Par Serikpa Djeckou De Sylva-Afriquematin.net
C’est en 1995, que Guillaume Soro prend la tête de la Fédération estudiantine et scolaire de Côte d’Ivoire (Fesci). Le jeune syndicaliste, originaire de Kofiplé, un village du département de Ferkéssedougou dans le nord de la Côte d’Ivoire, venait d’hériter d’un syndicat visé par le pouvoir d’alors. Son prédécesseur Charles Blé Goudé avait été à plusieurs reprises incarcéré par le pouvoir à cause des revendications syndicales qui mettaient à mal le système éducatif ivoirien. Dissout à l’époque sous le régime Houphouët (avec Ouattara à la tête de la primature), la principale revendication était la réhabilitation de la Fesci. L’ancien pensionnaire du séminaire Saint Jean de Katiola, jette dès lors la renaissance de l’organisation syndicale. Il est soutenu dans cette grande bataille médiatique par Laurent Gbagbo, le bouillant Président du Front Populaire Ivoirien. Guillaume Soro multiplie des stratégies.
‘’Les Salopards’’ avec leur titre ‘’génération sacrifiée’’ avait amené les détracteurs de cette organisation syndicale à s’imprégner des maux qui minaient l’Université sous le pouvoir du Président Henri Konan Bédié. L’insuffisance d’infrastructures universitaires, la brimade des étudiants, le non respect des franchises universitaires étaient autant de maux que dénonçait Guillaume Soro. Véritable casse-tête chinois pour le pouvoir, Guillaume Soro a été plusieurs fois brandi à la télé comme un trophée de guerre par le ministre d’alors de la Sécurité, Dibonan Koné. Malgré les intimidations, le jeune leader a joué la carte de la persévérance, de la témérité. Meneur d’hommes, charismatique, Guillaume Soro est parvenu, par ses arguments et ses analyses pertinentes, à susciter spontanément l’adhésion des étudiants et de certains parents d’élèves à sa vision.
Guillaume Soro, à la tête de la rébellion ivoirienne
Nous sommes en 2000. Laurent Gbagbo, Président du Fpi vient d’être élu Président de la République de Côte d’Ivoire, après « des élections calamiteuses ». Deux ans après, un coup d’Etat manqué se transforme en une rébellion. Et c’est Guillaume Soro qui prend les rênes du Mouvement Patriotique de Côte d’Ivoire (Mpci), un mouvement qui revendique le coup d’état manqué. Lomé, Paris, Accra et Dakar, l’ex-syndicaliste estudiantin est le chef de délégation des rebelles. Ce qui lui permet d’avoir des contacts avec des milieux diplomatiques. Guillaume Soro tisse sa toile. Il implique à la rébellion, sa marque. Ibrahim Coulibaly, alias « IB» soupçonné dès les premières heures, se dit sympathisant des revendications exprimées par les rebelles. Au MPCI, dont il serait l’initiateur, on a préféré le cacher, parce que «officiellement IB était toujours poursuivi pour tentative de coup d’Etat» contre le régime du général Robert Guéi. Par ailleurs, exilé à Bamako et à Ouagadougou, où il semblait moins compromettant pour ses hôtes, il joue la carte de la discrétion. Pendant ce temps, Guillaume Soro et ses fidèles, recadrent leur mouvement par des rôles bien définis dévolus à chaque responsable. Tout en maniant le verbe et les concepts politiques, il met en place «Une belle machine» fort appréciée des chefs rebelles. Il a tant et si bien accompli sa mission qu’il a pris une vraie dimension politique, jouant avec beaucoup d’habileté. Il occupe le poste de ministre de la communication dans le premier gouvernement de transition. Pendant ce temps, le Président Laurent Gbagbo joue son va tout. Il veut ramener la paix en Côte d’Ivoire. Sa seule préoccupation, avoir « un dialogue direct » avec les rebelles dont le chef n’est autre que Guillaume Soro. Et contre toute attente, Guillaume Soro est nommé Premier ministre. Il occupera ce poste jusqu’aux élections controversées de 2010 qui se sont terminées par une crise post électorale opposant Laurent Gbagbo à Alassane Ouattara. Alors que le premier est proclamé vainqueur par le conseil constitutionnel, le second est déclaré vainqueur par la communauté internationale. Guillaume Soro apporte un soutien décisif à Alassane Ouattara dont il devient le ministre de la défense, puis Président de l’Assemblée Nationale, quand Laurent Gbagbo est fait prisonnier à la Cpi. (Dossier à suivre).
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