Événement inédit depuis 36 ans, la Corée du Nord s’apprête à ouvrir, vendredi 6 mai, à Pyongyang, le congrès du Parti des travailleurs, destiné à renforcer le pouvoir du numéro un Kim Jong-Un. Il s’agit du plus important rassemblement du parti unique au pouvoir, depuis 1980, alors que la communauté internationale s’inquiète de l’éventualité d’un cinquième essai nucléaire nord-coréen.
L’allocution du jeune dirigeant, qui n’était pas né lors du précédent congrès, sera scrutée par des observateurs à la recherche de signes éventuels de changement de ligne ou de personnes parmi l’élite du pays. Les quatre années de Kim Jong-Un au pouvoir ont été marquées par de fréquents remaniements au sein de son premier cercle, avec purges et exécutions.
Nouveau comité central, nouveau bureau politique
Le précédent congrès du parti, en 1980, avait consacré son père Kim Jong-Il comme héritier du fondateur de cette dictature dynastique Kim Il-Sung. L’objectif du congrès, qui pourrait durer quatre à cinq jours, sera d’asseoir la place incontestable de Kim Jong-Un en tant que chef suprême de la Corée du Nord et héritier légitime de ses grand-père et père. Le Congrès, auquel participent des milliers de délégués venus de tout le pays, va également élire un nouveau comité central, qui désignera à son tour le bureau politique. Il devrait également confirmer, comme doctrine du parti, la stratégie du «byungjin» initiée par Kim Jong-Un, à savoir le fait de mener en tandem le développement économique et des programmes nucléaire et balistique.
Depuis l’arrivée du dirigeant au pouvoir en décembre 2011, après le décès de son père, la Corée du Nord a mené deux essais nucléaires et deux tirs réussis de fusée, généralement considérés comme des essais déguisés de missiles balistiques. Malgré les condamnations, doublées de sanctions, émises par la communauté internationale, la Corée du Nord a poursuivi ses efforts pour obtenir une dissuasion nucléaire crédible, à l’aide de tests de missiles et essais techniques complémentaires et revendiquer un statut de véritable puissance nucléaire pour son pays.
Les spécialistes de l’Institut américano-coréen de l’université Johns-Hopkins ont estimé jeudi, sur la foi des dernières images satellite du principal site nord-coréen d’essais nucléaires, à Punggye-ri, que rien ne permettait de se prononcer sur l’imminence ou non d’un essai. Le gouvernement sud-coréen estime, lui, que le Nord est prêt à mener un test dès que l’ordre en sera donné.
Des journalistes étrangers ont été invités à couvrir le congrès dans ce pays habituellement méfiant à l’endroit des médias. Les préparatifs de l’événement ont mobilisé le pays tout entier pendant 70 jours, campagne dénoncée par l’organisation de défense des droits de l’Homme Human Rights Watch comme du travail forcé.