Camarade,
Par exploit d’huissier en date du 20 avril 2015, tu m’as fait délivrer une lettre interpellative par laquelle, évoquant les différents actes pris par le Comité de contrôle dans le cadre de l’élection du président du Fpi au 3ème Congrès extraordinaire du 30 avril à Mama, à savoir l’ouverture des candidatures, leur réception ainsi que leur publication.
Et rappelant diverses décisions judiciaires, dont celle en date du 08 décembre 2014 reportant le 4ème congrès ordinaire en attendant la décision définitive en appel relative à l’invalidation de la candidature du Président Laurent Gbagbo et celle en date du 3 avril 2015, annulant les résolutions du Comité central extraordinaire du 5 mars 2015, tu m’invites à renoncer à de tels actes vu qu’aucun congrès n’aurait pas été convoqué régulièrement par le Secrétariat général, le Comité central ou les deux tiers 2/3 des Secrétaires généraux de sections. J’ai aussi noté que tu en as fait ampliation au ministre d’État, ministre de l’intérieur ainsi qu’au Procureur de la République.
Au regard du contenu et vu le ton utilisé, il s’agit en réalité d’une lettre de menace que tu m’adresses à titre personnel et non pas à l’instance que constitue le Comité de contrôle du Fpi. Permets-moi de te faire partager les réflexions que m’inspire ta lettre de menace.
D’abord et tu le sais très bien puisque tu le rappelles, ce n’est pas le Comité de contrôle qui convoque le Congrès, mais bien le Secrétariat général, le Comité central, les deux tiers des secrétaires généraux de sections. Le rôle du Comité de contrôle en matière d’élection du président du parti, ne commence que lorsque la décision de convoquer le Congrès extraordinaire à cet effet a été arrêtée par l’une des instances ci-dessus citées.
Le Comité de contrôle est alors saisi officiellement à l’effet de procéder à l’ouverture des candidatures. S’agissant du 3ème Congrès extraordinaire, le Comité de contrôle a été saisi à cet effet par la direction intérimaire, une première fois le 25 mars 2015, dans le cadre de la mise en œuvre des résolutions du Comité central extraordinaire du 5 mars 2015, et une deuxième fois le 8 avril 2015, suite à sa saisine par les deux tiers des secrétaires généraux de sections.
Par conséquent, l’appel à candidature ne relève pas d’une initiative personnelle du président du Comité de contrôle. Le Comité de contrôle est une instance collégiale du parti. Les décisions querellées par toi ont été prises à l’issue d’un débat interne conformément à nos textes. Elles engagent donc le Comité de contrôle en tant qu’organe.
Je sais ta tendance à confondre l’institution et son premier responsable. Par exemple des décisions prises par le Comité de contrôle à l’époque ont été ramenées par toi à des décisions unilatérales du président intérimaire dudit Comité, le vice-président Vy Paul. C’est une erreur qu’il te faut arrêter de commettre. Une fois pour toutes, les actes querellés résultent d’une décision collégiale du Comité de contrôle. Pour ces deux raisons, tu comprendras que je ne puisse pas, comme tu le demandes, renoncer à titre personnel à cette initiative qui, au demeurant, a déjà été menée à son terme.
Mais, c’est sur le bien-fondé de ta demande et le ton de «donneur de leçons» que je voudrais m’interroger avant de te donner ma position finale. Tu revendiques, camarade, la qualité de président du parti au nom d’une décision de justice et tu menaces quiconque tente de faire bouger le Fpi dont tu as bloqué le fonctionnement depuis le 11 décembre 2014. Tu reconnais donc que ce n’est pas au nom de la base du Fpi que tu revendiques ce titre, mais au détriment de la volonté des militants du Fpi contre lesquels tu n’hésites pas à appeler la police et à requérir les juges pour les soumettre à tes quatre volontés, les frustrer de Congrès et même les faire «gazer».
