Par Michel Mangou – Afrique Matin.Net
Présidente des artistes de Guibéroua (centre Ouest de la Côte d’Ivoire) et chargée de Communication Europe et Amérique de l’association des artistes AZODE basée à Paris, Fabriss Atitoh était en mission aux bords de la lagune Ebrié. Un séjour qui lui a permis de faire le tour d’horizon de sa carrière et de porter les bonnes nouvelles d’AZODE aux artistes en difficulté par le canal de votre journal Afrique Matin.Net.
Qu’est-ce qui vous amène à Abidjan?
Ça fait une semaine que je suis là. J’avais un contrat sur Guiberoua que je devais honorer rapidement donc je suis arrivée un vendredi à 23h et le lendemain matin j’étais déjà à Guiberoua. A présent, je suis à Abidjan pour une tournée de notre association AZODE parce que nous avons une grande ambition.
Que doit-on savoir sur ta discographie ?
J’ai un seul album et le deuxième sort bientôt, en avril prochain. Il s’intitule ZAKPAHA et comporte 8 titres avec pour morceau phare MANAN AFRICA. Il a commencé à être diffusé déjà sur certaines chaines et l’accueil semble favorable. J’ai rendu hommage à Ernesto Djédjé avec du Zigibity.
Pourquoi avoir choisi le tradi-moderne sachant que les jeunes comme vous font du coupé décalé ?
Pour moi un artiste doit faire un peu de tous les genres musicaux. A la base, je suis danseuse et jai fait le Kiyi M’boch. Pour moi un artiste doit avoir une base dans laquelle toute les couches sociales se retrouvent. Lorsqu’un artiste a une bonne base, il reste éternel et toutes les générations peuvent l’écouter. En musique, il ne s’agit pas de faire du bruit mais il faut avoir une bonne base pour rester longtemps sur la scène.
Comment trouvez-vous l’évolution de la musique ivoirienne ?
L’avenir de la culture ivoirienne est prometteur. La culture ivoirienne est très bien vendue. Il est vrai qu’on nous reproche de faire trop de bruit mais la culture ivoirienne se vend bien. Aujourd’hui partout dans les foires, carnavals en Europe, les masques dan, wè sont très bien prisés. La culture ivoirienne se porte bien parce que chaque génération apporte ce qu’elle peut. Aujourd’hui à travers les groupes comme Magic system, Dbé Gnaoré, en Belgique la musique ivoirienne est écoutée partout dans le monde. Je conseille à mes collègues artistes de miser sur la musique du terroir même quand ils font du coupé décalé. On doit sentir la tradition, la culture ivoirienne à travers les tenues vestimentaires, les chorégraphies et les tonalités dans ce qu’ils font.
Avez-vous déjà fait un brassage, un featuring avec un artiste étranger ?
Bien sûr, jai fait un featuring avec un artiste français louis Matignon. Il a fait du pur zouglou et moi J’ai fait du « AKOBO POUSSIERE » ; mais notre chanson n’est pas sortie parce que juste après il est entré en politique pour les élections législatives il Ya cinq ans de cela.
Que pensez-vous de ceux disent que la musique nigériane a pris de la hauteur sur la musique ivoirienne ?
Je peux le dire parce qu’ils font du commercial. Mais la musique Nigériane vient d’ici elle a pour origine le coupé-décalé, il faut le reconnaitre. La preuve, ils ne peuvent pas émerger sans passer par la Cote d’Ivoire. Mais seulement qu’ils sont assez plus professionnels, et on les voit un peu partout.
Quels a été l’accueil avec les artistes qui sont ici en Côte d’Ivoire et quels sont vos rapports avec eux ?
D’abord je connais pas mal d’artistes parce que j’ai été danseuse avant de partir en Europe. Les rapports sont bons parce que je suis aussi la maman des artistes tels que Molière quand il vient France il vient régulièrement chez moi. Et jai connu ici certains artistes avec qui je n’avais pas de relation notamment Nelly Djouman et bien d’autres. Dans l’ensemble, ça va.
Il y a beaucoup d’artistes en exil en ce moment. Aujourd’hui, comment trouvez-vous l’ambiance par rapport entre artistes ?
