Spécialiste d’unités de soins (SUS) et présidente de l’ONG Sœurs d’Afrique, Mme. Traoré Karidjatou épouse Kouassi a été portée à la tête de la plate-forme des Organisations Non Gouvernementales réunies autour du CIDEC (Cercle Ivoiro-Indien pour le Développement Economique et Culturel) le 10 juin 2017. Femme d’ouverture et très engagée pour le développement de son pays, elle explique, dans cet entretien, ses grandes ambitions pour la Côte d’Ivoire.
Qu’est-ce qui a motivé votre adhésion au CIDEC, ce grand réseau d’ONG ?
Le CIDEC est une plate-forme dont les ONG membres ont décidé de travailler ensemble, main dans la main, dans une dynamique de solidarité associative pour aider chaque structure membre à atteindre ses objectifs par la mise en œuvre effective de leurs objectifs et de leurs programmes d’action. L’autre aspect qui a concouru à mon adhésion à cette importante plate-forme concerne les actions même du CIDEC, lesquelles se proposent de contribuer au renforcement de la coopération entre l’Inde et la Côte d’Ivoire au travers de programmes développement efficients, réalisables et profitables pour notre pays. Le CIDEC est la carte de la dernière chance, une mine d’or pour les Ivoiriens et vous saurez pourquoi.
Que propose concrètement le CIDEC, cette plate-forme que vous présidez pour dire pourquoi ?
On ne peut parler de ce que propose le CIDEC sans partir de l’histoire de nos Etats africains. En effet, il a été constaté que l’Afrique a eu ses premiers contacts avec la civilisation occidentale au 19è siècle. Ce fut en 1893 pour la Côte d’Ivoire, lorsqu’elle est déclarée colonie française. Cette colonisation nous a contraint à nous dépouiller de nos valeurs et de notre culture considérée comme barbare et indigène pour épouser la civilisation occidentale. Nous sommes allés à leur école et appris leur langue. Après 60 ans nous avons été déclarés suffisamment aguerris et bien formés pour voler de nos propres ailes. L’indépendance nous a donc été octroyée. Sous-développés à cette époque ou si vous voulez, pays en voie de développement, nous devrions aller vers le développement. La quête de Canaan nous a pris encore 60 ans. Au total 120 ans de contact avec la civilisation occidentale sans parvenir pour autant au niveau de développement souhaité. Il faut alors avoir le courage d’affirmer que cette civilisation qui nous a dépouillés de nos valeurs originelles, est un échec d’où la nécessité de porter nos regards vers d’autre modèles de développement. Nous avons, pour ce faire, choisi de nous tourner vers l’Asie et en particulier vers l’Inde, un pays qui a réussi à triompher, à se hisser au sommet des nations puissantes, en s’appuyant sur ses valeurs culturelles. Le diptyque Culture-Développement est indissociable. Pour revenir alors à votre préoccupation, il semble assez clair que le CIDEC propose d’abord un nouvel esprit, une nouvelle vision, une nouvelle politique de développement mais surtout un nouveau partenariat sud-sud qui prenne en compte les aspects scientifiques, technologiques et industriels. Les jeunes ivoiriens aujourd’hui doivent être capables de fabriquer des clés USB, des cartes mémoires, des ordinateurs, des jeux vidéos, ce qui n’a pas été le cas après 120 ans de collaboration avec l’occident. Travailler avec les Indiens ne signifie pas arrêter avec nos anciens partenaires. L’Etat ivoirien peut continuer ses relations économiques avec les autres mais le CIDEC lui privilégiera la coopération avec l’Inde à tous les niveaux.
Comment comptez-vous-y arriver quand on sait l’attachement de nos gouvernements aux occidentaux ?
Nous n’œuvrons pas pour un divorce d’avec les occidentaux mais demandons simplement de diversifier les partenariats. Nous sommes soucieux du développement de notre pays et j’en suis convaincue, le président actuel et son premier ministre, qui sont des personnes d’ouverture partagent déjà nos préoccupations. Quant à la démarche pour y arriver, elle est toute simple. Nous allons rencontrer tous les présidents des institutions y compris le président de la république lui-même, pour leur expliquer le bien-fondé de notre action. De même, nous irons en Inde pour plusieurs séances de travail avec le gouvernement afin de définir ensemble le cadre d’exécution de ce nouveau partenariat.
Avez-vous des actions concrètes à mener pour marquer ou ponctuer cette coopération envisagée ?
Nous prévoyons des jeux ivoiro-indiens, des ateliers sur les investissements indiens en Côte d’Ivoire, des foires et salons aussi bien à Abidjan qu’à New Delhi, l’ouverture d’un bureau dans la capitale indienne, la construction de centres de formation scientifique et technologique et surtout la réalisation de grands projets de développement dans le domaine ferroviaire et agricole.
Quelles sont vos attentes à présent ?
Je voudrais tout simplement demander aux différentes ONG de la plate-forme d’être mobilisées et entièrement engagées pour la cause parce que les jours à venir seront très déterminants à cause du volume de travail à faire. Pour terminer, je demande au premier ministre de s’apprêter déjà à recevoir les dix dames des ONG de la plate-forme parce qu’il est le parrain naturel de cette oranisation.