France Médias Monde a appris avec un immense chagrin la disparition brutale, le vendredi 26 mai, de Jean-Karim Fall à l’âge de 59 ans. Il était en mission à Taormine, en Sicile, où il couvrait le Sommet du G7 pour France 24.
A RFI, certains l’avaient rebaptisé « tonton ». C’est dire tout le respect que lui vouaient ses collègues. Les plus jeunes en particulier qui voyaient en lui un modèle dans la profession. Tonton fligueur parfois, car Jean-Karim Fall était exigeant. Mais toujours avec humour.
En deuxième partie de carrière, il était devenu un habitué des voyages officiels et des grands sommets africains. Mais s’il savait les faire « vivre » à l’antenne, c’est parce qu’il s’était nourri d’années et d’années de terrain africain. Personne n’avait oublié ses grands faits d’armes : la guerre civile au Liberia, la première crise Ebola au Zaïre, il était l’un des rares à s’être rendu au coeur de la zone infectée.
Journaliste tout terrain, mais pas tête brûlée. De son adolescence au Niger, Jean-Karim Fall avait gardé l’art de la palabre y compris avec les militaires, ce qui lui permettait de savoir calmer le jeu au besoin.
Percutant lors de ses interviews avec les chefs d’Etat, Jean-Karim Fall se faisait peu d’illusion sur les coulisses parfois peu reluisantes de la politique africaine. Mais il n’en était pas devenu cynique pour autant. Car il aimait ce continent et cultivait son sens de l’humour. Y compris face aux pressions.
Parmi les anedoctes, qu’il aimait raconter, citons ce jour où chez lui à Kara, au Togo, le président Gnassimbé Eyadema l’avait accueilli en lui disant « vous ne travaillez pas pour RFI mais pour RFaux ». Faux évidemment.
L’un des plus éminents spécialistes du continent africain
Un père sénégalais et une mère français, dès sa naissance en 1958 Jean-Karim Fall partage son coeur entre la France et le continent africain. Il passe une partie de son adolescence au Niger et très tôt aux côtés de son père, le ministre diplomate sénégalais Kader Fall, Jean-Karim fréquente les grandes figures africaines de l’époque.
Il rentre ensuite en France, à Toulouse, où il va à l’université puis Lille, où il étudie le journalisme au sein de la prestigieuse ESJ, l’Ecole supérieure de journalisme.
A sa sortie, c’est tout naturellement qu’il se tourne vers RFI où il est embauché en 1984.Très vite Jean-Karim Fall fait ses preuves, devient grand reporter et multiplie les terrains difficiles. La guerre du Golfe en 1990-91, la guerre civile au Liberia, les émeutes anti-françaises à Port-Gentil.
Puis il retourne s’installer en Afrique. Envoyé spécial permanent de RFI à Abidjan entre 1992 et 1995, puis à Libreville, mais là il ne reste qu’un an car en 1996 il est rappelé à Paris pour prendre la tête du service Afrique. Poste qu’il occupe presque sans discontinuer jusqu’en 2012.
De ces années, les auditeurs se souviendront entre autres de sa couverture des grands sommets africains. En 2012, il quitte RFI mais pas le continent dont il est devenu l’un des plus éminents spécialistes, et qu’il continue à suivre avec passion pour France 24, qui le nomme rédacteur en chef.
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