Le président de l’Assemblée nationale ivoirienne et ex-chef rebelle à qui l’on prête des ambitions présidentielles, joue la carte de l’apaisement national tandis que ses détracteurs lui attribuent la responsabilité de bon nombre des troubles armés de ces derniers mois dans le pays. Alors que le récent remaniement gouvernemental et la récente disgrâce de certains de ses proches marquent un peu plus son isolement, Guillaume Soro joue, via un communiqué, la carte du rassemblement et du pardon.
« De retour en Côte d’Ivoire, j’ai pu noter des signes d’agitations », déclare dans son communiqué le président de l’Assemblée nationale qui aussitôt se lance dans un appel au calme au pays. Appel au calme, à la pondération et à la retenue aux uns et aux autres, sans préciser qui sont ces uns et ces autres.
Dans la foulée, il demande aux acteurs politiques de faire preuve d’humilité et de grandeur. A ce titre, Guillaume Soro annonce qu’il veut demander pardon aux Ivoiriens pour toutes les offenses qu’il a pu commettre envers un peuple qui a tant souffert depuis 2002.
Le « repentant » Guillaume Soro est même prêt à aller à Canossa par une route qui le mènera vers Alassane Ouattara, Henri Konan Bédié et même Laurent Gbagbo pour obtenir leur pardon, affirme l’ex-chef rebelle. Alors que Soro, aux yeux des supporteurs de Gbagbo, c’est le traitre parfait et l’objet de tous leurs malheurs, le Brutus qui a trahi l’ex-président de la Côte d’Ivoire en 2010-2011.
Cette déclaration a de quoi surprendre mais intervient au terme d’une série d’événements marquant la disgrâce de ses proches et la reprise en main d’une armée dont une partie lui a été longtemps acquise. Le président de l’Assemblée nationale sent que l’étau se resserre autour de lui, comme Souleymane Kamagaté récemment, alias SoulToSoul, impliqué dans des affaires de stock d’armes, qui finissent de dégrader l’image de son camp et sa propre aura nationale.
Tandis que les détracteurs de Soro l’accusent régulièrement de faire crépiter les armes pour satisfaire ses ambitions présidentielles. Celui-ci déclare : « Je vous en conjure, ne nous divisons pas. La division ne pourra que nous mener à la catastrophe. » Sans que l’on sache s’il joue là les cassandres ou le remord sincère. RFI