Alassane Ouattara (RHDP), Henri Konan Bédié (PDCI), Affi N’Guessan (FPI) et Kouadio Konan Bertin (Indépendant) sont les quatre candidats retenus à l’élection présidentielle ivoirienne par le Conseil constitutionnel. A l’approche du scrutin du 31 octobre, le climat est électrique en Côte d’Ivoire, où les partisans du candidat et ancien président Henri Konan Bédié (86 ans) fulminent contre la candidature du chef de l’Etat sortant, Alassane Ouattara, qui brigue un troisième mandat consécutif, et part vraisemblablement avec une longueur d’avance. Ceci sur fond de dixième anniversaire de la crise post-électorale de 2010-2011.
La fin de l’année s’annonce agitée pour la Côte d’Ivoire. Le 28 novembre prochain marquera le dixième anniversaire de la crise post-électorale qui avait éclaté, en 2010, après que Laurent Gbagbo (45,90 % des voix), candidat malheureux à l’élection présidentielle, avait refusé de reconnaître la victoire de son ancien Premier ministre, Alassane Ouattara (54,10 %). Les passes d’armes verbales s’étaient ensuite transformées, début janvier 2011, en affrontements armés – qui ont fait au total 3 000 morts. Une mission dépêchée par les Nations unies (ONUCI) dans le pays alertera même sur des cas de meurtres de civils, à Abobo, dans le nord d’Abidjan, par des partisans de Gbagbo.
Validation du Conseil constitutionnel
Ce dernier finira par être arrêté, en avril 2011, par les forces de l’ONU, et transféré devant la Cour pénale internationale (CPI), à La Haye, qui doit toujours se prononcer sur un éventuel procès en appel, après avoir acquitté l’ex-président de la République en première instance. Ce dernier, sous le coup d’une autre condamnation à vingt ans de prison par la justice ivoirienne, a d’ailleurs vu sa candidature à l’élection présidentielle du 31 octobre prochain rejetée par le Conseil constitutionnel. Et n’affrontera donc pas, dix ans après, Alassane Ouattara, le président sortant – dont la candidature a quant à elle été validée par les sages -, qui tentera de briguer un troisième mandat consécutif, ceci malgré les cris de l’opposition, dont le candidat principal, Henri Konan Bédié, ancien président lui aussi, était déjà candidat en… 2010.
Le climat, en Côte d’Ivoire, est donc électrique. Dans un entretien au Monde, Bédié, 86 ans, affirme que le scrutin pourrait mener le pays vers des « troubles importants ». En cause, notamment : la candidature d’Alassane Ouatarra, que ses opposants jugent inconstitutionnelle, malgré la position explicite du Conseil constitutionnel, qui a récemment rappelé que le président sortant était fondé, en droit, à concourir pour un troisième mandat consécutif. Pour rappel, ce dernier ne souhaitait aucunement se représenter, mais le décès de son « fils » en politique, l’ancien Premier ministre Amadou Gon Coulibaly, en juillet dernier, l’a obligé à revoir ses plans, et se poser ainsi comme le candidat naturel du Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP).
« Ils ne savent pas que la Côte d’Ivoire a changé »
Le bilan d’Alassane Ouattara est plus qu’honorable : 80 % de la population a désormais accès à l’eau, contre 55 % en 2011 ; le taux d’accès à l’électricité devrait être de 80 % à la fin de l’année, alors qu’il n’était que de 33 % il y a neuf ans ; quant aux services de santé, 69 % de la population ivoirienne y avait accès l’an dernier, contre 44 % en 2012. Alassane Ouattara «avait affirmé qu’il réhabiliterait 30 000 km de routes, rappelait en mars dernier Jeune Afrique : en fait, 40 000 km l’ont été en huit ans tandis que vingt-deux ponts et 115 km d’autoroutes ont été construits et 545 km de routes interurbaines ont été bitumées. » Autres avancées notables: le président sortant, lors de ses deux mandats, a fait passer l’école gratuite et obligatoire de 6 à 16 ans, tandis que le salaire minimum a presque doublé et la Couverture maladie universelle (CMU) concerne à présent 3 millions de personnes.
Le 20 septembre dernier, pour tenter d’apaiser les tensions qui montent dans le pays, le RHDP tenait meeting à Yopougon, un bastion de l’opposition à Abidjan. Le Premier ministre, Hamed Bakayoko, et l’organisateur du rassemblement, le député Alpha Touré Yaya, se sont succédés pour affirmer, non seulement, que l’élection présidentielle se tiendrait à la date dite, mais qu’elle se déroulerait dans un climat démocratique et de confiance.
« Beaucoup de gens parlent de la Côte d’Ivoire mais ils ne savent pas ce que la Côte d’Ivoire est devenue aujourd’hui. Ils ne savent pas que la Côte d’Ivoire a changé », a rappelé le chef du gouvernement pour rassurer les citoyens : les crises post-électorales appartiennent au passé et la Côte d’ivoire a tourné la page.
La Rédaction