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Contrefaçon de médicaments/ Une lutte acharnée doit être menée contre le trafic.  

   

Par Yann Dominique N’guessan/afriquematin.net

Le lundi 14 septembre dernier a  marqué le lancement de la campagne de la fondation Chirac contre les faux médicaments. Ce véritable fléau qui tue près d’un millier de personnes par an prospère sans contrainte dans les pays sous-développés et n’épargne pas non plus les pays industrialisés. Parallèlement au circuit physique, maritime ou terrestre, un autre circuit, via  internet, représente un creuset idéal pour la prolifération de ce juteux business. Ces tueurs silencieux sont parfois étiquétés sur  de fausses identités. Partout dans les rues des villes  européennes, africaines et non des moindres, pillulent, circulent allègrement et avec beaucoup de passion ces  médicaments falsifiés. Des  cachets contrefaçonnés d’aspirine, en passant par les pilules contre les troubles de l’érection, et autres douleurs, tout y passent.  Ce commerce qui semble juteux montre combien la fabrication, la distribution, la commercialisation illégales et la consommation de faux médicaments monte. En Côte d’Ivoire le phénomène est aujourd’hui d’autant plus délicat à enrayer qu’il s’est « professionnalisé », industrialisé et internationalisé. Et même à très grande vitesse durant les deux dernières décennies. Partout dans le monde, les saisies plus ou moins volumineuses sont quotidiennes. Les contrebandiers qui sont naturellement et  physiquement traqués jadis, ont trouvé la nouvelle astuce  de vendre ces médicaments en ligne, via internet.  Un vaste marché libre et ouvert. La part du trafic en ligne par rapport au marché global est impossible à quantifier. Aussi en tenant compte de la nature des principaux médicaments contrefaits qui sont des produits de conforts au Nord, ils sont  de première nécessité dans les pays du Sud. Elle diffère selon les pays ciblés par les réseaux criminels. Aucune pathologie, lourde ou légère, tels que le  diabète, l’hypertension, le cancer, le sida  n’échappe à ce fléau, car les trafiquants s’adaptent tout simplement aux besoins. En Afrique subsaharienne, on trouve essentiellement des produits imitant des vaccins, des antibiotiques, des analgésiques, des antidiabétiques, des contraceptifs, des médicaments contre le cancer. Les maladies infectieuses, comme le  paludisme, le Vih, la tuberculose, sont des  proies privilégiées. Selon un sachant du domaine, « ces produits ne contiennent pas la quantité attendue de substance active et ne répondent à aucune des exigences de qualité, d’efficacité et de sécurité exigées. Et l’autre revers de la médaille, qui plus dangereux, ce sont de nombreux risques  que rencontrent  les patients, car, outre la présence de substances toxiques, ces médicaments peuvent être inactifs et entraîner des effets indésirables majeurs et des complications pour les patients ».  Sans scrupule, les trafiquants font preuve d’une grande réactivité. Les nouvelles épidémies comme Ebola ou les diverses grippes sont autant de pain béni pour eux. La prolifération du trafic est l’un des nombreux facteurs favorables, qui est sa rentabilité en premier lieu. Un vrai médicament est coûteux à fabriquer, à commencer par sa recherche et son développement. Sa contrefaçon, elle, est follement lucrative.  Le risque pour les malfaiteurs, qui est minime dans bien des pays, c’est la porosité des frontières, qui débouche sur  une réglementation parfois laxiste, ajouter à ceux-ci, un système judiciaire peu internationalisé et presque toujours pauvre. Cette pauvreté représente un facteur capital dans des familles africaines ou les contrefacteurs profitent aussi de la faiblesse, voire de l’inexistence des systèmes d’assurance sociale. Le paiement des médicaments peut représenter une part importante des revenus d’une personne ou d’une famille. Certains vont donc chercher à se procurer des médicaments à moindre coût, que l’on trouve souvent dans des points de vente non réglementés, où la probabilité de la présence de contrefaçons est plus forte. Pour lutter efficacement contre ce fléau et combattre les  criminels, des mesures  envisageables doivent être mises en place. Notamment  une meilleure traçabilité et authentification des produits  doit être une autre clé pour assainir le commerce parallèle, l’emballage du médicament  doit permettre dans bien des cas, de distinguer le faux du vrai. Demander conseil auprès d’un médecin ou d’un pharmacien reste les meilleurs moyens pour ne pas se tromper. Et selon cette haute autorité de l’Organisation Mondiale de la Santé  » on ne meurt pas de porter des faux sacs à main ou des faux T-shirts, mais en revanche, les contrefaçons de médicaments peuvent tuer ».  

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