La Côte d’Ivoire, a rendez-vous avec ses futurs députés lors des élections législatives du 18 décembre. La partie n’aura jamais été aussi ouverte puisque, contrairement à 2011 l’opposition, principalement représentée par le FPI, va participer au scrutin comme plusieurs candidats indépendants dissidents issus du Rdr ou du Pdci-Rda qui ont refusé de se plier à la logique de front uni du Rhdp. Parmi ces indépendants fugure la députée ex-Pdci-Rda de Cocody, Yasmina Ouegnin, benjamine des 255 députés sortants. Elle avait rejeté l’appel de Daoukro du président Bédié et voté contre la nouvelle constitution à l’Assemblée nationale. Sa version.
Comment avez-vous appris votre non reconduction entant que candidat du Pdci-Rda ?
Comment je l’ai appris ? Comme vous, dans les journaux. Maintenant, comment je l’ai prise ? Alors je l’ai plutôt bien prise. C’était un peu un non-événement pour moi. Il y avait pas mal de signes avant-coureurs, donc dans l’absolu j’étais préparée. Nous étions même préparés, ma liste et moi, à aller en indépendants le cas échéant.
Et vous interprétez ça comment et vous traduisez ça comment ?
Apparemment, leur choix a été fait selon des critères de souveraineté au niveau de la direction du parti, ont-ils expliqué. Moi, je traduis ça juste comme le fait que si ça se trouve, depuis cinq ans, il y a eu de plus en plus de dissidences ou de divisions au sein du PDCI. Parce que vous vous doutez bien que je n’ai pas été le seul dossier à ne pas être retenu.
Est-ce que vous vivez ça comme une injustice de ne pas avoir été investie en tant que députée élue sortante ?
Non. En fait, je ne vis pas ça comme une injustice puisque dans tous les cas je pars du principe que chacun voit midi à sa porte. Personnellement, je veux défendre mon bilan, je fais confiance aux populations de Cocody et elles me le rendent bien. Donc ensuite c’est les urnes du 18 décembre qui pourront me dire si oui ou non, nous avons encore un bout de chemin à faire ensembl
Si vous êtes candidate indépendante ou dissidente, c’est donc aussi parce que vous n’avez donc pas voté pour la nouvelle Constitution à l’Assemblée nationale. Pourquoi est-ce que vous n’avez pas voté oui comme tous les membres du parti ?
Il y a eu une dizaine de personnes qui ont voté non ou qui se sont abstenues. Je suppose que dans la dizaine il y a eu peut-être aussi certaines autres personnes qui sont membres de mon parti – je n’en sais rien – mais je ne crois pas que ce soit à cause de ça réellement. Il n’y a pas de mot d’ordre à donner à un représentant du peuple dont le seul patron est en fait le peuple. Donc je ne pense pas que ce soit forcément à cause de la Constitution. D’ailleurs pour la petite histoire, au moment du vote à la Constitution, quand on a demandé au groupe parlementaire quelles sont les consignes de vote, c’était l’une des rares fois où le Pdci-Rda n’a pas donné de consignes. Depuis longtemps j’ai voulu que le Pdci-Rda soit un parti conquérant, j’ai voulu que mon parti cherche à se démarquer, cherche à montrer son vrai poids politique… Et là, je fais référence à l’appel de Daoukro pour lequel j’ai été l’une des rares à dire haut et fort qu’il ne fallait pas le suivre. Donc je pense que c’est peut-être plutôt pour ça.
Est-ce que vous diriez que le Pdci-Rda va mal et traverse une grave crise pour son avenir et pour sa pérennité ?
Je dirais que ce n’est pas le Pdci-Rda uniquement. Je dirais que l’offre politique a vraiment du mal à se renouveler – l’offre politique tous partis politiques confondus – parce qu’il y a des crises au Rdr, il y a des indépendants, il y a des dissidents aussi. Il y a des crises au Fpi. Donc je disais, vraiment, qu’il faut proposer autre chose aux jeunes générations. Il faut proposer un renouvellement, il faut proposer une proximité. Il faut plus prendre en compte les aspirations légitimes des populations. Et à un moment donné, la plupart de nos hommes politiques ont été déconnectés ou se sont déconnectés au long terme.
On est ici dans la circonscription de Cocody, donc c’est votre terre d’élection et votre terre de campagne à venir. Il y a fort à faire en face puisqu’il y a une grosse concurrence : ministres, dont certains autres « poids lourds ». Vous pensez que la partie va être serrée ?
C’est une compétition. J’ai sillonné pendant cinq ans Cocody en long et en large. Les habitants de Cocody ont eu la possibilité régulièrement de venir discuter avec moi. Donc, oui – une semaine – on va être à pleins gaz et je pense que la compétition sera saine. J’appelle en tout cas à ce que ce soit des élections apaisées. J’appelle à ce qu’il y ait le plus de transparence possible. J’aimerais bien que ce soit à Cocody que pour la première fois, on n’ait vraiment personne, quel que soit le camp, qui conteste les résultats, parce que tout le monde se sera donné les moyens de légitimer au maximum ce scrutin.
Si le 19 décembre 2016, vous êtes élue, vous serez à l’Assemblée nationale dans les rangs de la majorité ou dans les rangs de l’opposition ?
Je serai à l’Assemblée nationale dans les rangs des indépendants. Parce que la majorité, on ne sait pas encore laquelle ce sera et l’opposition on ne sait pas encore laquelle ce sera.
Vous serez dans les rangs de la majorité présidentielle ou dans les rangs de l’opposition ?
Quand j’ai été députée -, ça ne m’empêchait pas de prendre en compte 50% de la population qui n’avait pas de représentant réellement au sein de l’Assemblée nationale et ça ne m’empêchait pas de légiférer avec la Côte d’Ivoire dans son entièreté comme préoccupation. Alors, quel que soit le groupe, je resterai toujours fidèle à mon engagement envers les populations.
Est-ce que vous pensez qu’en l’état actuel des choses, l’opposition, les candidats indépendants, les dissidents puissent faire vaciller la majorité au Rhdp ?
Je le souhaite. Il y avait déjà une trentaine d’indépendants pour cette législature qui est en train de finir avec moins de dossiers de candidatures déposés. Donc ne serait-ce que par rapport aux règles de la probabilité, il y en aura beaucoup plus et ce sera très sain pour notre démocratie.
Source : rfi.fr