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Sa biographie
Cassius Marcellus Clay est né le 17 janvier 1942 à Louisville dans le Kentucky d’Odessa Clay et de Cassius Marcellus. Il grandit dans un quartier noir de Louisville. Sa mère travaille comme femme de ménage et comme cuisinière des familles blanches aisées et son père vend des gravures religieuses et commerciales. Sans être riches, les Clay peuvent donner une éducation correcte à leurs enfants. Alors qu’il est âgé de 12 ans en 1954 à Louisville dans le Kentucky, le jeune Cassius Clay est victime d’un vol de vélo. Enervé il rencontre un policier à qui il fait part de son intention d’infliger une correction au voleur. Le policier, Joe Elsby Martin Sr, lui dit qu’il ferait mieux de commencer par apprendre à boxer. Le jour suivant Cassius suit son conseil et commence à prendre des cours de boxe sous la houlette de Martin. Quelques semaines plus tard il dispute son premier combat et remporte sa première victoire. Ali mettra au crédit de Martin de lui avoir appris à voler comme un papillon et piquer comme une abeille.
Boxeur amateur
Vainqueur en amateur des National Golden Gloves dans la catégorie mi-lourds en 1959, puis en poids lourds l’année suivante, il remporte la médaille d’or des poids mi-lourds aux Jeux olympiques d’été de 1960 à Rome. Il passe alors professionnel sous la tutelle d’Angelo Dundee et se fait rapidement connaître pour son style peu orthodoxe, ses résultats spectaculaires et son auto-promotion incessante. Il se fait connaître sous le surnom de « Louisville Lip » (la lèvre de Louisville) en composant des poèmes prédisant à quelle reprise il mettrait son adversaire KO. Il n’hésitait pas à clamer ses propres louanges avec des phrases telles que « Je suis le plus grand » ou « Je suis jeune, je suis mignon et je suis totalement imbattable ». Il conservera pendant toute sa carrière ce verbe haut qui est un de ses points les plus caractéristiques.
Les combats contre Sonny Liston
Le 25 février 1964 à Miami, le public s’attend à une formalité pour le tenant du titre. À la surprise générale, Liston se retrouvera dominé par un Clay énergique qui se servira de sa rapidité et de son jeu de jambes parfait avec brio, imposant son style à un champion furieux qui ne trouvera pas de solutions. Liston se blessera à l’épaule à force d’envoyer ses coups dans le vide et ses hommes de coin seront obligés de lui appliquer une pommade puissante sur l’épaule. Le challenger récoltera involontairement de cette pommade en frappant Liston et se frottant ensuite les yeux avec ses gants. Sa vue handicapée permet à Liston de refaire surface au 5e round et de traquer son adversaire d’un coin à l’autre du ring. Une fois la tempête passée, Clay repart à l’attaque dans le sixième round et se déchaîne. À l’appel de la 7e reprise, le champion épuisé et blessé à l’épaule abandonne. Cette victoire en 6 rounds contre le plus puissant puncheur de l’époque (1,84 m pour 99 kg) est le plus grand combat d’Ali dans les années 1960. La qualité de ses feintes et de ses enchaînements firent à nouveau de lui le gagnant du combat de l’année. Des suspicions de fraude concernant ce match ne sont toutefois pas à écarter.
Le combat revanche, le 25 mai 1965 à Lewiston, sera particulièrement controversé. À la suite d’un jab manqué, Liston sera contré par un direct du droit d’Ali (son fameux « Phantom punch » pour les sceptiques ou « Anchor punch » pour Ali lui-même) et tombera à terre. Attendant le compte de l’arbitre, Liston restera à terre et se relèvera trop tard, l’arbitre étant trop occupé à ramener dans le coin neutre un Ali qui fanfaronnait autour du ring. Le combat reprit quelques instants avant que l’arbitre informé de son erreur par le chronométreur ne mette fin au combat (Liston était encore à terre après 10 secondes). Le public sifflera les deux boxeurs,les journalistes accuseront Liston de s’être « couché » dans ce combat prétendu truqué.
