Par la Rédaction – Afriquematin
Le 1er décès a été enregistré dans la soirée du dimanche 30 juin 2019. Puis, une, deux et trois personnes passeront de vie à trépas à partir de lendemain, lundi. C’est la stupeur dans le paisible village d’Abatta, commune de Bingerville (District d’Abidjan) qu’on relie abusivement au quartier chic de la Riviera.
Quand les autorités arrivent, le mardi sur place, après que la triste nouvelle ait envahie les réseaux sociaux comme une trainée de poudre, le Koutoukou, alcool fabriqué de façon artisanale à base de vin de palme, a déjà fait 6 morts. Environ 9 personnes se trouvaient dans le coma. Tout le monde est sous le choc. Des interrogations fusent de partout. Comment cette boisson très prisée par une bonne partie des ivoiriens est arrivée à causer la mort de plusieurs personnes ? De toute évidence, un produit mortel, un poison, a contaminé le fût de la vendeuse. Et tous ceux qui ont consommé ce jour-là, sans le savoir, venaient ainsi de signer leur arrêt de mort.
La réaction des autorités ne s’est pas fait attendre. Des fûts de près de 200 litres de la boisson mortelle sont saisis pour nécessité d’enquête et la tenancière mise aux arrêts. Le Préfet d’Abidjan fait fermer tous les débits de boissons, les restaurants et boutiques du village. En un mot, tous les espaces de grandes distributions de nourritures et de boissons sont fermés jusqu’à nouvel ordre. Un calme de cimetière règne sur le village.
Pour une prise en charge d’urgence des éventuels cas, une ambulance est stationnée devant le centre de santé rural du village, sur instructions des autorités. Elle se charge d’évacuer toute personne souffrant d’une moindre douleur abdominale, de vomissement ou présentant tout signe d’empoissonnement dans des centres de santé spécialisée. Mais le mal était déjà fait.
Alors, les commentaires vont bon train. Certaines personnes se montrent plus sceptiques sur le chiffre de 6 morts annoncé officiellement. Des sources bien introduites avancent même 14 morts dès la journée de mercredi 3 juillet 2019. Le nombre de personnes ayant bu la boisson empoissonnée pourrait être, en effet, plus grand. Car, ce « gbêlèdrome » (nom donnée au bistrot où l’on vend le koutoukou), fait-on savoir, ne désemplissait jamais.
Le drame est donc beaucoup grave ce que l’on croit. Et pour cause, le dimanche 7 juillet, une semaine après les « tirs » (verres) mortels, deux décès étaient annoncés au sein de la communauté villageoise. Ce qui porterait le chiffre officieux à 16 morts.
Mais face à la gravité de la situation, inutile de faire le décompte macabre des morts. Le drame est arrivé, malheureusement et plusieurs familles endeuillées sont inconsolables. Même le soutien financier du gouvernement ne pourra combler le grand vide laissé par ces innocentes dans le cœur de leurs proches. Des personnes qui n’avaient pas pris rendez-vous avec la mort. Ces jeunes qui voulaient juste « s’enjailler» sont tombés au mauvais endroit au mauvais moment. Cruel destin !