Par Haidmond Kaunan/afriquematin.net, envoyé spécial
De nombreux producteurs de cacao de la région de l’Indénié-Djuablin sont tristes et en colère. Ils crient à l’indignation et la maltraitance et au chantage…que leur font subir les multinationales. Ils dénoncent la trop grande exigence des exportateurs sur le grainage des fèves de cacao. Et pourtant ce sont les mêmes qui déclarent la région « zone rouge. » Des remorques de sacs de cacao sont refoulées et empêchés à la fois de retourner sur leur base pour être tamisés de crainte qu’ils soient vendus aux trafiquants ghanéens qui n’exigent aucune qualité exportable.
« A cause des changements climatiques dans notre région et certaines maladies toutes les fèves de cacao issues de nos plantations n’ont pas la même forme. Nous traitons le les fèves de cacao avant la livraison sur Abidjan. Nous sommes actuellement dans campagne principale et les exportateurs ont commencé à nous maltraiter. On ne sait à quel saint se vouer », explique, très soucieux Edja Adjéké,Pca de la société coopérative agricole d’Adaou ,dans la comme d’Abengourou. Tout en s’interrogeant sur le sort des producteurs pendant la campagne intermédiaire qui démarrera probablement à partir du mois de Janvier. Ebrottié Armel, secrétaire général d’une société coopérative à Niablé se veut plus explicite, « nous sommes confrontés à un problème de grainage avec les exportateurs.On nous demande à l’analyse, un grainage inférieur ou égal à 100 fèves. On le tamise avant la livraison mais si le produit se retrouve même 101 sur 100 à leur niveau votre cacao est refoulé et on le met sous scellé. On vous empêche de retourner le produit dans sa région d’origine de crainte que les trafiquants ghanéens l’achètent parce qu’ils n’exigent rien », confirme-t-il. Bado Ahmed, Pca de la société coopérative Anouanzè d’Aniassué renchérit en attirant l’attention de l’Etat et du conseil de café et cacao (CCC) sur ce qu’il appelle l’humiliation et la frustration. « L’Etat devrait être regardant sur ce dilemme. Ce sont les exportateurs eux -mêmes qui nous déclarent « zone rouge » et nous faisons des efforts pour sensibiliser nos producteurs qui sont tentés de vendre de l’autre côté de la frontière, nous collectons pour envoyer le produit sur Abidjan et vous nous frustrez. Comment devrions-nous faire? Nous sommes sans défense. Que l’Etat de Côte d’Ivoire prenne des mesures exceptionnelles pour nous sinon tout le cacao de la région va se vendre aux trafiquants ghanéens. C’est clair ! ». Et ce n’est pas Ngoran Akou Sévérin , Pca de la société coopérative Espoir de Niablé à Angouakro qui dit le contraire » Je ne sais pas ce qu’on veut de nous. J’arrive d’Abidjan. Une remorque de cacao m’a fait passer une semaine. Le cacao a été refoulé. On m’empêche de revenir tamiser le produit à domicile. Non seulement la location du véhicule à remorque nous coûte environ 400.000 francs pour la livraison mais chaque jour il faut payer de l’argent au propriétaire de véhicule et il faut louer un espace pour aller faire tamiser une seconde fois. Vraiment l’Etat a la solution à nous notre problème. Mais quel silence complice et coupable ? On nous pousse tous dans les mains des ghanéens », explique-t-il, très amer et très abattu. Aka Tano, le Pca de la société coopérative Prania de Niablé, estime quant à lui que ce sont les exportateurs qui favorisent la fuite du cacao vers le Ghana. « Ce sont les exportateurs eux -mêmes qui vont faire accentuer la fuite du cacao de la région vers le Ghana. C’est vrai qu’on a un problème grainage lié au changement climatique mais cette région est une terre de qualité. Nous, nous savons faire le cacao. C’est absurde ce qu’ils font. Vous ne financez pas les coopératives, quand on vous livre vous ne payez pas cash et c’est vous qui faites du chantage. C’est parce que nous sommes des producteurs patriotes que nous vous donnons notre cacao après tant de souffrance. Si vous nous poussez tous dans les bras des ghanéens aucun sac de cacao ne sortira d’ici et on voir à qui appartient les plantations. L’Etat qui devrait régler ce problème est au courant se tait. Il se contente de prélever sa part. On est vraiment fatigué d’être votre esclaves », menace -t-il, très amer.