Site icon Afriquematin.net

Litige foncier / Brégbo et Koffikro au bord de l’implosion.

Brégbo et Koffikro

Par JM Tonga/afriquematin.net

Situés à huit (8) kilomètres de la commune de Bingerville, les villages de Brègbo et de Koffikro sont en proie à une crise. A l’origine des querelles ouvertes entre les habitants qui ont toujours vécu en bonne intelligence, se trouve un litige foncier. Sur la parcelle du lotissement baptisé « Brègbo résidentiel » d’une superficie de 383 hectares dont 153 hectares sont, à ce jour, expropriés à Brègbo, autochtone, donc propriétaire terrien. Pour exprimer son amertume face à cette situation la chefferie dudit village à convier la presse ivoirienne à une conférence pour se faire entendre. C’était hier mardi 5 mars, dans le village même.

En entame de cette rencontre qui a regroupé la chefferie Dougbô, la notabilité du village de Brègbo, la génération Tchagba, le chef du village Tano Gbogui François, le président de la commission foncière de Brègbo, Atcho Félix a tenu à faire l’historique de cette affaire délicate qui, si elle est mal gérée, pourrait embraser ces deux villages de la commune de Bingerville. « Vous serez venus trouver Brègbo en sang et en feu, mais nous avons été éduqués dans un village de paix. Brègbo est le village du Prophète Atcho Albert qui a toujours prôné la paix. On a assez donné pour être aujourd’hui méprisés de la sorte. Vous ne pouvez pas imaginer qu’on ait initié des lotissements dont Brègbo Résidentiel qui a été approuvé le 31 août 2015. Mais il s’est avéré que le campement que nous avons installé qui est Koffikro, ses habitants avec qui nous avons toujours vécu en bonne intelligence et dont les deux chefs se voyaient tout le temps, comme par magie a estimé que notre lotissement est sur sa parcelle. Suite à cela, nous avons fait six (6) mois de négociations avec le sous-préfet d’alors de Bingerville. Après ces six (6) mois, à notre corps défendant, le chef du village a bien voulu céder 100 hectares à Koffikro sur les 383 hectares. Le chef d’alors de Koffikro et sa notabilité ont applaudi cette concession que nous leur avons faite parce qu’ils ne s’attendaient pas à cela. Nous nous sommes ensuite rendus au ministère de la construction dirigé à l’époque par le ministre Mamadou Sanogo pour consolider cet acquis. A notre grande surprise, une famille de Koffikro notamment celle d’Angba Amon Lucien, ex-DAF du Fonds d’Entretien Routier (FER) se lève pour dire que l’arrangement qui a été fait six (6) mois plus tôt à la sous-préfecture de Bingerville ne lui sied pas. Ils ont donc entamé des actions auxquelles nous n’avons pas été associés, et à notre grand étonnement, l’on vient nous dire que le site de Brègbo a été scindé en trois parties. Donc désormais Brègbo a 1/3 des 383 hectares c’est-à-dire 130 hectares environ et Koffikro a désormais 253 hectares. Les jeunes du village, révoltés, se sont levés pour aller mettre Koffikro à sang. Le chef du village et les vieux les ont calmés et nous avons réussi à éviter le pire. Ceux qui n’ont initié aucun lotissement, ni fait d’enquête de commodo et d’incommodo, qui n’ont rien entrepris se retrouvent avec 253 hectares ! Brègbo a essayé de rentrer en contact avec les initiateurs de cette situation qui est une insulte. Et pendant que nous cherchions à régler cette affaire, nous apprenons que depuis le mois de septembre 2018 le sieur Angba Amon Lucien est allé déposer le guide au ministère de la construction. Lui qui était chef de village dans un village d’Adzopé a rendu sa démission de cette chefferie pour venir être chef du village à Koffikro actuellement. Il est vrai que Brègbo détient les documents  qui prouvent sa propriété sur ce terrain, mais lui, il estime qu’il a des relations et qu’il a de l’argent pour défendre sa cause. Et il ne le cache pas ! Il dit haut et fort que nous Brègbo avons les papiers et lui il a six ministres avec lui. Il est vrai que le chef a calmé la jeunesse mais combien de temps encore parviendra-t-il à le faire ? Cette affaire est écœurante, frustrante et même humiliante ! Que dirons-nous à nos enfants demain, si nous n’avons pas pu régler cette situation, Si ce n’est que comment avez-vous pu laisser un campement que vous-mêmes avez installé, vous arracher une si importante parcelle de terre ! Le Prophète Atcho nous a appris à accueillir et à être hospitaliers. Koffikro ne nous gêne en rien, mais il faut rendre à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu. Koffikro est allé trop loin, c’est vraiment trop fort ce qu’ils ont fait ! Cet ex-DAF du FER crie sur tous les toits que Brègbo peut faire ce qu’il veut, mais lui il sait qu’il va gagner. Pour faire disparaître Koffikro, c’est une question de secondes. Mais nous préférons nous asseoir sur la conscience de ces hommes-là, c’est-à-dire Angba Amon Lucien et le ministre Mamadou Sanogo. Nous estimons que c’est le ministre Mamadou Sanogo d’alors qui a orchestré cela. Il savait qu’en donnant 253 hectares à Koffikro, Brègbo ne pouvait pas accepter cela », a regretté le président de la commission foncière.

A sa suite, le chef du village, Tano Gbogui François, a attesté les dires du président de la commission foncière, Atcho Félix. Poursuivant, il a précisé que Koffikro est à l’origine un lopin de terre que Brègbo avait cédé à un certain Koffi, interprète du Prophète William Harris, pour y ériger un champ. Signe de leur hospitalité légendaire. Avec la tournure de leur relation aujourd’hui, « nous ne sommes pas contents de nos hôtes. Nous ne voulons pas faire palabre. Ce lotissement a été approuvé au nom de Bregbo et nous leur avons donné 100 hectares pour agrandir leur village. Il y a eu des signatures et tout a été fait dans les règles de l’art. Qu’ils nous restituent nos 153 hectares qu’ils veulent nous exproprier. C’est un cri de cœur », a lancé, meurtri, le chef du village de Bregbo.

C’est une affaire sur laquelle les autorités doivent se pencher incessamment au risque de voir s’envenimer la situation dans les prochains jours.

PIÈCES JOINTES

DOCUMENT I

DOCUMENT II

Quitter la version mobile