Par Christ Zorro Afriquematin.net
L’une des fonctions du journalisme est la dénonciation des travers de la société en vue d’une prise en compte, par les pouvoirs publics, des besoins vitaux et essentiels des citoyens. Nous avions, dans cette optique, attiré l’attention du président Ouattara de l’imminence d’un embrasement social. Nous ne croyions pas si bien dire lorsque quelques jours seulement après la mise en lignes de ces avertissements, les villes de Daloa et de Bouaké se sont misent en ébullition. Il ne faut surtout pas se leurrer : le cout élevé des factures d’électricité n’a été que la goutte d’eau qui a débordé et dont les populations se sont servi comme prétexte pour exprimer, de la manière la plus bruyante qui soit, leurs griefs au gouvernement.
Le constat de ces folles journées d’émeute est clair et net : La peur s’en est allée. Celle qui suscitait au quotidien la frayeur des forces sociales et qui a rendu celles-ci muettes six années durant. Et ce ne sont surtout pas les tracs et les arrestations en cours des pillards à Bouaké et Daloa qui va changer la donne. Le pouvoir actuel réalise-t-il que les choses ne seront plus jamais comme avant ? Qui aurait pensé que la ville symbolique de Bouaké, fief de la rébellion armée de septembre 2002, serait le théâtre de pillage et de destruction d’édifices publics, avec à la clef, les défections de l’armée et des forces de police face à la furie des manifestants. Le ver est dans le fruit et plus aucun doute ne subsiste à cet effet. Le président Ouattara saura –t-il tirer des leçons de ces remous sociaux et donner le meilleur de lui-même ? Au plus fort de la crise militaro-politique qu’ a traversé la Cote d’Ivoire de septembre 2002 à avril 2011, le président Laurent Gbagbo , qualifié de dictateur par les tenants actuels du pouvoir, n’avait pas un seul instant hésité à faire de larges concessions à ses adversaires politiques (gouvernement d’ouverture, engagement d’éléments des Forces Nouvelles dans l’armée républicaine), au point d’être traité de ’’poule mouillée’’ par l’aile dure de sa formation politique d’origine, le F.P.I. Aujourd’hui, la manière cavalière avec laquelle le président Ouattara et son entourage gèrent le pouvoir donne raison aux « Gbagbo ka fissa »,( Gbagbo est mieux). Et c’est bien dommage pour une personnalité de la trempe de Ouattara dont il faut reconnaitre la rigueur et le sens du travail bien fait qu’il a inculqué aux fonctionnaires Ivoiriens lors de son avènement sur la scène politique Ivoirienne en 1991.
Le taux de pauvreté en Côte d’Ivoire est alarmant.70% des familles en côte d’ivoire, selon l’O.N.G A.L.CP-C.I, éprouve de réelles difficultés à se nourrir convenablement. Le chômage des jeunes bat son plein, et les populations dans leur majorité ne ressentent pas au quotidien l’optimisme que distille constamment le gouvernement. Si rien de concret n’est fait en faveur des couches les plus défavorisés de la société ivoirienne, les semaines et les mois prochains risquent de mettre le pouvoir à rudes épreuves. Le pire est à craindre si ce n’est à venir.