Par Haidmond Kaunan- correspondant/afriquematin.net
« Les sculpteurs tirent le diable par la queue. Nous n’avons pas de tuteurs, nous sommes des orphelins. Nous avons donc des difficultés pour joindre les deux bouts. Nous n’avons plus de rêve parce que nous sommes fatigués dans le désert ».C’est Sinimé Lamine, secrétaire général de l’association des sculpteurs de la commune de Koumassi et membre du bureau de la chambre des métiers qui s’exprime ainsi. Cet artisan visiblement déçu que nous avons rencontré dans son atelier, il y a quelques jours, n’avait pas du tout envie de se prêter à nos questions. Il n’exprime que la désolation. Pour lui, l’art ne peut plus faire vivre son homme. Il rappelle que l’association et la coopérative dont il est le responsable revendiquent plus de 300 membres. Elles ont toujours plaidé auprès des autorités communales pour qu’un terrain définitif leur soit octroyé. Avec pour ambition de construire un centre artisanal en vue de former d’autres générations et lui transmettre le savoir. Cependant, estime-t-il, cette ambition reste lettre morte étant donné que les sollicitations n’ont pas suite favorable « Quelques touristes viennent jusqu’à nous. Ils achètent des objets d’art mais arrivés à l’aéroport, ils n’ont pas la possibilité de faire sortir les souvenirs du pays. Et les clients sont obligés de retourner nos marchandises. Alors que pendant les contrôles à l’aéroport, on exige un papier de musée », dénonce-t-il.. Or il n’est pas facile pour tous de s’établir un papier de musée. Quand on sait que la plupart des leurs clients sont des visiteurs qui viennent à des colloques ou à des conférences et surtout avec la lenteur administrative qui est notre lot quotidien. Le représentant des sculpteurs de la commune de Koumassi parle également du manque criard de matière première. « Nous avons toujours travaillé avec des bois de récupération ou des déchets de bois que nous embellissons. Nous n’avons jamais importé du bois. Mais nous sommes aujourd’hui confrontés à des difficultés avec les services des Eaux et forêts. Au point qu’on a plus de matière première. On ne peut plus vivre de notre travail avec ces conditions devenues trop compliquées. On nous empêche de travailler. Quel avenir pour un peuple sans culture ? Se plaint-il. Avant de souhaiter qu’à l’aéroport, qui de droit allège les conditions pour les visiteurs pour emporter les souvenirs. Tout en proposant une permanence des services du musée à l’aéroport, arguant que c’est aussi grâce à l’artisan que la tradition se perpétue.