Propos recueillis par Vouzo Zaba, Afriquematin.net
A la fin des travaux de l’assemblée générale extraordinaire organisée le jeudi 21 février 2019 par la Mutuelle Générale des Fonctionnaires et Agents de l’Etat de Côte d’Ivoire (MUGEFCI), nous avons tendu notre micro au premier des mutualistes afin d’éclairer l’opinion nationale sur la teneure de ces assises. Entretien.
Pouvez-vous nous situer sur le point focal de cette assemblée générale?
Nous avons convoqué cette assemblée générale extraordinaire en vue d’adopter le contenu de ce que nous appelons le Régime Complémentaire obligatoire(RCO) dans le cadre de la mise en œuvre de la Couverture Maladie Universelle (CMU).
Pourquoi est ce que ce projet n’a pas eu l’assentiment des délégués présents à l’assemblée ?
Les délégués, représentants les mutualistes, n’ont pas accepté le contenu de cette complémentaire obligatoire parce que, malheureusement, certains actes qui étaient précédemment pris en compte, ne le seront plus dans le cadre de cet arrimage avec la CMU et nos délégués ont souhaité que, la prise en charge, à défaut d’être optimum, soit maintenu en l’Etat. Mais l’une des conséquences de leurs aspirations est qu’il faudra accroitre les ressources de la Mutuelle dans la perspective d’une complémentaire obligatoire assez efficace. Nos délégués nous ont donc demandé de continuer le plaidoyer avec l’Etat et demander à celui-ci de payer une part patronale afin d’équilibrer l’état financier de la MUGEFCI dans le cadre de la mise en route de cette complémentaire obligatoire. Ceux-ci ont également demandé à l’Etat d’autoriser que la résolution de l’assemblée générale, qui s’est tenue en juin 2018, et qui autorise une augmentation des cotisations dans le cadre de la mise en route de la CMU, puisse se faire, pour que les fonctionnaires et agents de l’Etat soient pris en charge de façon efficace sans que les prestations de leur mutuelle ne décroissent.
Dites-nous concrètement, ce que l’Etat attend de la MUGEFCI.
L’Etat nous demande d’utiliser nos cotisations actuelles, qui sont de 3% du salaire de base, plafonnés à l’indice mille, des cotisations qui vont de 50f à 7004f maximum, soient utilisées pour les deux régimes : pour payer la Couverture Maladie universelle et pour assurer une complémentaire obligatoire à la CMU. Le niveau de cotisation à cette couverture maladie étant de 1000f CFA par individu et sachant que la population mutualiste avoisine à peu près 900.000 individus, c’est 900 millions de FCFA qui seront soustrait d’une cotisation totale d’environ 1,4 milliards de FCFA. C’est donc la somme restante qui devra supporter les autres charges que la mutuelle doit pouvoir mettre en œuvre pour cette complémentaire obligatoire. Mais vous le savez, la CMU, qui est une bonne chose et on ne le dira jamais assez, est basique. Elle ne prendra en charge que les traitements de base, seulement dans les hôpitaux publics et en suivant un certains parcours de soins. L’ensemble des maladies dont les traitements reviennent très chères, notamment les maladies chroniques, ne seront pas remboursées par la CMU. Et là ou les possibilités de la CMU sont limitées, celles de la MUGEFCI devraient pouvoir y arriver. En conclusion, les ressources qui vont nous être attribuées seront insuffisantes pout couvrir l’ensemble des pathologies restantes. Et si nous n’y prenons garde, tous ceux qui sont actuellement sous traitement anticancéreux, sous traitement de l’Hépatite, tous ceux dont les traitements comportent des vaccins ne seront malheureusement plus pris en compte à cause de l’insuffisance des moyens dont nous parlions tantôt. Les délégués n’ont donc pas accepté qu’il y ait cette baisse du niveau de nos prestations et c’est pour cela qu’ils ont souhaité que nous revoyions le contenu de ce complémentaire obligatoire. Ils ont également interpellé l’Etat pour qu’il y ait un accroissement des ressources à l’effet de maintenir à un niveau acceptable, les prestations de la mutuelle dans la perspective de cet arrimage CMU/MUGEFCI
. Et si l’Etat restait sourd à votre appel ?
Si l’Etat ne nous suit pas, nous devrions nous donner les moyens de nous prendre en charge parce qu’on l’a répété, et les délégués l’ont bien compris, la question de notre santé est donc une question qui nous intéresse en priorité nous-mêmes. Je ne crois donc pas que dans la perspective de la mise en route d’un programme social du gouvernement, l’Etat de Côte d’Ivoire refuse d’accompagner ceux-là même qui sont ses agents c’est à ses fonctionnaires et agents, son personnel civil et militaire en activité et à la retraite. C’est une obligation de l’Etat et j’en suis convaincu, celui-ci ne se dérobera pas à ses obligations. Je vous remercie.