Marie-Paule Kodjo, porte-parole de la POECI ( Plateforme des organisations de la société civile pour l’observation des élections en Côte d`Ivoire), a livré la déclaration de son mouvement suite aux mutineries qui se sont déroulées dns plusieurs villes du pays.
Déclaration:
La POECI, organisation non partisane et spécialisée sur les questions d’observation électorale et de promotion de la démocratie, suit et observe la situation sécuritaire qui s’est dégradée depuis les évènements du vendredi 12 mai 2017. En effet, le jeudi 11 mai, une rencontre entre le Président de la république, M. Alassane Ouattara, et des représentants des soldats dits du « contingent 8.400 ». Au terme de la concertation, au nom de leur porte-parole, les soldats ont assuré « renoncer à toute revendication d’ordre financière ». En réponse à cette déclaration, le Président Alassane Ouattara a salué le sens du patriotisme des hommes en armes et a dit croire à la sincérité de leur engagement.
Cependant, suite à ces déclarations, des coups de feu se font entendre, contre toute attente, dans la nuit du jeudi 11 au vendredi 12 mai d’abord à Bouaké avant de gagner les autres villes : Man, Guiglo, Daloa, Korhogo, Odienné et Abidjan. Ainsi du 11 au 15 mai, les soldats mutinés occupent les rues, tirent régulièrement en l’air, ferment les corridors et paralysent l’activité économique. Leur revendication : ils exigent que le gouvernement leur verse le reliquat de 7 millions de francs.
Suite aux négociations engagées par la hiérarchie militaire et les soldats mutinés les 14 et 15 mai, un accord a été trouvé, selon le ministre en charge de la Défense, M. Alain Richard Donwahi, qui a fait une déclaration à la presse le lundi 15 mai.
Le bilan provisoire de ces soulèvements fait état d’une vingtaine de blessés, dont certains par balle, et une personne décédée à Bouaké. A cela, il faut ajouter de nombreux préjudices économiques, le traumatisme subi par les populations et la fracture de la confiance entre les habitants et les forces de défense et de sécurité.
Après une analyse de la situation sécuritaire, la POECI fait les observations suivantes :
La POECI déplore la survenue de cette autre mutinerie qui vient démontrer la précarité de la situation sécuritaire et la nécessité d’une réforme en profondeur des forces de défense et de sécurité en Côte d’Ivoire.
Elle dénonce l’usage abusif des armes par les soldats comme moyen de revendication. Elle rappelle que la Constitution du 8 novembre 2016 garantit les droits et protège les citoyens et les citoyennes de toute violation des droits humains.
La POECI félicite le gouvernement pour avoir privilégié le dialogue comme mode de résolution de cette mutinerie. Elle appelle par conséquent les autorités militaires, les soldats et le gouvernement à engager des discussions franches, inclusives et sincères afin de trouver des solutions durables aux conditions de vie et de travail des forces de sécurité.
La POECI propose la mise en place d’un cadre de concertation permanent incluant d’autres corps de la société civile pour faire le suivi des différents engagements pris et les rendre publics afin d’éviter de mauvaises interprétations de part et d’autre.
La POECI souligne la nécessité d’informer les populations sur la Loi de programmation militaire
La POECI déplore le nombre de victimes causées par ces soulèvements des militaires. Elle salue la mémoire du disparu et souhaite prompt rétablissement aux blessés. A cet effet, la POECI demande que la lumière soit faite sur tous les cas de violations des droits humains et que des mesures soient prises pour la réparation des dommages physiques et que les auteurs soient poursuivis.
La POECI invite le gouvernement à avoir une concertation élargie avec les autres segments de la société ivoirienne afin de prévenir d’autres crises en cette période de situation économique difficile.
La POECI continue de faire le suivi de la situation sécuritaire. Elle invite, encore une fois, les Ivoiriennes et les Ivoiriens à faire preuve de patriotisme et d’engagement citoyen pour préserver la paix et les acquis démocratiques.