La Chine est aujourd’hui sans aucun doute le plus grand partenaire commercial de l’Afrique, avec des échanges qui, à la fin 2016, ont atteint les 114 milliards de dollars, soit environ 14% du commerce international réalisé par les pays du continent. Toutefois, les matières premières ont continué de représenter plus de 80% du total des importations chinoises en provenance d’Afrique. Les volumes de produits manufacturés eux sont demeurés faibles, à 7%, bien que leur part était en légère augmentation. Ainsi, dans leurs différentes stratégies de diversification, les pays africains ont misé sur une Chine, qui avait besoin de leurs minerais pour la réalisation de nombreux investissements infrastructurels. Mais cet âge d’or semble bientôt dépassé. L’économie chinoise fait face à une série de vents contraires qui, à terme, pourrait négativement impacter les besoins exprimés pour les matières premières africaines.
Une baisse du rythme des investissements qui plombera la demande chinoise pour les matières premières africaines
Cette baisse dans le rythme du développement des infrastructures en Chine est liée à plusieurs facteurs. L’un d’eux est que le gouvernement du président Xi Jinping, est en train d’évaluer l’efficience du stock des infrastructures actuelles. Le deuxième réside dans la volonté de réduire le poids de la dette publique du pays. En 2016, les banques chinoises ont accordé un volume record de prêts de 12 650 milliards de yuans (1880 milliards de dollars), le gouvernement ayant encouragé les mesures de relance financées par le crédit pour atteindre son objectif de croissance économique. A la fin du mois de mars 2018, l’encours global des prêts accordés aux entités publiques en Chine, atteignait les 5963,4 milliards $, représentant 47% du produit intérieur brut.
Face à ces contraintes qui menacent les ambitions d’investissement de la Chine, les analystes de l’agence américaine de notation Moody’s, ont estimé, qu’une opportunité pour l’Afrique, réside dans la migration de ce pays vers une économie de consommation. Mais les bénéfices de ce changement seront différemment ressentis par les pays du continent. La demande chinoise pour des produits comme le cuivre, le cobalt et l’aluminium restera forte. Ces métaux non ferreux sont largement utilisés pour produire des voitures, des appareils électroniques domestiques et des transports susceptibles de bénéficier de la consommation chinoise. En outre, l’initiative « Made in China 2025 » devrait également accroître la demande pour ces métaux. Toute chose qui bénéficiera à des pays comme la République Démocratique du Congo ou encore la Zambie.
De même, les analystes de Moody’s font savoir, que les exportations de produits alimentaires vers la Chine, telles que les oléagineux (huiles végétales), ont également augmenté au cours des dernières décennies et que cela devrait continuer. Cela profiterait à des pays tels que le Sénégal ou encore l’Éthiopie, un pays où la Chine investit massivement. Enfin, l’augmentation des niveaux de revenus en Chine implique également un changement des préférences de consommation vers des produits et des expériences plus sophistiqués, tels que le tourisme.
Les arrivées de touristes internationaux en Afrique ont déjà augmenté de 8,1% en 2016 selon l’Organisation mondiale du tourisme. L’arrivée des touristes chinois en Afrique reste modeste (1,5% du total des touristes chinois sortants), mais ils ont augmenté de 30% par an depuis 2012.
Une consommation menacée par une hausse importante de la dette des ménages
Sur cette opportunité que la consommation chinoise représente pour l’Afrique, plane tout de même une grosse hypothèque. C’est celle de la structure des revenus et de la dette des ménages de ce pays. Selon des statistiques officielles chinoises, depuis 2007, la part de la production de richesse nationale chinoise destinée aux ménages a diminué, de 46% à 42% du PIB. Le reste du revenu national de la Chine est principalement capté par les entreprises contrôlées par le gouvernement et leurs dirigeants d’élite. La part du revenu des ménages a diminué d’environ 1 point de pourcentage rien qu’en 2017. A côté de cela, on a aussi pu observer une baisse de la valeur des actifs boursiers. Depuis le début 2018, le principal indice de la Bourse de
Source : agenceecofin.com