Des chercheurs issus du Centre international Kofi Annan de la consolidation de la paix ont, ce jeudi 6 décembre 2018, rendu visite au professeur Amoa Urbain, dans les locaux de l’UCLM (Université Charles Louis de…Montesquieu). Dr Kwaku Danso, Franck Okyere Osel et Adomako Margaret sont venus s’informer des recherches cet universitaire sur les mécanismes de prévention et de gestion durable des conflits en Afrique.
Le professeur Amoa Urbain a fait un état des lieux succinct et a présenté les situations, sources de conflits en Côte d’Ivoire. Les différents chefs d’Etat, confie-t-il, ont gouverné avec des systèmes ou organisations politiques et structurels s’appuyant sur des modes de gouvernance traditionnels, religieux et régionaux. « Le président Félix Houphouët-Boigny est un homme moderne mais qui a gouverné en s’inspirant des réalités traditionnelles, religieuses et des spiritualités africaines. Le président Gbagbo s’est, lui, inspiré du mode de gouvernance du peuple Krou. Le peuple Krou fonctionne comme un Etat. Le président Ouattara a pris appui sur les modes de gouvernances des peuples du Nord. Il s’appuie sur la région et la religion. Cela a créé une sorte de contradiction dans les modes de gouvernance en Côte d’Ivoire», a commenté le candidat à l’élection présidentielle de 2020 en Côte d’Ivoire.
Amoa Urbain a fait savoir que le problème de la Côte d’Ivoire réside dans sa quête de devenir un ETAT. « Les peuples sont différents mais complémentaires. Les systèmes de gouvernance ne sont pas les mêmes. La crise ivoirienne n’est pas une crise ivoiro-ivoirienne, mais une crise internationale avec les pays limitrophes. Les systèmes de gouvernance utilisés par les présidents Houphouët-Boigny, Henri Konan Bédié, Guéi Robert et aujourd’hui Alassane Ouattara ont entrainé des mécontentements et des frustrations. Les conflits politiques ont pris leurs assises sur mes aspects culturels et économiques », a révélé l’universitaire et chercheur.
A ses hôtes du Centre international Kofi Annan de la consolidation de la paix, le professeur Amoa Urbain a présenté les résultats de ses recherches après dix ans de travaux réalisés par le biais du Festival de la Route des Reines et des Rois. Sur l’initiative de son université, des chercheurs, étudiants et des autorités coutumières venus du Ghana, du Bénin, du Togo, du Burkina Faso, du Mali et du Nigéria ont sillonné les régions et grands ensembles ethniques de la Côte d’Ivoire pour interroger les cultures, les traditions et les civilisations africaines. Ainsi, dix-sept (17) mécanismes de résolution durables de conflits ont été élaborés pour faciliter une coexistence pacifique entre les différents peuples d’Afrique. Entre autres, la théorie des quatre vérités, la théorie du temps de réceptivité, la diplomatie coutumière, la carte des alliances interethniques et une université d’été des chefs traditionnels (formation).
Le recteur a terminé son propos en émettant un vœu, celui de voir se formaliser un partenariat entre l’UCLM et le Centre international Kofi Annan pour le financement et la diffusion des encyclopédies comprenant les actes des mécanismes de règlement des conflits en Afrique.
Au nom de la délégation ghanéenne, Dr Kwaku Danso, chercheur à la Faculté de l’Académie des Affaires et de Recherches du Ghana et membre dudit centre a promis de faire un bon usage des procédés et mécanismes élaborés par l’UCLM, en les mettant à la disposition du Centre international Kofi Annan de la consolidation de la paix.
Patrick KROU