Cassius Clay devient Mohamed Ali
Mohamed Ali à un meeting d’Elijah Muhammad.
Entre les deux matchs, il devient également célèbre pour des raisons dépassant le domaine sportif : il rejoint l’organisation Nation of Islam (« Nation de l’islam ») et change son nom en Cassius X, la lettre X faisant référence au rejet de son nom d’esclave en l’absence de son véritable nom d’origine africaine, pratique courante au sein de cette organisation. Malcolm X fut le seul musulman à le soutenir avant son premier combat contre Liston (Malcolm X a d’ailleurs assisté au premier combat), puis il reçoit le nom de « Mohamed Ali » de la part d’Elijah Muhammad, chef du mouvement. Une lutte de pouvoir s’engagera autour d’Ali entre Elijah et Malcolm X. Finalement, Ali tournera le dos publiquement à Malcolm lors d’un voyage au Nigeria en 1964 et sera managé par Herbert Muhammad, le propre fils d’Elijah. La notoriété du boxeur profitera à la Nation of Islam. Ali se rendra en Égypte en 1964 et sera accueilli par son président, Gamal Abdel Nasser, comme l’ambassadeur de la communauté noire des États-Unis. Ce n’est qu’après l’assassinat de Malcolm X en 1965 qu’il regrettera son geste. Ali quitte la Nation de l’Islam pour se convertir à l’islam sunnite en 1975. Dans une autobiographie en 2004, écrite avec sa fille Hana Yasmeen Ali, Mohamed Ali attribue sa conversion à l’islam sunnite à la prise du contrôle de la Nation de l’Islam par Warith Deen Muhammad, le fils d’Elijah Muhammad, après la mort de ce dernier en 1975. En 2005, Ali a rejoint le soufisme.
Champion incontesté
Du 25 février 1964 au 20 juin 1967, Ali domine incontestablement la catégorie des lourds comme Joe Louis et Rocky Marciano avant lui. Après sa seconde victoire contre Liston, il fait une dizaine d’exhibitions à travers le monde en compagnie de ses deux sparrings partners : Jimmy Ellis et Cody Jones. Le 22 novembre 1965, à Las Vegas, il affronte l’ancien champion Floyd Patterson qui avait subi de graves revers contre Sonny Liston (perdant deux fois au premier round). Le champion conserve son titre au bout de 12 rounds et envoie le challenger au sol à plusieurs reprises.
Alors que traditionnellement le champion fait deux combats par an, Ali lui en accomplira 5 en 1966. Il bat aux points le canadien George Chuvalo à Toronto en mars, puis retrouve en mai Henry Cooper, le boxeur qui l’avait envoyé à terre, et le met KO à Londres. Toujours dans cette ville, il dispose de Brian London en 3 rounds le 6 août, bat le champion allemand Karl Mildenberger à Francfort le 10 septembre et finit l’année par un K.O. contre Cleveland Williams à Houston.
La fédération WBA qui n’apprécie pas les positions politiques d’Ali, prend prétexte de l’illégalité de son combat revanche contre Liston pour lui retirer sa ceinture, sans son accord, et sacrer Ernie Terrell champion du monde. Le titre est pour la première fois divisé. Ali reste cependant le champion incontesté et conserve sa ceinture WBC. Il récupère le titre WBA le 6 février 1967 dans un combat de réunification à Houston contre Ernie Terrell. Ali regagne aisément son titre, mais ne parvient pas à briser Terrel qui, la garde haute, tiendra jusqu’au bout des 15 rounds Le 6 mars, Ali met ensuite K.O. Zora Folley, un puncheur jugé dangereux pour le champion.
Ses problèmes judiciaires à propos de son incorporation dans l’armée américaine l’empêchent de participer à un autre championnat du monde. Il ne peut qu’accomplir une exhibition à Détroit le 15 juin. C’est sa dernière apparition sur le ring avant 1970.
En 1969, il participe au combat The Super Fight, un combat virtuel contre Rocky Marciano.
