Par André Silver Konan, Analyste politique
A mon avis (et je peux me tromper), jusqu’à présent, il n’y a eu aucun procès de la crise postélectoale en Côte d’Ivoire, contrairement à ce qui se dit et se lit. Jusqu’à présent aucune victime ivoirienne, comptant parmi les milliers de morts récencés, n’a reçu justice, sept ans après les faits. A part le procès du rapt du Novotel, impliquant des victimes non ivoiriennes-. Aucune victime d’Abobo, de Duékoué ou de Yopougon n’a encore obtenu justice.
De fait, une enquête a été menée par la Commission nationale d’enquête sur la période du 31 octobre 2010 au 15 mai 2011. Les résultats détaillés de cette enquête dont le rapport a été remis au Président en juillet 2012, n’ont jamais été rendus publics. En juin 2011, une Cellule spéciale d’enquête (CSE) avait été créée, pour se charger des procédures judiciaires de la crise postélectorale, sans qu’on ne voit ses résultats. Au mois de janvier 2014, cette même cellule a été reconduite et transformée en Cellule spéciale d’enquête et d’instruction (CSEI). Notez qu’en Côte d’Ivoire, on aime bien créer des structures, pour caser des copains, les résultats on s’en fiche et les résultats de la CNE sont là pour accréditer ma position. Je rappelle que ceci est une opinion personnelle et donc forcément subjective. Bref.
La CNE avait identifié les responsables présumés de ces assassinats, meurtres, viols, vols, etc. : « Les miliciens pro-Gbagbo, les FRCI, les FDS, les mercenaires, le Commando invisible, la Garde républicaine, la Fesci. Elles font également état de personnes en tenues militaires, les regroupements des forces non conventionnelles selon leurs affinités avec les deux principales forces belligérantes, font apparaître 1 452 cas de violations du droit à la vie attribués aux forces pro-Gbagbo et 727 cas aux FRCI, le reste étant mis à l’actif de diverses forces non conventionnelles », (écrit encore noir sur blanc, dans le rapport, je n’invente rien). Aucun mandat d’arrêt n’a encore été délivré contre ces auteurs présumés, ni dans un camp, ni dans l’autre. Et cela fait six ans que les résultats de ce rapport dorment dans des tiroirs. Je répète donc : aucun procès n’a encore eu lieu en Côte d’Ivoire, qui soit en rapport avec la crise postélectorale. Bienvenue en Côte d’Ivoire, au pays de l’impunité !