Par Sérikpa Djeckou-Afriquematin.Net
DJ Arafat, de son vrai nom Ange Didier Huon, a succombé à ses blessures après un accident de la route, alors qu’il roulait à moto, dans la nuit de dimanche à lundi 12 août, à Abidjan. Une mort qui selon les internautes met à nu la sécurité sociale en Côte d’Ivoire.
C’est d’abord une vidéo d’une dizaine de minutes réalisée par un internaute et publiée sur les réseaux sociaux qui présente l’artiste. DJ Arafat, couché sur la chaussée, entouré de badauds. Sa moto un peu plus loin dans un piteux état. Notre internaute est au four et au moulin. Pendant qu’’il fait son direct, il tente d’appeler les sapeurs pompiers qui apparemment ne répondent pas. Il insiste, il persiste et se lamente : « Il est pourtant 23 heures, on ne peut pas parler d’embouteillage. Pas de pompier, pas de police secours », continue t-il de se plaindre. Et pourtant, l’homme couché sur la chaussée presqu’inconscient, n’est pas un anonyme. Il s’agit bel et bien de DJ Arafat dont le décès sera annoncé le lundi 12 août, au journal de 13 heures sur la chaîne nationale par le ministre de la culture et de la francophonie.
« C’est vrai. La triste nouvelle est une réalité. « DJ Arafat », mon fils est parti. Je me suis personnellement incliné sur sa dépouille ce matin. Je suis profondément affligé. C’est une lourde perte pour la culture africaine. J’adresse mes prières pour le repos de son âme.
Je présente mes condoléances à sa maman, ses enfants, et toute sa famille,
à nous ses fans ainsi qu’à tous les ivoiriens. Son ouvrage et son souvenir resteront à jamais gravés dans nos mémoires », écrit sur sa page, le ministre de la défense Hamed Bakayoko. Le Premier Ministre ivoirien réagit en ces termes : « C’est avec beaucoup de tristesse que j’apprends le décès accidentel de l’artiste musicien ivoirien DJ Arafat. Je voudrais lui rendre hommage et saluer sa grande contribution au monde du spectacle et de la culture de notre pays». Des messages, pour dire que l’artiste avait une dimension nationale et même internationale.
Mais pourquoi diantre avons-nous mis assez de temps pour l’évacuer dans une clinique de la place ? Se demandent plusieurs internautes inconsolables. « Bien gérer un pays, ce n’est pas seulement se vanter de la « croissance » qui accèderait 8%. C’est aussi et surtout assurer la protection sociale des populations dont les voix ont permis au pouvoir de se mettre en place », s’insurge un autre internaute. Il poursuit : « L’accident de l’artiste chanteur, DJ Arafat, a davantage mis à nu, la faiblesse voire l’inexistence de la protection sociale dans la gestion du pouvoir d’Abidjan ». Et il met le pied dans le plat : « Un accident survient. Les pompiers sont injoignables. La police est absente. Le Samu invisible. L’accidenté est livré à la débrouillardise des passants et de quelques bonnes volontés », constate-t-il avec regret. Et pourtant, DJ Arafat est un homme public. Un artiste reconnu, ayant des affinités avec le pouvoir d’Abidjan. Le cas du jeune chanteur est évoqué et décrié, ici, en raison de son statut d’artiste. « Mais combien sont les Ivoiriens, anonymes, qui passent de vie à trépas tous les jours en pareille situation » ? Se demande-t-il. Il conclut : « Gérer convenablement un pays, c’est d’abord et surtout assurer la protection sociale, sanitaire de ses populations avant tout. Et non brandir à tout vent, des chiffres à la limite erronés, diamétralement opposés à la réalité sur le terrain. « L’émergence » à ce rythme là… », S’insurge notre internaute.
Pendant que ces lignes de désabrobation sont publiées sur les réseaux sociaux, les ivoiriens dans leur ensemble continuent de pleurer l’ambassadeur de la musique et de la culture ivoiriennes. Artistes, footballeurs, hommes d’Etat, journalistes, anonymes tous continuent de déferler à la polyclinique des Deux-Plateaux, à Cocody, où la star ivoirienne de 33 ans est décédée lundi matin vers 8 heures.
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