Objecteur de conscience opposé à la guerre du Viêt Nam et interdit de ring
Ali participe à un service de la Nation en mars 1974.
En 1966, il refuse de servir dans l’armée américaine engagée dans la guerre du Viêt Nam et devient objecteur de conscience argumentant qu’il n’a « rien contre le Viêt-Cong » et qu’« aucun Vietnamien ne m’a jamais traité de nègre » (dans le film qui lui rend hommage, Ali, avec l’acteur Will Smith, la traduction en français est : « aucun Viêt-Cong ne m’a jamais traité de sale nègre. »). Le 28 avril 1967, il refuse symboliquement l’incorporation dans un centre de recrutement. Le 8 mai, il passe en justice. Le 20 juin, il est condamné à une amende de 10 000 dollars et à 5 ans d’emprisonnement, il perd sa licence de boxe et son titre. Ali fait appel, il n’ira pas en prison, mais aura des problèmes financiers jusqu’à ce que son affaire soit résolue par la Cour suprême en 1971.
Les prises de position d’Ali contre le service militaire ou sa conversion à l’Islam le transforment d’un champion fier, mais populaire en l’une des personnalités les plus connues et controversées de son époque. Ses apparitions publiques aux côtés des leaders de la Nation of Islam Elijah Muhammad et de Malcolm X ainsi que ses déclarations d’allégeance à leur cause au moment où l’opinion américaine les considère avec circonspection, quand ce n’est pas avec hostilité, font également d’Ali une cible d’indignation et de suspicion. Il paraît même parfois provoquer de telles réactions en soutenant des opinions allant du support aux droits civiques jusqu’au soutien sans réserve à la lutte contre la ségrégation raciale.
Retour et première défaite
En 1970, Ali renonce officiellement à son titre, permettant à Joe Frazier, nouvelle étoile montante de la catégorie, de réunifier le titre aux dépens de Jimmy Ellis. Il remporte son procès devant la Cour suprême des États-Unis, qui lui reconnaît le droit de refuser le service militaire. Il récupère alors sa licence et reprend la boxe.
Après quelques combats d’exhibitions, Ali fait son retour contre le grand espoir blanc Jerry Quarry qu’il bat en 3 rounds le 26 octobre à Atlanta. Pour se préparer à combattre le champion Joe Frazier, Ali affronte l’Argentin Oscar Bonavena le 7 décembre à New York en 15 rounds pour le titre de champion d’Amérique du Nord NABF. Il affronte ainsi un boxeur n’ayant jamais été mis KO pour être capable de tenir sans faiblir contre Frazier dont le menton est connu comme l’un des plus solides de la catégorie. Avant le 15e round, Bonavena est en retard aux points pour les trois juges. Un crochet gauche d’Ali l’envoie à terre. Bonavena se relève, mais est mis encore deux fois au tapis et perd finalement par KO technique.
Suit le combat contre Frazier. Ali prenant le risque de se mesurer à un boxeur de très haut niveau après trois ans d’absence des rings. Très attendu et médiatisé, ce combat est surnommé « le combat du siècle ». Premier championnat du monde entre deux champions invaincus totalement opposés dans le style, il est le premier des grands affrontements qui marqueront l’histoire de la boxe dans les années 1970.
La rencontre a lieu le 8 mars 1971 au Madison Square Garden de New York. Cet affrontement est la première défaite d’Ali, « sûr de son bon droit, et qui pensait sa reconquête du titre légitime » ainsi qu’il l’écrira plus tard dans son autobiographie L’âme du papillon, en ajoutant qu’il avait sous-estimé Joe Frazier, pensant que le boxeur de Philadelphie serait bien moins motivé que lui.