Tu as déjà oublié que ce sont eux, les militants du Fpi, et non pas la police et les juges, qui t’ont désigné président du Fpi en juillet 2001 ! Es-tu fier camarade, d’écrire que tu demeures le président du Fpi alors que tu as fait obstacle à la tenue du 4ème Congrès ordinaire qui t’aurait peut-être permis, qui sait, de porter légitimement ce titre et en toute légalité si tu avais accepté le jeu démocratique d’une élection ouverte ? Comment, camarade, peux-tu en conscience, persister à vouloir continuer de tirer avantage d’un titre que tu sais ne plus mériter de porter depuis le 9 décembre 2014, date à laquelle tu as fait reporter le 4ème Congrès ordinaire ?
Quant aux leçons de discipline et de civisme que tu prétends donner, es-tu sûr d’être qualifié pour en donner et ne penses-tu pas te tromper de cible ? Les nominations et exclusions unilatérales de membres du Secrétariat général en juillet 2014, pour te donner une majorité mécanique, c’est quoi et c’est qui ? La désignation unilatérale d’un représentant du Fpi à la CEI contre l’avis du Comité central, c’est quoi et c’est qui ? Le maintien de ce représentant en dépit des injonctions de retrait, c’est quoi et c’est qui ? L’assignation d’une instance du parti, le Comité de contrôle, en justice, c’est quoi et c’est qui ? Le report du 4ème Congrès ordinaire sans requérir l’avis du Secrétariat exécutif et du Secrétariat général, c’est quoi et c’est qui ? Le refus de convoquer des sessions extraordinaires du Comité central régulièrement demandées par deux instances du parti, c’est quoi et c’est qui ? Le refus de convoquer les Secrétariat exécutif et généraux statutaires depuis six (6) mois, c’est quoi et c’est qui ? La fermeture du siège du parti sans préavis, ni consultation des autres membres de la direction, c’est quoi et c’est qui ? La mise en place d’un nouveau Secrétariat général le 27 février 2015, c’est quoi et c’est qui ? Le non-respect de la décision de suspension prise par le Comité Central extraordinaire du 5 mars 2015, c’est quoi et c’est qui ? La nomination d’une Présidente de l’Offpi alors que la première responsable élue de cette structure spécialisée est en activité, c’est quoi et c’est qui ? Les nominations des Secrétaires généraux de Fédérations en lieu et place des Secrétaires généraux de Fédérations élus et en activité, c’est quoi et c’est qui ?
Camarade, ce sont là tes hauts faits de violations de nos textes de base, d’indiscipline caractérisée, de mépris des instances du parti, de leurs décisions, de mépris des responsables et des militants du Fpi, qui sont à l’origine de la grave crise interne que tu as provoquée, dans l’intention d’être le candidat unique à ta succession et qui sont la source du désordre dont tu cherches vainement les auteurs en dehors de toi-même.
En droit, puisque tu es devenu désormais «un accro» de cette discipline qui semble te porter chance particulièrement en cette période, permets-moi de te laisser méditer cette maxime latine qui résume à la fois, tes revendications, tes menaces et les appels à tes soutiens du pouvoir, à «ton gourdin» comme tu aimes à le dire : «Nemo auditur propriam turpitudinem allegans» (Nul ne peut se prévaloir de sa propre turpitude).
Pour le reste camarade, rien n’est encore totalement perdu. Deux ans après ta sortie de prison que nous avons tous saluée et par conséquent après deux ans de gestion du Fpi qui n’ont été marqués de ta part par aucun acte ou fait notoire allant dans le sens de la libération du Président Gbagbo, tu montres ces temps derniers, comme une «envie de vouloir faire quelque chose en ce sens, bien sûr selon ta méthode… ». Est-ce sincère ?
Rejoins-nous à Mama. Peut-être que sur la terre natale de celui qui t’a fait roi, le camarade Président Laurent Gbagbo, en nous asseyant, la fumée blanche pourrait sortir.
Fait à Abidjan, le 28 avril 2015
Le Président du Comité de Contrôle
Le Prof. Hubert OULAYE