Les vagues fouettent la plage sous le regard amusé des enfants. Un peu plus loin, des touristes marchent le long du rivage et, aux terrasses des hôtels, on se bousculerait presque.
A Grand-Bassam (40 km à l’est d’Abidjan), capitale coloniale et touristique de la Côte d’Ivoire, les derniers jours de vacances sont animés. La cité, classée patrimoine mondiale de l’Unesco en 2012, se présente aujourd’hui comme le symbole de la renaissance du secteur touristique, dévasté par plus de dix ans de crise sociopolitique.
« Il faut remonter à l’époque d’Houphouët-Boigny [premier président, décédé en 1993] pour voir des touristes quitter l’aéroport d’Abidjan et se rendre directement sur un site touristique, se souvient nostalgique, Raphaël Beugré, restaurateur. Aujourd’hui, nous sommes heureux de voir des Occidentaux et même des Africains privilégier notre destination et apprécier les mets ivoiriens. »
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Arrivés pour la première fois à Abidjan, à la mi-juin, Mohamed et Rakine se sont installés sous une paillote pour admirer les vagues. « Des amis nous ont beaucoup parlé de la Côte d’Ivoire. Nous avons voulu découvrir et c’est magnifique ce qui a été réalisé », assure Mohamed.
François et Odette, eux, font leurs affaires pour le retour en France, après un mois de vacances. « Depuis trois ans, Bassam est une destination régulière parce qu’il y a de la diversité culinaire, culturelle et environnementale. Et le plus important, c’est l’amélioration dans la qualité de l’offre des hôtels », explique Odette.
Pour relancer le tourisme dans le pays, au lendemain de la crise postélectorale de 2010-2011, la Côte d’Ivoire a énormément investi dans le secteur. Selon Côte d’Ivoire Tourisme, structure étatique en charge de la promotion du tourisme, les investissements globaux du secteur privé sur 2012 à 2014 sont estimés à environ 140 milliards francs CFA (215 millions d’euros).
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Ces investissements ont servi à la construction de 117 complexes hôteliers de moyen standing, pour une capacité de 14 315 chambres. En outre, ils ont contribué à la création de 3 000 emplois directs et 9 000 indirects. Résultat : fin 2014, ce sont 470 869 touristes internationaux qui ont été enregistrés contre 269 000 en 2011 et 380 000 en 2013. Soit un taux de croissance moyen de 43 %.
Le taux d’occupation des hôtels, lui, est passé à 65 %. Et le pays ne compte pas s’arrêter en si bon chemin, puis qu’il espère enregistrer 500 000 visiteurs à la fin 2015 pour des attentes en 2020 d’un million de touristes.
« Nous sommes au-delà de nos attentes. Puisque nous avons déjà franchi la barre d’un demi-million de touristes », se félicite Grégoire N’Guessan, directeur du tourisme extérieur en Côte d’Ivoire. Il note que la contribution du secteur du tourisme au produit intérieur brut du pays devrait franchir la barre de 5 % cette année contre 0,6 % en 2011.
« Préserver la bonne tendance actuelle »
« Seulement si nous restons dans ce même climat de paix… La présidentielle approche et nous souhaitons que tout se déroule au mieux afin de préserver la bonne tendance actuelle », rétorque Cynthia Adediran, directrice de Jovago.com, une plate-forme de réservation d’hôtels en ligne. Le mois de juillet, avance-t-elle, aura été un mois exceptionnel pour les hôteliers, en termes de réservations.
« Maintenant, l’une de nos difficultés se situe dans l’accessibilité et le tarif des dessertes des villes de l’intérieur du pays par la compagnie aérienne nationale. L’aide pour pallier à cette cherté des billets d’avion revient à l’Etat qui peut encore faire plus pour une réduction », conseille Adediran.
En septembre, le tourisme ivoirien a deux importants rendez-vous à honorer. Il s’agit de l’organisation à Abidjan, de la première édition du Salon international de la restauration et de l’hôtellerie. Puis à proximité du nouvel eldorado pétrolifère, Jacqueville (ouest d’Abidjan), le pays ouvrira un complexe hôtelier, baptisé « Relais paillotes ». Il est entièrement construit avec des matériaux locaux…