Ali remporte les premiers rounds, mais ne trouve pas de solutions probantes face à ce spécialiste du corps à corps qu’est Frazier, qui lui impose son style avec ses lourds crochets. Ali met un genou à terre au 11e round et au 15e et dernier round, il se fait surprendre par Frazier qui lui décoche son coup favori, le crochet gauche. Touché au visage, Ali tombe au sol et se relève à 4 pour reprendre le combat, qu’il perd finalement aux points. Cette première défaite met fin à son souhait de finir invaincu comme Rocky Marciano, Ali en voudra toujours à Frazier d’avoir brisé son rêve. La Cour suprême l’innocente définitivement le 28 juin 1971. Les 8 juges l’acquittent à l’unanimité.
La longue route vers la reconquête du titre
Après s’être remis de sa défaite, Ali, accomplit 14 combats et 39 combats d’exhibition entre le 25 juin 1971 et le 30 octobre 1974. Le but était de revenir au plus haut niveau par une activité pugilistique intense et d’engranger assez de victoires pour être désigné challenger mondial numéro 1.
Durant cette période, Ali affronte les meilleurs boxeurs américains pour le titre de champion d’Amérique du Nord, tels que Jimmy Ellis (son ancien sparring-partner), Buster Mathis, Juergen Blin, Mac Foster,Bob Foster (champion du monde des mi-lourds) et Joe Bugner. Il en profite pour affronter à nouveau George Chuvalo, Jerry Quarry et Floyd Patterson (qui tout de suite après prendra sa retraite). Ali boxe autour du monde : des combats à Zurich, Tokyo, Vancouver, Dublin et Jakarta et des exhibitions à Caracas, Buenos Aires ou Barcelone.
En 1973, sa carrière connaît un coup d’arrêt : le 22 janvier à Kingston, Jamaïque, Joe Frazier est détruit en 2 rounds et va au tapis à 6 reprises contre George Foreman, terrible colosse et nouveau roi des lourds. Dans son autobiographie, Ali raconte qu’il était obligé de vaincre les deux hommes pour assurer à nouveau sa suprématie sur la catégorie. Mais le plus dur arrive pour lui le 31 mars à San Diego contre Ken Norton. Le boxeur californien lui brise la mâchoire au 2e round, Ali, handicapé par la douleur, tient jusqu’à la douzième et dernière reprise, mais est déclaré perdant sur la décision de deux juges sur trois. Une deuxième défaite devant un adversaire doué mais qui dispose de moins d’envergure que Joe Frazier fait de facto qu’Ali se retrouve avec un 3e boxeur coriace à vaincre pour retrouver le sommet.
Ali choisit d’affronter ces trois boxeurs du plus « facile » au plus « dur ». Tout d’abord Norton. Ali prend sa revanche le 10 septembre 1973 à Los Angeles (et non à San Diego afin de priver Norton des supporters de sa ville natale). Ali gagne de justesse aux points42. Il prend ensuite sa revanche aux points contre Frazier le 28 janvier 1974 au Madison Square Garden de New York. Ali qui s’est astreint à un rythme de combats élevé depuis leur première rencontre fera bien meilleure impression que l’ex-champion en manque d’activité. Ali et Frazier en viendront aux mains devant les caméras lors d’une émission de télévision, depuis leur rivalité est restée légendaire.
Il lui reste à présent à accomplir le plus dur : reprendre le titre à George Foreman, impitoyable puncheur invaincu en 40 combats dont 37 par KO.
La reconquête du titre
The Rumble in the Jungle
Le stade Tata Raphaël de Kinshasa, où a eu lieu le Rumble in the Jungle, le 30 octobre 1974.
Un nouveau promoteur de boxe organise la rencontre entre les deux adversaires dans l’actuel Stade Tata Raphaël (baptisé « Stade du 20 mai » à l’époque), à Kinshasa, au Zaïre, actuelle République démocratique du Congo. Don King, qui s’imposera ensuite comme le plus important promoteur de boxe de la fin du XXe siècle, offre au champion et au challenger 5 millions de dollars US chacun (une somme record à l’époque) qu’il a obtenue auprès du dictateur Mobutu Sese Seko qui souhaite par ce combat faire la promotion de son pays.
La presse donne peu de chance à Ali de venir à bout de Foreman qui, de façon expéditive et brutale, a gagné contre Frazier et Norton, les deux seuls hommes à avoir vaincu Ali et si celui-ci a pris sa revanche, il ne l’a pas fait par KO.
