Vendredi 23 décembre, malgré une pluie qui s’est abattue sur la ville d’Abidjan, nous voici au musée de la mairie de Cocody. Boni Gnahoré, percussionniste, chanteur et metteur en scène, l’un des artistes ivoiriens de tout premier plan sur la scène africaine y présente son projet : Tamanoix Institut Boni Gnahoré, (TIBG).
Il est 16 heures, quand le maître de cérémonie annonce celui qui tient sa grande expérience artistique du village Ki-Yi m’bock d’Abidjan ; c’est le délire dans la salle. Vêtu, d’un costume noir, le micro en main, il avance sous un fond musical distillé par le groupe « Déya » (atteindre le sommet en Guéré, une ethnie dans l’ouest de la Côte d’Ivoire), un groupe constitué essentiellement de jeunes filles. Ces férus de la musique font vibrer chacune, leur instrument, selon son inspiration, dans une harmonie semblable aux étranges murmures de la forêt profonde où les artistes, les vrais ont toujours recherché le clapotis des rivières et les chants d’oiseaux. Et la voix de l’artiste percute depuis le fond de la salle, comme si les grands chœurs des chansonniers krou de l’Afrique de l’ouest, où Boni Gnahoré puise son inspiration, lui communiquaient les voix mêlées à l’ambiance des mouvements d’oiseaux et d’arbres qui se frottent les uns contre les autres.
Il avance majestueusement, se met face au public et lance son cri de guerre : Kamadjeffo !!!! Dresss, répond le public et l’ensemble des apprenants, les premiers pensionnaires de Tamanoix Institut. Un silence s’impose comme une note musicale et Boni Gnahoré déclare : « je vous remercie du plus profond de mon cœur pour votre présence. Aujourd’hui est un grand jour pour la culture en Afrique. Boni Gnahoré artiste chanteur, oui ! Mais surtout formateur. J’ai un projet, Tamanoix Institut, un conservatoire de musique et de danse pour transmettre aux enfants l’avenir de demain, mon expérience acquise après avoir exercé l’art, en Alsace en France, comme professeur de musique de percussion, pendant 15 ans ». Selon lui, cet établissement recevra particulièrement les enfants déscolarisés qui ont l’amour de l’art et qui ont besoin de formation qualifiée, mais également, des artistes ou toute autre personne désireuse de se perfectionner.
Et de poursuivre. « Dans ce projet, nous irons dans nos villages. Nous irons à la rencontre des maîtres de la tradition pour donner aux enfants, un enseignement puisé dans la culture africaine avec une ouverture sur la modernité ». Le projet, au-delà de la culture a un volet sur la conservation de la nature, a révélé Boni Gnahoré : « Comme le djembé, bon nombres d’instruments de musique sont taillés dans le bois ; nous artistes, devront contribuer à la réduction des effets du réchauffement climatique. C’est pourquoi depuis peu, une grande innovation est perspective dans le cadre du projet Tamanoix Institut. Nous fabriquons désormais le djembé avec des objets de récupération et non le bois », a également soutenu Boni Gnahoré.
Dans la mise en œuvre du projet, il s’est fait entouré de spécialistes en qui il a placé sa confiance : « J’ai fait appel à Djeckou De Sylva, journaliste, expert consultant en développement durable. Il s’occupera de la communication. Quant à madame Françoise Lolo, directrice de l’Agence de Communication Régiko, spécialisée dans l’événementiel, elle se battra pour la recherche des financements », a précisé l’artiste avant de lancer un appel aux journalistes, hommes de culture, institutions nationales et internationales, ambassades pour le financement de « Tamanoix Institut » dont l’objectif est la promotion de la tradition africaine en Cote d’Ivoire, en Afrique et dans le monde.
Et le show pouvait donc commencer. Une présentation suivie d’une prestation artistique. Le groupe « Tématé Djouhoudé », venu spécialement de Facobly, les femmes battantes avec Légré Djecka, et le percussionniste Essis avec ses neuf tambours, ont gratifié le public des rythmes africains. Cette musique traditionnelle à travers laquelle se sont exprimés les ancêtres pour transmettre leur civilisation, leur époque aux jeunes générations. Ces rythmes endiablés, les belles sonorités des djembé, des balafons, des grelots et castagnettes, les tambours chœurs du Burundi avec lesquels, les populations ont communié pour le développement et l’épanouissement des sociétés africaines. Tous, ont vibré, communié avec le public sous le regard de Boni Gnahoré, pour donner à l’art une autre dimension, celle de l’africanité.
Notons que Boni Gnahoré a bénéficié du soutien de Bomou Mamadou, Wèrè Wèrè Liking, Pape Gnepo et de bien d’autres artistes. Une cérémonie rehaussée de la présence de Clavaire Kakou, représentant du maire de Cocody et de Kouaho Elie Liazéré, conseiller technique du ministre de la culture et de la francophonie. Ce fut un véritable régal.