Par Haidmond Kaunan/afriquematin.net
Comme à l’accoutumée la compagne cacao 2017-2018 a été ouverte hier, dimanche premier octobre, pardon la mauvaise nouvelle est tombée hier dans les oreilles des producteurs appelés ironiquement chez nous les « braves paysans », comme une douche froide. Sachant que les experts internationaux espéraient, il y a quelques jours, que le prix au kilogramme pourrait être négocié avec « ceux qui plantent » entre 750 francs et 800 francs. Malheureusement comme ce sont les plus faibles maillons de la chaîne, ils vont devoir s’en contenter.
La majorité des Ivoiriens n’avaient pas compris le sens de la pensée de feu le Président Félix Houphouët-Boigny quand il disait que « celui qui a faim n’est pas un homme libre…. ». Cette assertion avait une suite à laquelle on s’intéressait peu. Le sage ne faisait-il pas allusion au ventre de l’individu. Mais il faisait allusion à ce à quoi assistaient les africains face aux occidentaux. Ils avaient de la matière première mais ils n’avaient pas de moyens pour la transformer. Conséquences, il fallait subir la détérioration des termes de l’échange entre pays producteurs et puissants clients qui fixaient et fixent eux mêmes, toujours, le prix de ce que nous produisons. Et la continuité locale est gravissime: le producteur n’a jamais le choix. Face aux médias il faisait semblant d’être d’accord avec l’Etat, mais il pleure sans pouvoir élever la voix. Mais à quand la fin de ces pleurs ? Ce pleur restera t-il continuel ? Nous étions dans la région de Mé, le 27 décembre 2016 dernier, après la chute brusque et vertigineuse du cours mondial du cacao en vue de vivre la réalité avec les producteurs. Des larmes chaudes d’un président de conseil d’administration de coopérative de café-cacao nous avaient donné la chair de poule,à Akoupé. Et ce, d’autant plus que cette société coopérative qui était allé en livraison depuis deux semaines n’avait pu décharger le produit, privant ainsi les planteurs membres de la fête de Noel et le PCA imaginait l’incapacité de pouvoir rentrer dans les fonds et satisfaire le désir des planteurs avant la fête du nouvel an.
Une dame, président de conseil d’administration de société coopérative à Abengourou nous confiait au téléphone que « la chute brutale du prix du cacao constitue un malheur pour nous les producteurs. On me fait pression. Je suis obligé de brader le cacao pour pouvoir permettre aux producteurs membres de la coopérative de célébrer les fêtes de fin d’années. Pire il faut libérer les saisonniers, entendez la main-d’œuvre agricole qui nous coûte très chère parce que devenue une denrée rare. Où allons-nous trouver les moyens pour les intrants pour la campagne prochaine ? ».
Vraiment, on ferait mieux de dire « pauvres paysans » que de dire «braves paysans » qui est une ironie. En ce sens que, pour qui connaît les étapes que subit la fève de cacao de la semence en passant par le débroussaillage d’une parcelle et l’entretien d’une plantation, avant de se retrouver sur les palettes des multinationales; il n’est pas exagéré de dire que le paysan devrait être l’enfant chéri de la nation. Hélas c’est le contraire qui est constaté.Tenez-vous bien, dans quelques jours nous nous efforcerons d’aller sur le terrain pour aller recueillir les larmes des pleurs continuels et vous saurez leurs quotidiens.