Étudiant avec soin le style de Foreman, il trouve son point faible : le manque d’endurance, (le champion ayant gagné l’essentiel de ces combats dans les premiers rounds, Ali comprend qu’il lui faut tenir et faire durer l’affrontement). Ali parcourt la capitale et le bord du fleuve Congo en courant pour renforcer son endurance sous les acclamations du public qui scande « Ali bumaye » (« Ali tue le ») alors que Foreman se contente de s’entraîner en frappant au sac et en martyrisant ses sparrings partners. Ali s’entraîne à encaisser des coups violents avec son ami Larry Holmes (qui par la suite deviendra champion) et lance une opération de désinformation envers Foreman en faisant croire à tout le monde qu’il allait vaincre par sa vitesse et sa mobilité. Ali devient rapidement le favori de la foule de Kinshasa pour son action envers la cause des Noirs, ce qui vexera Foreman.
Surnommé « The Rumble in the Jungle », le combat a lieu le 30 octobre 1974. Ali, dont le meilleur coup est le jab et dont le principal atout est la mobilité, reste la majeure partie du combat dans les cordes et surprend Foreman en lui envoyant dans les premiers rounds plus de directs du droit que du gauche. La garde haute, encaissant avec douleur les coups violents du champion et rebondissant contre les cordes, Ali résiste, riposte par de nombreux enchainements, qui épuisent et marquent Foreman, obligé à combattre plus de 5 rounds. Le visage enflé par les coups d’Ali, il tombe au 8e round après avoir encaissé une énième série de coups. Compté KO, il se relève une seconde trop tard. Ali reprend ainsi son titre dix ans après son premier combat contre Liston.
Ce fut sa plus grande victoire tactique, qui fut récompensée comme combat de l’année, et Ali fut nommé une fois de plus « boxeur de l’année ». Il a également reçu la Hickok Belt de 1974 récompensant le meilleur athlète professionnel de l’année, ainsi que le trophée du sportif de l’année du magazine Sports Illustrated.
L’apogée
En 1975 et 1976, il effectue 4 combats par an, toujours dans le souci de se maintenir au plus haut niveau.
En 1975, il est à nouveau boxeur de l’année et atteint son apogée par sa troisième rencontre contre son éternel rival Joe Frazier (de nouveau élu combat de l’année) cependant, les quatre adversaires qu’il rencontre cette année-là réussissent tous à l’ébranler à leur façon. Ali débute l’année contre Chuck Wepner à Cleveland, un combat de rentrée facile contre un adversaire anonyme destiné à être vaincu en 3 rounds. Pourtant, Wepner étonne tout le monde en n’étant arrêté qu’au 15e round par KO après avoir résisté avec hargne et s’être permis le luxe d’envoyer Ali à terre (Sylvester Stallone alors inconnu assista au match, ce qui lui donnera l’idée de créer le film Rocky qui sortira l’année suivante).
Ali pense venir à bout sans dommage de Ron Lyle le 16 mai, un boxeur à la carrure semblable à celle de Foreman. Il réutilise la même technique qu’en Afrique mais le challenger ne tombe pas dans le piège et l’oblige à boxer au centre du ring. Il s’impose toutefois par arrêt de l’arbitre au 11e round. La revanche contre Joe Bugner en Malaisie ne lui apporte rien, Bugner restant toujours aussi solide.
