Site icon Afriquematin.net

Présidentielle 2020/ Soro Guillaume, un hors-la loi ?

 En attendant, les candidats à la succession du Président Alassane Ouattara affutent leurs armes. Au nombre de ceux dont les ambitions sont déjà connues de tous, l’actuel président de l’Assemblée nationale (PAN), Guillaume Soro. Mais une bien désagréable surprise pourrait bien attendre l’ancien chef de la rébellion armée du 19 septembre 2002.  L’un des chantiers de ce second mandat du Président Alassane Ouattara, est bien la révision de la loi fondamentale ivoirienne. Dès sa réélection en octobre 2015, Alassane Ouattara avait réaffirmé sa volonté de doter la Côte d’Ivoire, d’une nouvelle Constitution à même de garantir l’égalité de tous, la cohésion nationale et la stabilité de nos institutions.
Les modifications à apporter dans cette Constitution, devraient tenir compte de la jeune histoire de notre pays, de notre culture et des valeurs que nous voulons promouvoir pour la Côte d’Ivoire nouvelle. Le comité d’experts mis sur pied fin mai et qui travaille depuis 4 mois sur ce projet, ne devrait pas perdre de vue cet aspect si cher au chef de l’Etat ivoirien. Même si tous savons en amont que les modifications importantes porteront essentiellement entre autres sur la création d’un poste de vice présidence et d’un sénat, et peut-être même la suppression du confligène article 35, rien n’a encore filtré sur la mouture définitive de la nouvelle loi fondamentale. Mais pour qui sait comment la Côte d’Ivoire est dirigée depuis avril 2011, un aspect important pourrait bien intriguer les esprits les plus habiles. Il s’agit du discours on ne peut plus étrange de l’indéboulonnable Président du PDCI-RDA, Henri Konan Bédié tenu lors de la célébration du deuxième anniversaire de ce qu’il est désormais convenu d’appeler ‘’L’Appel de Daoukro’’.

Soro, un hors-la-loi ?

Au cours de cette commémoration en effet, le Sphinx de Daoukro ne s’est pas paré de fioritures pour ouvertement appeler à l’instauration d’une loi punitive pour toute personne qui envisagerait dorénavant de prendre le pouvoir par les armes ou par toute action violente. « La nouvelle  constitution doit en particulier, tirant les leçons de notre histoire récente, prévoir de manière formelle et sans détour la sanction de la prise du pouvoir par les armes ou par toute action violente. Devront être déclarés hors-la-loi tous ceux qui voudront accéder au pouvoir par des voies violentes, coups d’Etat ou coups de force aboutissant au changement de l’ordre constitutionnel établi », dixit HKB. On le sait, Henri Konan Bédié n’a jamais digéré le coup d’Etat de 1999 qui a brusquement entrainé sa chute. Depuis lors, l’homme dont-on dit être très rancunier, rumine une colère viscérale contre les putschistes du 24 décembre 1999 et contre tous ceux qui seraient tentés d’user de la force pour accéder au pouvoir. Et il n’a pas tort. Le 19 septembre 2002, un coup d’Etat manqué s’est mué en rébellion armée entrainant la partition du pays. Une longue crise militaro-politique qui a pris fin après l’accession du Président Alassane Ouattara au pouvoir en 2011. Ce énième appel de Daoukro n’est pas fortuit. Henri Konan Bédié n’a pas envie que ceux qui ont régné par les armes s’érigent aujourd’hui en donneurs de leçon. En plus de ne pas être des modèles, ces derniers sont passibles d’emprisonnement. Ils ne peuvent donc pas prétendre diriger la Côte d’Ivoire, même paspar les urnes. Vu sur cet angle, Guillaume Soro pourrait bien être visé par la proposition de Bédié. Si celle-ci est prise en compte dans la nouvelle constitution, l’actuel Président de l’Assemblée nationale pourrait se voir rattraper par son passé. Lui qui a revendiqué la paternité de la rébellion armée du 19 septembre 2002, risque bien d’être « déclaré hors-la-loi ». Et sa candidature à l’élection présidentielle de 2020, se retrouver ainsi fortement compromise. Peut-être, est-il trop tôt d’en parler actuellement. Mais, comme on le dit chez nous en Côte d’Ivoire, « qui vivra, verra » !    2020, c’est dans 4 ans.

Quitter la version mobile