« Je note avec beaucoup d’amertume que le débat politique s’emballe particulièrement ces derniers temps au sein de notre grande famille des houphouétistes sur la question de l’interprétation de l’appel de Daoukro.
Après le triomphe éclatant du candidat du RHDP à la présidentielle de 2015, quelle doit être la prochaine étape ? devons-nous réaliser le parti unifié avant l’alternance ou vice-versa ?
Cette question me semble d’autant plus pertinente qu’au PDCI-RDA aujourd’hui, certaines personnes sont prêtes à trancher la tête à tout militant qui ose parler de parti unifié.
Tous les défenseurs du RHDP et du parti unifié sont voués aux gémonies, taxés de traîtres, de renégats et j’en passe.
La tolérance et le dialogue, des valeurs si chères à notre parti sont en train de céder du terrain à l’intransigeance et aux excès.
Avec du recul, j’ai compris que beaucoup n’ont pas relu le texte originel de l’appel de Daoukro depuis bien longtemps.
Je voudrais rappeler, à toutes fins utiles donc que dans la chute de son discours mémorable du 17 septembre 2014, à Daoukro, le Président Henri Konan Bédié disait : « L’objectif d’une telle candidature est double : d’abord, assurer le succès du RHDP aux élections de 2015 dans l’intérêt de la Côte d’Ivoire et de la paix. Ensuite, aboutir à un parti unifié, PDCI-RDR, pour gouverner la Côte d’Ivoire, étant entendu que ces deux partis sauront établir entre eux, l’alternance au pouvoir dès 2020 ».
Cet extrait permet de comprendre que le Président Bédié a établi lui-même l’ordre chronologique des tâches à accomplir dans la mise en œuvre intégrale de l’appel de Daoukro, à savoir la candidature unique, le parti unifié et l’alternance.
En effet, le Président du PDCI-RDA dont tout le monde s’accorde à dire qu’il place chaque mot à sa place quand il s’exprime, a utilisé deux connecteurs logiques, les adverbes de temps « d’abord » et « ensuite », pour nous orienter sur les différentes phases de l’application de l’appel de Daoukro.
Ainsi, pour le Président Bédié, il s’agit en premier lieu d’ « assurer le succès du RHDP aux élections de 2015 (…) ensuite aboutir à un parti unifié, PDCI-RDR, pour gouverner la Côte d’Ivoire, étant entendu que ces deux partis sauront établir entre eux, l’alternance au pouvoir dès 2020 ».
Je voudrais également rappeler que lors de l’installation officielle du ministre Amadou Soumahoro en tant que Président du directoire du RHDP, le lundi 15 février 2016 à Daoukro, le Président Henri Konan Bédié, Président de la conférence des présidents du RHDP, pour mettre fin à la polémique autour du nom du futur parti unifié a dit ceci : « en accord avec le Président Alassane Ouattara, le parti unifié est dénommé Rassemblement des Houphouetistes pour la Démocratie et la Paix, RHDP. Il devra regrouper tous les partis composant le RHDP…»
Concernant l’alternance, j’ai été personnellement instruit par le Président Bédié, face à la polémique qui enflait, pour rappeler que cette question relève du « domaine réservé » à nos deux chefs.
Dès lors, comment comprendre ces irruptions récurrentes des cadres du RHDP sur un terrain que les Présidents Henri Konan Bédié et Alassane Ouattara se sont réservés ?
Mon objectif en écrivant cette lettre ouverte est d’éclairer la lanterne des irréductibles et des va-t-en-guerre qui pensent que l’avenir du PDCI-RDA doit se jouer dans la rue. Je voudrais inviter les uns et les autres à mettre balle à terre. Le PDCI-RDA n’est en guerre contre personne et il faut que les uns arrêtent de stigmatiser les autres parce que tout simplement nous avons une approche différente des choses.
Au fond, nous voulons tous la même chose mais dans la forme, nous avons parfois des opinions qui divergent. Mais, est-ce que cela fait de nous, pour autant, des traîtres, des parias, des renégats, des personnes qu’il faut détruire, par tous les moyens, y compris en nous empêchant de nous exprimer dans les médias proches de notre parti ?
Aujourd’hui, le climat est trop austère au sein du PDCI-RDA. Même ceux qui ont été appelés, à l’époque, « les irréductibles » n’ont pas été stigmatisés et exposés à la vindicte populaire par des communiqués du secrétariat exécutif.
Je voudrais demander aux uns et aux autres de se ressaisir et d’éviter de nous imposer une dictature de la pensée unique et du rejet systématique.
Revenons tous aux fondamentaux du PDCI-RDA et œuvrons au renforcement du RHDP, gage de paix, de stabilité et de progrès partagé au pays du Président Houphouët-Boigny.
Je voudrais, pour conclure, inviter les uns et les autres à méditer ces paroles prononcées par le Président Henri Konan Bédié lors du troisième anniversaire de l’appel de Daoukro, le 17 septembre 2017, et je cite : « notre alliance résout le problème de la gestion du pays et l’Appel de Daoukro balise le problème des successions au pouvoir. Chacun sait qu’il est désormais impossible à une seule formation politique, si puissante soit-elle, de gérer notre pays. C’est la raison pour laquelle nous devons, au niveau de notre alliance, nous accepter les uns les autres et trouver entre nous, les moyens de gérer ensemble la Côte d’Ivoire. Ainsi, au quotidien, nous devons apprendre à travailler à la cohésion et dans la cohésion en notre sein. Nous devons être unis et solidaires ; il nous faut pratiquer le vivre ensemble ; la paix est à ce prix. Allons donc au Parti unifié, pour la survie du RHDP et à l’union des enfants d’Houphouët-Boigny. (…) Le Parti Démocratique de Côte d’Ivoire est un parti de dialogue et de paix. Je souhaite que cela continue d’être le leitmotiv de tous les militants. Nous devons désormais éviter les paroles et les comportements tendancieux et violents ».
Et moi je m’inscris dans cette vision.
A bon entendeur, salut !
Kobenan Kouassi Adjoumani,
Membre du bureau politique du PDCI-RDA