Finalement la bataille contre Frazier le 1er octobre 1975 à Manille, aux Philippines, le Thrilla in Manila sera son plus intense d
À l’approche du combat, le champion en rajoute en provocation et attise la colère de Frazier. Dans une fournaise de 52 degrés (d’autres sources annoncent une température de 38 degrés), Frazier se montre plus acharné qu’auparavant. Particulièrement violent, cet affrontement sera qualifié par les deux boxeurs d’état le plus proche de la mort. Ali domine le début du combat, mais baisse de rythme sous les coups de Frazier qui le travaille au corps. Après un passage à vide où il semble au bord de l’évanouissement, Ali réussit à prendre l’avantage dans les 13 et 14e rounds. Dans la minute de repos avant le dernier round, Eddie Futch, entraîneur de Frazier, oblige son boxeur particulièrement atteint au visage à abandonner. Peu après, Ali subit un bref malaise avant de quitter le ring. Après ce match, Ali reconnaitra Frazier comme étant un très grand boxeur et arrêtera ses provocations. Il présentera même ses excuses au fils de Frazier pour toutes les menaces et insultes qu’il avait pu dire au clan Frazier. Cependant Frazier ne pardonnera jamais Ali pour tout le tort causé même si en 1988, dans un documentaire consacré aux champions des années 1970, ils se réconcilient et se provoquent avec amusement en allant jusqu’à faire semblant d’engager leur quatrième combat et en réclamant d’urgence un arbitre. Ils apparaissent aussi dans des émissions (notamment celle de Dick Cavett) riant et plaisantant ensemble.
Après les combats intenses de 1974 et 1975, Ali baisse de régime. En 1976, il met KO deux faire-valoir (ses dernières victoires avant la limite) et n’accomplit qu’un seul succès appréciable contre le jeune Jimmy Young. La polémique arrive à la fin de l’année lors de son troisième affrontement contre Ken Norton. Ali est déclaré vainqueur aux points après un combat serré qui fut qualifié par la presse comme l’un des plus grands vols de l’histoire de la boxe. En apprenant la décision à la fin du combat, Norton s’effondre en pleurs et Ali, d’habitude porté sur la vantardise et la fanfaronnade en fin d’affrontements, se contente de sourire timidement à la presse. À la suite de ces résultats mitigés, le titre de meilleur boxeur de l’année lui fut ravi par sa plus prestigieuse victime, George Foreman, qui accomplit un retour éclatant contre Ron Lyle.
Cette même année 1976, Mohamed Ali se rend au Japon pour combattre le catcheur Antonio Inoki. Selon les conditions du combat, tenues secrètes, Inoki n’avait pas le droit de frapper au visage avec les pieds ; il n’était autorisé à frapper avec les jambes que dans les membres inférieures. Le catcheur a donc passé la quasi-totalité du combat à se jeter au sol, cherchant à faucher les jambes d’Ali en envoyant des low kicks, empêchant ainsi son adversaire de développer sa boxe. Ces coups ont causé des blessures sérieuses à Ali, qui perdit beaucoup de sa mobilité au niveau des jambes. À l’issue de ce combat, prototype de mixed martial arts perçu comme une opération publicitaire, il y eut égalité entre les deux combattants.
Vieillissant, Ali retourne au rythme « habituel » des champions, de deux combats par an. En 1977, il réussit à conserver son titre contre Alfredo Evangelista et Earnie Shavers qui le malmena particulièrement. Trop préoccupé à perdre du poids, il ne se concentre plus sur son entraînement.
Perte et 3e reconquête du titre
Mohamed Ali perd finalement son titre à 36 ans contre le champion olympique 1976 Leon Spinks, dont c’était seulement le huitième combat professionnel. Il gagne la revanche comme à son habitude, devenant ainsi champion du monde poids lourds pour la troisième fois, mais voyant son déclin athlétique, il prend sa retraite le 27 juin 1979 pensant que le titre divisé en deux par la faute de Spinks serait réunifié. Il n’en sera rien (il faudra attendre que Mike Tyson le réunifie en 1987) et Ali accepte l’offre de Don King d’affronter Larry Holmes son ancien sparring partner devenu champion WBC.
