Par Sérikpa Djeckou De Sylva/afriquematin.net
Rencontré dans son bureau feutré des Deux-Plateaux où il nous reçoit, cet Ex-Diplomate n’est plus aux affaires. Il garde cependant un œil vigilant sur les activités politiques en Côte d’Ivoire et dans le monde. Tout en voulant garder l’anonymat, il nous dépeint le paysage politique ivoirien.
L’ex- plénipotentiaire à qui nous attribuons les initiales de H. K, est un véritable sachant de la politique africaine. De par sa fonction de diplomate, il a parcouru les capitales africaines pour y exercer sa mission. L’homme a enfin décidé de s’installer en Côte d’Ivoire pour ses activités personnelles. « En ma qualité d’ancien diplomate, j’ai un droit de réserve, mais le cas Gbagbo, il faut qu’on en parle », nous déclare-t-il à l’entame de nos échanges.
« Gbagbo est -doté d’un moral de fer. Ce tacticien politique asphyxié et transféré à la prison de Scheveningen de la Haye au Pays Bas, jugé pour des crimes de guerre, est acquitté. Retenu à Bruxelles pour des raisons inavouées, il n’a pas encore dit son dernier mot. Je paris que l’homme va bouleverser le paysage politique ivoirien en 2020 », nous déclare-t-il avec foi. Mais pourquoi une telle affirmation alors que Gbagbo est encore entre les mains de la justice internationale et qu’il n’est pas évident qu’il soit candidat aux prochaines élections présidentielles de 2020 en Côte d’Ivoire ? « Avec cet homme, il faut s’attendre à tout. Qui pensait que Gbagbo allait être acquitté » ? s’interroge-t-il.
« Ce tribun, aimant à se présenter comme un homme du peuple, Gbagbo déborde d’une énergie féroce. Élu Président en 2002, pendant des élections qu’il qualifie lui-même de « calamiteuses », une rébellion s’est imposée à lui. Derrière celle-ci, il voit la main d’un certain Alassane Ouattara, ex-Premier ministre, mais surtout de la communauté internationale. Homme très habile pour les uns, mais «roublard et boulanger» pour ses détracteurs, il a gardé son fauteuil jusqu’en 2010, contre une rébellion et une opposition soutenues par une communauté internationale sous le regard de la France. En novembre 2004, il lance la reconquête du Nord et échoue mais se repositionne en héros face à la France. Lors des élections de 2010, il est proclamé vainqueur le 3 décembre, par le Conseil constitutionnel avec 51,45% des suffrages au scrutin du 28 novembre. Le Conseil venait d’invalider les résultats de la commission électorale, «certifiés» par l’Onu, donnant Alassane Ouattara vainqueur (54,1%). Refusant obstinément de reconnaître la victoire d’Alassane Ouattara, la Côte d’Ivoire va plonger dans la guerre. « Alassane n’a pas gagné les élections » ne cesse d’affirmer Gbagbo. Aidé par la communauté internationale Alassane Ouattara sera installé, Président de la République de Côte d’Ivoire et Gbagbo prisonnier. Aujourd’hui, l’opposant au «père de la Nation», le Président Félix Houphouët-Boigny (mort en 1993), Gbagbo est l’homme politique le mieux formé. Il se présente en héros de la fierté africaine, face à la communauté internationale méconnaissable », raconte-t-il nostalgique.
Pour l’Ex-diplomate, l’élection de 2020 qu’on le veuille ou pas, est un remake de celle de 2010. Alassane Ouattara, Henri Konan Bédié, Laurent Gbagbo, c’est le scénario le plus probant. « Nos sources nous indiquent que Alassane Ouattara évoque de plus en plus un troisième mandat. Bédié de son côté déclare que sa candidature n’est pas à exclure. Le cas de Gbagbo est complexe. Mais le connaissant, c’est l’homme politique des situations complexes, son retour possible dans le jeu politique ivoirien et sa victoire aux élections présidentielles de 2020 n’étonnerait personne ; Gbagbo est véritablement un animal politique » a-t-il conclu.