Enquête réalisée par Haidmond Kaunan /afriquematin.net
« La filière couture et coiffure », appelée ironiquement « Série C », avec l’essor du phénomène de la mode connait un véritable boom. Conséquences, ateliers, salons, centres de formation et autres écoles de couture et de coiffure poussent comme des champignons en Abidjan et dans les villes de l’intérieur du pays. De même ce secteur draine un nombre important de jeunes filles en quête de formation qualifiante. Avec le rêve d’obtenir un emploi au bout. Mais combien d’entre elles s’en tirent-elles à bon compte? L’univers de ces jeunes filles élèves couturières et coiffeuse est-il toujours rose?
Tenues uniformes variées pour les élèves couturières, blouses blanches, roses…pour les coiffeuses, elles prennent chaque jour le chemin de l’école, à l’instar de leurs camarades des établissements scolaires. Celles-ci, pour la plupart déscolarisées, quelques fois analphabètes, sont des jeunes filles en quête de formation en vue d’un emploi. Celles qui y arrivent de plus en plus avec un niveau d’étude moyen 3ème disent avoir choisi cette branche par vocation, par amour du métier. En ce qui concerne la couture, il faut distinguer les centres de couture, instituts et écoles de formation agrées par le ministère de l’enseignement technique. où les filles apprennent sur le tas. Dans le premier cas, du fait que les enseignements comportent un volet académique dans les centres les filles doivent avoir un minimum d’instruction, selon le cycle. Aussi sortent-elles de là avec un profil de formation sanctionnée par un diplôme de fin de formation. Puis il y a des filles apprenties-coutures qui apprennent le métier aux côtés d’un patron ou une patronne. Dans le métier de coiffure la formation se déroule dans un salon. Les écoles de formation pour la coiffure n’étant pas encore développées malgré une timide amorce.
Situation précaire
Pour ces jeunes filles issues en général des milieux modestes dont beaucoup ont interrompu leur scolarité fautes de moyens financiers des parents, la vie n’est pas toujours rose. En effet, trouver des moyens pour terminer la formation, n’est pas évident. Et ce, en dépit de la relative modicité des frais. A ce niveau s’ajoutent les centres de formation où l’on paie plus cher. En ce qui concerne la couture et la coiffure dans les ateliers et salons de coiffure les frais d’inscription n’excèdent pas les 20.000(vingt milles) francs auxquels s’ajoutent 5000 à 8000 francs à payer chaque fin de mois au parton ou à la patronne. Les filles qui sont toujours à la charge de leur famille connaissent une formation stable. Mais il peut arriver que les parents s’essoufflent en milieu de parcours. Obligeant l’élève couturière ou coiffeuse à interrompre sa formation ou à chercher d’autres recours. Mlle Suzanne Touré, en apprentissage dans un atelier de coiffure à Adjamé Habitat-extension explique son cas. « Au début mes parents payaient 5000 par mois jusqu’à ce qu’ils disent être essoufflés. Ma chance, c’est que j’ai des rapports étroits avec la patronne. Elle m’a donc gardée. Cependant je ne suis pas à l’aise, elle me demande un peu trop comme condition ».
L’auto-emploi
D’autant plus que nos jeunes filles qui se sont orientées dans ce secteur comptaient sur la promesse des parents, un amant, un fiancé ou d’un conjoint. Toute chose qui nécessite des équipements. Promesses toujours pas tenues. Même si certaines, plus chanceuses, s’en tirent à bon compte. « Mon fiancé voulait que j’aie une formation pour que je fasse quelque chose de solide. Il m’avait inscrite dans un centre de formation et après mes 3 ans il m’a aidée à m’installer et équiper mon atelier », confie toute heureuse, A.S.Cependant la vie n’est pas similaire pour toutes les filles. Sachant que d’autres, surtout des coiffeuses sont obligées de travailler dans le salon d’une patronne comme employée moyennant un salaire de misère.
Il est donc important que ces jeunes filles qui ne manquent pas de courage, soient réellement soutenues après leur formation car nombreuses d’entre elles sont celles qui, face aux premières difficultés, baissent les bras pour se livrer à des activités peu honorables.