Par Ablizangoh Wakatê/afriquematin.net
La rétrocession de la base militaire française à la Côte d’Ivoire représente un changement dans l’architecture de la présence militaire française en Afrique. Le président ivoirien Alassane Ouattara a annoncé le départ de ses troupes dès ce mois de janvier. Comment expliquer une telle décision ? Quel a été sa mission réelle en terre ivoirienne ?
L’armée française a joué un rôle crucial en Côte d‘Ivoire, notamment à partir de 1990, dans un contexte de relations étroites entre les deux pays. Son implantation en terre ivoirienne a pris plusieurs formes au fil des années, principalement sous l’égide de l’opération Licorne et plus largement au sein de la coopération militaire bilatérale.
De 2004 à 2014, cette armée a été déployée en Côte d’Ivoire après le déclenchement de la guerre civile en 2002, qui a divisé le pays en deux, entre, notamment le gouvernement légitime de Gbagbo Laurent et les rebelles de Forces nouvelles dans la partie nord du pays. La France a alors envoyé des troupes pour soutenir le processus de paix, protéger ses ressortissants et d’autres étrangers présents sur le sol ivoirien.
L’opération a été menée dans un cadre international, avec l’accord de l’Onu et avait pour mission de maintenir un cessez le feu, de protéger les civils et de soutenir la mise en œuvre des accords de paix de Linas-Marcoussis.
L’armée française avait également pour rôle de servir de force de maintien de la paix, en collaboration avec l’Onu et les forces ivoiriennes pour éviter l’escalade des conflits armés en empêchant des exactions contre les populations civiles. Elle a été perçue comme un acteur important dans la gestion de la crise, bien que certaines critiques aient suggéré que la France agissait en fonction de ses intérêts géopolitiques et économique dans la région.
Concernant la crise post-électorale, elle a joué un rôle dans la protection de civils, et la gestion de la situation, en soutenant indirectement les forces pro-Ouattara, tout en restant officiellement neutre. Elle a été impliquée dans des actions de sécurité autour de la capitale économique en particulier dans des zones sensibles comme l’aéroport.
L’implication militaire française en Côte d’ivoire a parfois été critiquée, notamment par certains partisans de Gbagbo, qui ont accusé la France de soutenir Ouattara et de favoriser des intérêts économiques et politiques au détriment de la souveraineté ivoirienne. Des accusations ont également été formulées sur l’usage disproportionné de la force et sur le rôle de la France dans le renversement de Gbagbo, surtout lors des évènements de 2011.
En conclusion, l’armée française en Côte d’Ivoire a essentiellement agi dans ses missions de maintien de la paix, de soutien à la stabilité politique et de protection des civils, mais son rôle a également été l’objet de débats en raison de ses implications dans les dynamiques internes et des critiques de ses interventions dans des contextes de guerre civile.