Ici en Côte d’Ivoire, je ne fréquente pas vraiment les artistes mis à part ceux qui sont en Europe. Mais je pense qu’il y a une cassure. J’ai suivi récemment le concert de Meiway mais il n’y avait pas d’engouement comme par le passé. Je ne dis pas qu’il a tapé « poto » mais c’est tout comme. Certains ne vont pas au concert de d’autres parce qu’ils sont de tel bord, il y a une réelle cassure. Mais je crois qu’on doit mettre la culture ivoirienne au centre de tout ce que nous faisons en restant soudés.
A propos de votre album, de quoi parle-t-il?
Il parle un peu de tout. MAMAN AFRICA qui est le titre principal, les guerres à n’en point finir, la famine, l’argent et des hommes. Cependant, il ne faudrait pas qu’on se dise que l’Afrique est miséreuse car nous avons des potentialités pour réussir et nous devons rester fiers de ce que nous sommes et nous armer de courage pour développer ce beau continent.
Quels sont vos projets pour les artistes de Côte d’Ivoire ?
Je suis présidente des artistes de Guibéroua en France et j’ai pour ambition de produire des artistes de Guibéroua et faire leur promotion. Il y a des artistes de Guibéroua désireux d’être produits, je suis à leur disposition pour les accompagner afin de réaliser leur rêve. Après, si le ministère m’accorde tous les documents, je pourrai produire d’autres artistes mais pour le moment je produis les artistes de chez moi.
Vous retournez quand en France ?
Le 26 février
Vous préparez un grand événement pour juin. De quoi s’agit-il ?
Il s’agit des 10 ans d’ADODE . AZODE en Bhété veut dire soyons uni, ayons la même vision. C’est une association qui prône la paix, la cohésion et l’union entre les fils et filles de Côte d’Ivoire. AZODE s’occupe de l’ensemble des artistes qui n’ont pas les moyens de produire leur album et organise des spectacles pour faire leur promotion.
Qu’est-ce que les artistes doivent savoir sur cette structure?
Ils doivent savoire qu’AZODE est une Association culturelle créée en 2007 pour promouvoir la culture ivoirienne dans toutes ses dimensions en France, dans toute l’Europe et même en Côte d’Ivoire. Elle est reconnue par le Ministère de la Culture et de la Francophonie de la Côte d’Ivoire. Nos activités tournent autour de l’organisation de spectacles, du soutien aux Artistes ivoiriens, de la production et la promotion de disque d’Artistes ivoiriens en France et en Côte d’Ivoire, de la décoration et du parrainage d’événements culturels. La Présidente d’AZODE est Mme SERI ELISABETH (REINE OUPO).
AZODE a fait sa première sortie le 6 Juin 2009 avec le groupe LES FILLES DE SAIOUA en France. Et plusieurs activités importantes ont été menées. Entre autres, la production en 2011 de l’album musical du groupe LES FILLES DE SAIOUA, l’organisation d’une grande soirée dans l’une des plus grandes salles dans le 18ème à Paris, le parrainage de la soirée de l’Artiste ZERE FULL, l’organisation d’une grande soirée avec GADJI CELY, plusieurs Artistes zouglou, et dix Artistes et groupes tradi-modernes de Côte d’Ivoire. Et en 2016, le parrainage de la dédicace de l’album de la grande FABRISS ATITOH. Et en 2015, nous avons produit l’album du groupe DJIBEHI CLUB de Guibéroua en Côte d’Ivoire.
Nous organisons la grande Fête Anniversaire des 10 ans de notre Association AZODE le Samedi 16 Juin 2018 au MOULIN BASSET à Saint-Denis en France, avec plusieurs Artistes de renom et la présence d’honorables invités. Et en Avril 2019, nous organisons le plus grand événement culturel jamais vécu en France pour rendre un vibrant hommage à toute la Côte d’Ivoire culturelle, dans l’une des plus grandes et mythiques salles de France. D’ici là, d’autres activités se tiendront. Et nous y reviendrons au moment opportun.
Quels sont les conditions d’adhésion ?
Il faut être artiste. AZODE est représenté aux Etats- Unis, en Europe et en Côte d’Ivoire. Je suis moi-même un produit d’AZODE donc je demande à tous les artistes d’adhérer à AZODE pour se faire produire.
Qu’est ce qui va se passer concrètement le 16 juin prochain ?
Cet anniversaire est d’abord une fête et c’est aussi l’occasion pour nous de faire le bilan de nos activités et aussi recenser nos frères et sœurs artistes qui sont dans le besoin afin de les produire. Cette cérémonie sera parrainée par François Ken’sy, Kena Ema et bien d’autres.