Le roi Mohammed VI a échangé par téléphone lundi 13 avril avec les présidents ivoiriens et sénégalais, Alassane Ouattara et Macky Sall. Objectif : lancer une initiative des chefs d’États du continent contre la pandémie de Covid-19.
« Une initiative pragmatique et orientée vers l’action, permettant un partage d’expériences et de bonnes pratiques, pour faire face à l’impact sanitaire, économique et social de la pandémie ». C’est ainsi qu’est décrite, par le cabinet royal, la solution proposée par Mohammed VI aux chefs d’États africains pour l’accompagnement des pays du continent dans leurs différentes phases de gestion de la crise sanitaire du Coronavirus.
En début de semaine, le souverain a échangé par téléphone avec les présidents sénégalais et ivoirien pour amorcer cette initiative. Une démarche bien accueillie par Alassane Ouattara et Macky Sall. Ce dernier a d’ailleurs exprimé sa volonté d’œuvrer à son succès. Une « visioconférence entre les chefs d’États et de gouvernements concernés » devrait se tenir prochainement, a révélé le président sénégalais.
Bataille de leadership ?
Selon des sources proches du ministère marocain des Affaires étrangères, « il n’est pas exclu que le roi Mohammed VI prenne attache directement avec d’autres leaders africains dans d’autres sous-régions que l’Afrique de l’Ouest pour fédérer autour de cette initiative.» Pourtant, la démarche marocaine est perçue par certains comme une réponse politique aux actions entreprises par l’Union africaine (UA).
« Le royaume n’a pas été très actif dans le fonds anti Covid-19 lancé par l’UA contrairement à d’autres puissances continentales, confie à Jeune Afrique un connaisseur des arcanes de l’institution panafricaine. Et pour cause : il est piloté par l’Afrique du Sud, qui se montre hostile au Maroc, notamment sur la question du Sahara. » Un côté divisionniste que le département de Nasser Bourita réfute catégoriquement.
« Le royaume reste très impliqué dans les actions menées par l’UA qui se veulent une réponse globale pour les 54 pays membres », affirme notre interlocuteur. L’initiative marocaine, explique-t-il devrait se traduire par des mesures concrètes orientées entre autres, vers la prévention, la fourniture d’aides alimentaires et médicales, et le soutien des couches sociales vulnérables en fonction des besoins spécifiques de chaque pays et dans des phases précises de la pandémie.
Plutôt donc qu’un plaidoyer en faveur du continent, la démarche marocaine se veut ciblée. D’ailleurs, en attendant que cette initiative continentale se mette en place, des opérateurs privés ont mené des actions de solidarité envers les partenaires africains
À Abidjan, par exemple, une entreprise marocaine, « Univers des EPI », a fait don d’un important lot de kits médicaux aux autorités sanitaires : 18.000 masques, 10.000 gants, une centaine de combinaisons et autant de lunettes de protection. À Dakar, les professionnels de santé devraient recevoir prochainement un premier lot de masques développés par un collectif d’ingénieurs sénégalais et marocains. « Au Maroc, nous produisons déjà 2000 appareils par jour », a déclaré Mohamadou Lamine Niang, co-initiateur du projet au quotidien marocain Les Ecos. Autre exemple de coopération : la polyclinique périnatale Mohammed VI de Sébéninkoro a été mise disposition du gouvernement malien.
Renforcer la solidarité entre pays africains
Pour le professeur Charkaoui Roudani, cette démarche royale « est louable dans un contexte où les États ont tendance à se replier sur eux-mêmes. Elle confirme la démarche sempiternelle prônée par le Maroc qui consiste à renforcer et consolider la solidarité et la coopération entre les pays africains, aussi bien sur le plan économique, social et désormais sanitaire ». De nombreux observateurs estiment même que cette initiative était prévisible. « Prioriser l’Afrique après avoir géré les priorités nationales » est le mantra de la diplomatie chérifienne sous Mohammed VI.
La crédibilité du royaume à porter la voix des pays africains auprès des institutions onusiennes n’est plus à prouver. D’ailleurs, sa gestion de cette crise sanitaire a été érigée en exemple par l’Organisation mondiale de la santé (OMS). « La riposte est multi-sectorielle, ferme et ambitieuse, constate Maryam Bigdeli, représentante de l’OMS au royaume. Nous espérons contribuer à partager les bonnes pratiques mises en place par le Maroc, afin que d’autres pays puissent en profiter. »
Source : Jeune Afrique.