolé, similaire au AN/APQ-164 du Bombardier américain B-1B. Il détecte des cibles au sol ayant de petites surfaces de réflexion à une distance de 75 à 150 km. Les capteurs à bord sélectionnent les cibles terrestres en fonction de leurs vitesses ou des radiations thermiques, ce qui lui permet de détecter et d’attaquer avec ses armes de bord tout véhicule, même camouflé, si celui-ci est en mouvement, ou a démarré son moteur dans les deux dernières heures. Un autre type d’avion russe, encore non testé au combat est le Su-35.

Afin d’éviter aux pilotes instructeurs russes d’être les pilotes abattus en vol dans l’espace aérien syrien, ou d’être attaqués au sol par Israël ou la coalition menée par les Etats-Unis, la Russie a dû déployer en Syrie des systèmes de défense anti aériens à long rayon d’action de type S-300 PMU2 (rayon d’action de km 200 action) ou 400 (rayon d’action de 400 km) et des systèmes AA de courte portée Pantsir S2.

Jusqu’ici, les avions de la coalition dirigée par les Etats-Unis ont volé dans l’espace aérien syrien pour frapper des cibles ISIS sans en avoir même informé l’armée syrienne. Avec la mise en place des systèmes S-300 PMU2 ou S-400, les avions devront obtenir l’autorisation de survol, conformément aux normes internationales ou seront abattus.

La seconde hypothèse de la présence russe en Syrie a été transmise par les responsables américains. Elle consiste en l’utilisation du territoire et de l’espace aérien de la République arabe syrienne par l’armée russe, dans le but de neutraliser ISIS dans l’air et au sol. Pour ce faire, la première action serait de parachuter ou de faire débarquer par hélicoptères de transport deux brigades de forces d’opérations spéciales, avec une grande mobilité, à la frontière de la Syrie avec l’Irak. Le but de la manœuvres étant de fragmenter le dispositif ISIS, sécuriser la frontière pour interdire les transferts de troupes d’ISIS en Syrie.

La deuxième étape serait de déclencher une offensive aérienne par une force aérienne russe composée de 20 avions de reconnaissance, avec ou sans équipage, 200 avions de combat et 400 hélicoptères d’attaque et de transport, avec comme objectif de réduire drastiquement la capacité de manœuvre et de puissance de riposte d’ISIS. Cet objectif peut être atteint par l’aviation russe en neutralisant les véhicules d’appui feu, les véhicules blindés, les entrepôts de carburant et de munitions, et désorganisera le commandement du groupe ISIS sur le territoire syrien. Ceci est possible car, une fois la mise en place des systèmes de missiles S-300 PMU2 ou S-400 et le déploiement en Syrie des avions MiG-31 effectués, l’aviation russe détiendra la suprématie dans l’espace aérien syrien.

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La troisième étape serait une opération combinée de l’aviation avec une force expéditionnaire terrestre (composée de 4 brigades interarmes) alliant puissance de feu, précision et une grande mobilité. Les Russes pourraient utiliser, pour la première fois leurs nouveaux blindés Boomerang, Kurganets-25, T-15 et T-14 Armata, dont la conception a été inspirée par l’opération Tempête du désert en février 1991.

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Si l’on tient compte du fait qu’il y aurait 5000 combattants ISIS qui agissent en Syrie, la mission russe semble être de courte durée, c’est-à-dire approximativement 4-6 jours et a un succès garanti à 83-87 %. L’avantage créé par la neutralisation du groupe ISIS par la Russie en Syrie pourrait générer une demande similaire de la part du gouvernement irakien.

Que poursuit la Russie en s’engageant dans la neutralisation d’ISIS ? Une victoire éclair de la Russie se transformerait du jour au lendemain en en une formidable puissance émancipatrice pour la Syrie, l’Iraq, la Jordanie, le Liban et l’Egypte. Ces pays rejoindront inconditionnellement l’allié le plus puissant de la Russie dans la région, l’Iran. Dans le même temps, l’équilibre des forces au Moyen-Orient sera également modifié au détriment des Etats-Unis, qui fera qu’Israël, l’Arabie Saoudite et les autres califes féodaux du Golfe auront à craindre pour les conséquences résultant de leur conduite dans le passé dans la déstabilisation du Moyen-Orient.

D’autre part, la Chine est en train de s’armer activement en construisant des installations militaires partout en mer de Chine méridionale, donnant des signes d’impatience devant l’accaparement par les Américains du marché de l’Asie du sud-est (où 60 % de la population mondiale). Du côté de l’Ukraine et du plan des États-Unis pour renforcer le flanc est de l’OTAN, cela sera repoussé à plus tard. En outre, l’UE est profondément divisée par la crise causée par la vague de réfugiés, et n’a toujours pas trouvé de solution. Par conséquent, elle accepterait une variante russe d’une stabilisation en Syrie qui empêcherait l’afflux de réfugiés en Europe.

Le territoire de la Russie, par opposition à celui des États-Unis, est disposé sur le continent européen et asiatique, ce qui permet une plus grande vitesse de manœuvre dans le déploiement de forces. Washington est conscient qu’il ne peut pas répondre simultanément sur trois fronts : Europe, Moyen-Orient et Asie du sud-est. C’est pourquoi les Américains sont extrêmement prudents, essayant d’éviter un conflit avec la Russie au Moyen-Orient. Toutefois, la Russie n’a pas envisagé de chasser définitivement les Etats-Unis du Moyen-Orient, ce qu’elle pourrait faire. L’objectif tactique de la Russie, est de détruire ISIS en Syrie et en Irak avant d’être redirigé par ses patrons.

Son objectif stratégique c’est d’être en mesure d’utiliser l’ascendant créé par la neutralisation d’ISIS pour forcer la main aux Etats-Unis et les amener à changer d’attitude vis-à-vis de la Russie. Poutine est prêt à miser gros là-dessus et se prépare à avoir une monnaie d’échange. L’objet de troc qu’il a à l’esprit est : abolir les sanctions économiques contre la Russie, retour de l’Ukraine dans la sphère d’influence russe et déplacer les boucliers antibalistiques américains de Pologne et de Roumanie. Boucliers antibalistiques et missiles de croisière Tomahawk qui, selon la Russie, sont dirigés contre Moscou.

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