Fin de carrière
Une paire de gants de boxe de Mohamed Ali en montre au Musée national d’histoire américain
Le 2 octobre 1980, à la recherche d’un nouveau record en tant que seul boxeur à gagner le titre en poids lourds quatre fois, il perd avant la limite pour la seule fois de sa carrière, lorsqu’Angelo Dundee refusa de le laisser reprendre le combat au 11e round. Le combat contre Holmes, organisé comme « The Last Hurrah », est considéré avec dédain par de nombreux fans et experts car nombre d’entre eux ont vu une version amoindrie d’Ali. Holmes était le partenaire d’entraînement d’Ali et pour cette raison, certains virent le résultat de ce combat comme un « passage de témoin », un combat de trop semblable à ceux de Rocky Marciano contre Joe Louis ou de Mike Tyson contre Larry Holmes. Holmes admettra même par la suite que bien qu’il dominât le combat, il retenait un peu ses coups par pur respect pour son idole et ancien employeur.
Malgré l’apparent caractère définitif de sa défaite contre Holmes, ainsi que sa condition physique suspecte, Ali boxera encore une fois : le 11 décembre 1981, il affronte en effet le challenger en pleine ascension et futur champion Trevor Berbick dans ce qui fut dénommé The Drama in the Bahamas. Ali étant alors vu comme un boxeur diminué, peu de salles américaines témoignèrent de l’intérêt pour ce combat et peu de fans montrèrent d’enthousiasme à s’y rendre ou à le regarder. Comparé aux combats qu’Ali avait disputés plus tôt dans sa carrière dans des endroits renommés, le match eut finalement lieu dans une quasi-indifférence à Nassau. Il fait une prestation légèrement meilleure que celle offerte contre Holmes 14 mois auparavant mais perd néanmoins par décision unanime à la dixième reprise au profit de Berbick, qui à 27 ans était de 12 ans son cadet.
Son style
Mohamed Ali a un style peu commun pour un boxeur poids lourds. Il tient généralement les mains le long de son corps plutôt qu’en position haute pour protéger son visage. Faisant confiance à ses réflexes ainsi qu’à son allonge exceptionnelle (2,10 m d’envergure), pour parer les coups de son adversaire. Ali frappe à la tête plus que la plupart des boxeurs (une stratégie risquée car sur la durée d’un long combat, les coups au corps peuvent s’avérer bien plus efficaces pour épuiser un adversaire). Mais là où il fut un poids-lourd hors-normes, c’est dans ses déplacements souples, rapides, précis, qu’il résumait par la formule « vole comme un papillon, pique comme l’abeille ».
La maladie de Parkinson
Mohamed Ali aux Jeux olympiques d’Atlanta en 1996
On diagnostiqua qu’Ali était atteint de la maladie de Parkinson en 1984 ; par la suite, ses fonctions motrices commencèrent à décliner lentement. Sa conversion officielle à l’islam sunnite et sa prise de distance avec l’historique Nation of Islam expliquent en partie son retour en grâce aux États-Unis où il fut accueilli à la Maison-Blanche par Gerald Ford et médaillé par George.
En 1985, on lui demanda de négocier la libération de ses compatriotes enlevés au Liban ; en 1990 à la veille de la guerre du Golfe il se rend à Bagdad et rencontre Hussein auprès de qui il plaide pour la paix et cherche à le persuader de ne pas étendre le conflit. Il n’obtient pas cela mais son entretien permet la libération de 15 de ses compatriotes enlevés par l’Irak au cours de l’opération Bouclier du désert. Vu la popularité de Mohamed Ali dans le tiers-monde, cette rencontre sera utilisée comme propagande par le régime baasiste irakien. En 1996, c’est lui qui alluma la flamme olympique à Atlanta. Durant les mêmes olympiades, on lui offrit également une médaille d’or pour remplacer celle qu’il avait gagnée en 1960 et qu’il avait soi-disant jetée dans l’Ohio parce qu’on avait refusé de le servir dans un restaurant à cause de sa couleur de peau. En fait il avait tout simplement égaré sa médaille.
Sa fille Laila Ali devint à son tour boxeuse en 1999, malgré ses commentaires de 1978 contre la boxe féminine : « les femmes ne sont pas faites pour être frappées à la poitrine et au visage comme ça … les corps ne sont pas faits pour être boxés ici (en touchant sa poitrine). Se faire « frapper » au sein … « dur » … et tout ça.