Par Léon SAKI – Afrique Matin.Net
Il est désormais officiel que le Coronavirus, cette épidémie ravageuse qui sème la mort dans les pays les plus équipés, a fait son entrée en Côte d’Ivoire, un pays moins équipé.
Selon le Ministère ivoirien de la santé et de l’hygiène publique, le premier sujet atteint est un ivoirien, parti de la Côte d’Ivoire pour l’Italie, le 27 février où il a séjourné du 27 février au 6 mars.
« C’est le 06 mars qu’il a quitté la ville de Bergame non loin de Milan et a pris la compagnie portugaise TAP pour arriver Abidjan aux alentours de 23h 45. Il a été soumis à notre contrôle habituel avec la caméra thermique et le pistolet thermique. Mais il se trouve que le malade avait pris du paracétamol lorsqu’il a eu un état de fièvre avant de partir. Ayant pris le paracétamol, bien entendu sa température a baissé de sorte qu’effectivement, il n’a pas pu être détecté au passage, de la caméra thermique et du pistolet thermique (…) Le dispositif est fiable. Il y a la traçabilité qui a fait qu’on a pu le joindre. On a pu identifier toute sa famille de 9 personnes. A ce jour, tout le monde est en isolement et des prélèvements ont été faits sur ces 9 personnes, et nous attendons d’ici demain les résultats pour savoir si elles ont été contaminées », a-t-il déclaré.
Avec de tels propos, il y a lieu de s’inquiéter et d’affirmer que le virus est désormais bien plus présent sur les bords de la lagune ébrié qu’on ne le croit. Le ministère qui reconnait que le sujet en question a réussi à franchir les dispositifs mis en place, passer 4 jours avec les siens avant de se rendre lui-même à l’hôpital pour être enfin déclaré atteint du Coronavirus, est un aveu d’impuissance et de négligence grave; surtout que l’individu est venu du pays européen le plus sinistré en la matière où des dispositions draconiennes sont prises.
Tous les sujets en provenance de la Chine et d’Italie devraient normalement faire l’objet d’une attention ou d’un contrôle particulier. Ce ne fut pas le cas, et le sujet infecté est rentré chez lui, après avoir pris un transport en commun pour retrouver les siens avec qui il a passé quatre jours. Il a dû rendre visite à des parents et amis ou vice-versa. Il n ‘y a pas encore longtemps une histoire de 37 passagers venus de Chine restés injoignables défrayait la chronique sur les réseaux sociaux. C’est réaliser l’étendue de la menace qui plane aujourd’hui sur le pays.
Il faut aussi relever que le déficit ou la rétention expresse de l’information représente un danger dans un pays comme la Côte d’Ivoire très sensible à la rumeur. Il importe d’informer et de sensibiliser pour sauver des vies. La France, un pays plus équipé, est consciente de ce que représente la communication en période de crise sanitaire, c’est pourquoi elle n’a pas caché l’infection d’un membre du gouvernement, notamment le Ministre de la Culture. Tout cas de contamination ou de décès est immédiatement annoncé. Au regard de la gravité de la situation, il y a urgence de mettre en place un dispositif de communication pour la gestion de cette crise sanitaire.
Rappelons que dès le déclenchement de cette pandémie, la Côte d’Ivoire a été désignée comme l’un des pays les plus exposés au virus à cause de la densité de ses échanges commerciaux avec la Chine. Il est donc difficile de comprendre l’absence de vigilance des autorités sanitaires face à cette pandémie venue d’Asie de l’Est. Pourquoi le gouvernement ivoirien ne ferait-il pas venir des médecins spécialistes cubains dont l’expérience est reconnue dans le monde entier?
En attendant, dans la main courante à Abidjan, plusieurs interrogations inquiétantes alimentent les causeries de quartier.
Comment se passe le contrôle sanitaire aux frontières connues comme des passoires? Quelles sont les dispositions qui sont prises pour les villes de l’intérieur? Le gouvernement ivoirien dit-il la vérité sur l’état épidémiologique? Quelles sont les mesures en vigueur en cas de grande propagation du virus?