Par Jean Levry – Afrique Matin.Net
« Le syndicat dans le processus d’autonomisation et de démocratisation des États africains depuis la colonisation à nos jours ». C’est le thème de la conférence publique animée par le Professeur Tiemoko Doumbia à la cité Mermoz de Cocody, à Abidjan, la capitale ivoirienne le samedi 9 septembre 2017.
Répondant à l’invitation de la FESCI ( Fédération estudiantine et scolaire de Côte d’Ivoire), section de la cité universitaire Mermoz qui faisait sa rentrée syndicale, le chef du département de sociologie-Anthropologie de l’Université Alassane Ouattara de Bouaké a appelé ce puissant syndicat des étudiants, décrié souvent pour sa violence, à opter pour un syndicalisme plus responsable.
« si vous voulez que la Côte d’Ivoire aille de l’avant, les syndicats doivent être forts, mais poser les problèmes en toute responsabilité, sans compromission », a-t-il exhorté les dirigeants de la FESCI.
Dans un exposé s’apparentant à un cours magistral, Prof Tiemoko Doumbia a situé les origines de la lutte syndicale à l’époque de la colonisation. Car, a-t-il souligné, « le lien entre le syndicat et la démocratie apparaît sous la relation historique », d’où est née une relation de complémentarité entre les forces syndicales et les forces politiques qui ont contribué à l’acquisition de l’indépendance de la plupart des États africains de la zone francophone.
En effet, a-t-il expliqué, le syndicalisme dans nos pays africains a commencé à prendre forme au cours de la période coloniale sous la houlette
de la conférence générale des travailleurs (CGT) de France, une des plus vieilles organisations syndicales de l’époque coloniale qui a inspiré l’élite africaine et servi de catalyseur à l’accession à l’indépendance des États africains francophones.
Mais, après les indépendances, dans un contexte monopartite, ces syndicats se sont inféodés aux pouvoirs en place et ont été obligés de disparaître pour être remplacés par des organisations à la remorque des dirigeants et gouvernants existants à l’image de l’UGTCI (Union générale des travailleurs de Côte d’Ivoire) qui « s’est engagé dans ce que son ancien secrétaire général, Adiko Niamkey a qualifié de syndicalisme de participation ».
La FESCI, a révélé le sociologue, n’a pas échappé à cette forme de syndicalisme à l’arrivée de ses alliés au pouvoir dans les années 2000 si bien qu’après le départ de ceux-ci, elle se trouve à la croisée des chemins. « Dans le processus du syndicalisme politique ou socialiste, la FESCI a vu ses alliés arriver au pouvoir notamment le FPI. Ce qui a conduit cette force syndicale à faire allégeance à ses alliés et à s’engager dans un syndicalisme de participation. Après de départ de ses alliés du pouvoir, la FESCI se trouve à la croisée des chemins. Tantôt persécuté par le pouvoir en place, tantôt taxé d’être aux ordres de l’opposition, la FESCI se trouve dans un tournant où elle doit repenser sa ligne et sa lutte. », a commenté l’ancien militant du MEECI (organisation syndicale sous Houphouët-Boigny, suscitée par les dirigeants pour canaliser les actions des étudiants et les mettre aux ordres du pouvoir).
C’est pourquoi, l’Enseignant-chercheur a indiqué qu’il appartient aux dirigeants de cette organisation de penser et analyser sereinement le contexte en vue de prendre en main leur destin pour le bien-être du milieu scolaire et universitaire en Côte d’Ivoire.
Juste après cette conférence publique qui a vu la présence du Secrétaire général de la FESCI, Assi Fulgence, Prof Tiemoko Doumbia a remis des prix d’excellence aux meilleurs élèves de la cité des arts de Cocody. Dans la soirée, il a donné le coup d’envoi de la finale d’un tournoi de maracana organisé par les jeunes d’Akouedo et qui porte son nom.