Par Christ Zorro/ Afriquematin.net
Jamais de mémoire d’Ivoiriens, aucune élection n’a autant suscité de déchirure au sein d’une même coalition politique au point que des signaux alarmants et visibles par nombres d’observateurs politiques semblent conduire inexorablement la Côte d’Ivoire vers le précipice.
L’échéance électorale majeure de 2020 en Côte d’Ivoire et les enjeux liés à celle-ci a suffit pour fragiliser l’apparente solidité de la coalition des alliés du RHDP au pouvoir depuis le 11 avril 2011. Après l’accueil triomphal du discours du président Bédié le 17 septembre 2014, discours qui appelait les partis membres du RHDP à soutenir la candidature unique du président Alassane Ouattara pour la présidentielle de 2015, des voix discordantes, à l’approche de 2020, s’élèvent au sein des partis membres du RHDP.
Des cadres du Rassemblement Des Républicains(RDR) contestent ouvertement l’appel du président Bédié. De Cissé Bacongo à Joël N’guessan en passant par Amadou Soumahoro, le ton semble le même : le RDR n’est pas prêt de lâcher le grappin sur ce que ses militants considèrent comme une acquisition résultant de dures labeurs. Pour Joël N’guessan : « le RDR aura son candidat, c’est une certitude ». Même son de cloche chez le député de Bouaflé Adié Dominique, cadre RDR : « Alassane Ouattara se porte bien et Alassane Ouattara sera président de la Côte d’Ivoire après 2020 ». Pour l’ex-ministre de la construction, Mamadou Sanogo : « Le chef de l’Etat Ivoirien Alassane Ouattara n’a pris aucun engagement concernant sa succession quant à l’élection présidentielle de 2020 ».
Au sein du Parti Démocratique de Côte d’Ivoire(PDCI), des voix s’élèvent pour crier à la trahison. Après le dégommage de certains cadres comme Jean Louis Billon de la présidence du conseil régional du hambol et Niamien N’goran de son poste d’inspecteur d’Etat, le PDCI et le RDR semblent désormais à couteaux tirés et ne se cachent plus pour se lancer des pics par médias et leaders interposés. Pour le président du PDCI : « le candidat du RHDP sera issu de mon parti ».
L’escalade verbale au sein des alliés d’hier s’étend de plus en plus au niveau des cadres du RDR issus de l’ex-rébellion, les Forces Nouvelles. Lorsque le président de l’assemblée nationale, Guillaume Soro, ex-leader de ce mouvement, s’est vu mis en minorité après le constat d’un hypothétique soutien des principaux leaders du RHDP, ses partisans se sont aussitôt mis en branle bas. La création des mouvements de soutien, pour les observateurs avisés du paysage politique Ivoirien, ne répondrait qu’à une mise en évidence de l’implantation de son mouvement sur toute l’étendue du territoire Ivoirien. Ainsi, le secrétaire général de l’amicale des forces nouvelles, Sékongo Félicien, n’avançait-il pas à lancé à l’endroit des responsables politiques de son parti ayant pris cause pour Ouattara : « Il nous est inconcevable que des responsables politiques fassent appel à la primauté de la conscience d’appartenir à un groupe tribal déterminé au détriment de celle ayant attrait à la nation ».
Que retenir de cette guéguerre entre les alliés d’hier ? L’évidence de prémices de futures exacerbations du tissu social et d’une résurgence des démons du passé récent de ce pays qui continuent encore de hanter la mémoire collective. En effet, la capacité de nuisance des Forces Nouvelles reste intacte si l’on s’en tient à la cache d’armes récemment découverte chez le Chef de protocole du président de l’assemblée nationale. Peut-on être sûr de la réussite du programme de démobilisation et de réinsertion des ex-combattants dans un pays ou un mystérieux commando s’emploie à narguer les autorités en attaquant impunément les écoles de police et de gendarmerie, et les commissariats de certaines villes de l’intérieur ? Aucune garantie à ce sujet. Les alliés du RHDP, ceux qui ont farouchement combattu le pouvoir des ‘’Refondateurs’’, n’ont pas lésiné sur les moyens pour faire tomber le pouvoir du président Laurent Gbagbo. Résultat : Une armée qui est loin d’être républicaine et qui fait chanter l’exécutif au gré de ses convulsions. La grande muette ne semble plus l’être au grand dam de la quiétude des contribuables. La Côte d’Ivoire court un périple. Et c’est certains avec le ‘’combustible’’ que constitue la course au pouvoir pour les anciens alliés du RHDP.