* Par Nazaire Kadia
Indépendants dans les années soixante (60), les pays Africains Francophones courent depuis cette période après le développement. Plusieurs défis jalonnent leurs parcours notamment construire des infrastructures, financer l’éducation et la santé, fournir en zone rurale et urbaine les commodités de première nécessité, disons, assurer le bien-être des populations. Presque soixante ans après quel bilan peut-on établir? Les objectifs fixés ont-ils été atteints ? Quelles difficultés rencontrent-ils ? Nous vous présentons la troisième et dernière partie de cette contribution.
Un des défis auxquels doivent faire face les pays Africains Francophones est l’omniprésence étouffante de l’ancienne puissance coloniale : la France. Il est de notoriété publique qu’aucun des Etats de cette aire ne peut se donner un dirigeant, sans l’aval de la France. Son souci permanent est de contrôler les présidents dont beaucoup sont ses « sous-préfets » qu’elle manipule à sa guise. Seuls ceux qui veillent sur ses intérêts ont tous les qualificatifs même s’ils sont vomis par leur peuple. Ceux des présidents qui ont des velléités de se sortir de cette nasse, d’œuvrer pour les intérêts des populations, font l’objet de coup d’état, d’assassinat ou on leur crée une rébellion. Les cas sont légion et connus de tous.
Cette présence étouffante est un frein au développement. Dans ces pays, les entreprises Françaises se voient octroyer de nombreux gros marchés sans concurrence et ont souvent des positions de monopole. Peu importe la qualité des prestations servies, peu importe le coût élevé de ces prestations. Il n’y a qu’à ce prix que les présidents Africains peuvent avoir la Paix. Et la confession de Jacques CHIRAC au sujet du pillage dont font l’objet les pays Africains par la France, est très édifiante.
Il reste évident que cette façon d’agir ne peut nullement conduire nos Etats au développement et le bien-être des populations dans ce cas, n’est pas une priorité. Mais pire, tous ces Etats Africains ont signé à la veille des indépendances des accords léonins avec la France qui lui donnent carte blanche pour piller et appauvrir nos Etats. Et les conséquences sont incalculables. Que peut-on retenir de soixante années « d’aide » de la France aux pays africains de sa sphère d’influence ? Que peut-on retenir de toutes ces années de coopération ?
On retient que les Etats Africains Francophones sont parmi les plus pauvres du monde ; que sa jeunesse avec ou sans diplôme n’a aucune perspective sur place et sa solution, c’est de braver le désert du Sahara et les vagues de la Méditerranée pour aller grossir la masse des migrants aux portes de l’Europe. La sortie des autorités italiennes à ce sujet est des plus éloquentes ! Il y a également le carcan du franc CFA que les spécialistes de la monnaie ont longuement développé.
Pour pouvoir prendre notre destinée en main, et être seuls comptables de nos réussites ou de nos échecs, il urge que nous nous débarrassions du carcan que représente l’omniprésence Française qui étrangle toute action, pesante sur nos choix de politique économique et même dans le choix de nos partenaires économiques. Il faut que nous arrivions à une coopération décomplexée d’égal à égal et dans un rapport gagnant -gagnant. Il nous faut sortir du rapport du cheval et du cavalier.
Au total, le développement de l’Afrique en général et de l’Afrique Francophone en particulier ne se fera que lorsque nous aurons le courage d’opérer des ruptures avec ce qui a cours jusqu’aujourd’hui. Opérer des choix volontaristes et dirigistes pour tirer les économies vers le haut, baisser de façon drastique la dépendance à l’égard des financements extérieurs, appendre à vivre selon nos moyens doivent être notre crédo. Il est également nécessaire de mettre fin aux investissements de prestige qui ne profitent qu’à ceux qui prêtent l’argent.
Il est tout aussi d’une absolue nécessité de dénoncer les accords secrets signés avec la France au début des indépendances ou à tout le moins les réécrire dans une perspective de relations « gagnant-gagnant ». Il n’y a qu’à ce prix que nous pourrons assumer pleinement nos réussites et nos échecs. Soyez sans crainte, je suis dans la révélation. L’ivraie sera séparée du vrai. Demain nous appartient…Dieu voulant
*Analyste politique