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Le Lac aux caïmans de Yamoussoukro : 23 ans après Houphouët, que reste-t-il ?

Au nombre des sites peu ordinaires construits par celui qui est considéré comme le père de nation ivoirienne, Félix Houphouët-Boigny, figure le Lac aux caïmans, qui jusqu’à ce jour constitue un mystère pour la population ivoirienne. Site important du tourisme ivoirien, ce lac est un véritable pôle d’attraction  en Afrique de l’ouest. Que devient-il plus de 20 ans après la mort du père fondateur ?

Le Lacs aux caïmans d’hier

Constitué de plus de 200 crocodiles du Nil, ce lac aux caïmans entoure l’imposant bâtiment du palais présidentiel de Yamoussoukro, aujourd’hui fermé au public. Au temps du président Félix Houphouët-Boigny, ces bêtes étaient nourries au quotidien par des « dozos » (chasseurs traditionnels du nord) venus spécialement du Mali. Chaque jour, de nombreux bœufs et autres bétails étaient tués pour nourrir les « habitants » du lac…

Le relais sera ensuite pris pendant 36 ans par le vieux Dicko, grand admirateur qui deviendra le dompteur par excellence de ces bêtes de six mètres de long et pesant près d’une tonne. 17h30 GMT. C’est l’heure à laquelle le festin était généralement organisé pour les habitants du lacs qui se faisaient assister des touristes curieux qui souhaitaient participer au repas notoire des caïmans, tant le spectacle donnait plein à la vue. Quelques fois, pendant leur pause sur la terre ferme, certains touristes courageux s’adonnaient à des séances photos avec les bêtes sur proposition des gardiens, moyennant la somme de 3000 francs CFA.

En cette période, la cohabitation était parfaite avec les bestioles. Les choses prendront une autre tournure après la mort d’Houphouët-Boigny.

Le lacs aux caïmans aujourd’hui

Le père fondateur étant mort, le train de vie de ces bêtes a changé. Malgré les nombreux efforts consentis pour leur entretien, les caïmans ne reçoivent pas satisfaction. Ils ont alors commencé à faire de leur visiteur des proies. En 2012, la mort tragique du vieux  Dicko, le septuagénaire qui y officiait depuis une trentaine d’année, reste mémorable. Alors qu’il tentait de sortir de la fosse après une séance de photo avec des touristes, il glisse et tombe devant les bêtes féroces qui le dévorent devant tous les touristes venus ce jour-là visiter le lac.

À ce jour, ce sont plusieurs personnes qui ont été dévorées par les caïmans du lac sacré de Yamoussoukro. Depuis sa création en 1950, les bêtes de ce lac n’avaient jamais fait autant de victimes humaines. Après ces derniers évènements, la peur s’est emparée de plusieurs visiteurs. Et pour ceux qui continuent à y aller, à peine peuvent-ils monter sur le trottoir principal de l’allée, car la surveillance est étroitement renforcée en vue d’éviter d’autres victimes.

Le lac aux caïmans de Yamoussoukro, autrefois grand pôle d’attraction, est désormais l’ombre de son nom et de sa notoriété. Des efforts sont certes consentis par l’état ivoirien pour la survie des bêtes et la sécurité des visiteurs, aidé par certains acteurs du tourisme ivoirien tel que Jovago qui aident à promouvoir le tourisme en Côte d’Ivoire. Cependant, il reste encore beaucoup à faire pour que ce lac retrouve sa place de meilleur site touristique de la capitale politique du pays.

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