Porté à la tête de l’Etat pour les sept prochaines années, Paul Biya se succède à lui-même dans un climat social des plus délétères: une diaspora mécontente, une population au sein de laquelle jamais le repli identitaire n’a été autant mis en avant, des régions en proie à des velléités de division. Un scénario explosif que seule la reconfiguration du gouvernement discrétionnaire amorcera.
Dans son allocution de prestation de serment, le patron du septennat en cour c’est voulu apaisé dans le ton ainsi que dans les mots. Si chacune de ses expressions a été savamment choisie, il n’en demeure pas moins que certaines plus que les autres ont eu un écho particulier dans les oreilles de ses administrés qui étaient pendu à ses lèvres.
Paul Biya a parlé de parité genre. Quoi de plus normal dans un pays qui compte plus de femmes que d’hommes, surtout que, pas très loin de nous, le Rwanda a brisé la glace du machisme en faisant de son exécutif et de son législatif des entités ou l’on retrouve autant de femmes que d’hommes.
Quand le locataire d’Etoudi dit “j’ai compris le message que vous m’avez envoyé”, l’on comprend qu’il s’adresse à coup sûr à la jeunesse qui a fortement manifesté son mécontentement dans les urnes en optant pour les challengers du prince de Mvomeka.
Qui en voudra a cette franche de la population pourtant majoritaire mais qui a toujours été rétrogradée à un peu glorieux rôle de bétail électoral, toujours absent des postes de responsabilité. Désormais, la jeunesse consciente revendique à tue-tête sa part de bifteck.
On peut aussi penser que la bronca de la diaspora a été portée jusqu’aux oreilles du faiseur de roi qui devrait faire quelque chose pour ses fils dont la contribution pour le développement du Cameroun n’est plus à démontrer. Voilà juste quelques exemples pour démontrer s’il le fallait encore l’urgence d’une réforme de la manière de gouverner un peuple qui même en maintenant son exécutif a envie de nouveauté.
Paul Biya a donc deux options qui se présentent à lui dans les prochains jours lors de la redistribution des cartes: la continuité ou la rupture. Les observateurs politiques les plus pointus ne sauraient s’y risquer tant les courbes des décisions de l’homme du six Avril ont toujours été tortueuse dans le passé, redonnant toute sa quintessence au terme discrétionnaire qui entoure les nominations au vu de la constitution.
Le moins qu’on puisse dire est que le remaniement est très attendu par tous. Et à coup sûr, il y aura des déçu. C’est aussi ça gouverner, faire des choix qui contentent et font des mécontents.
SOURCE:https://actucameroun.com/2018/11/12/cameroun-le-gouvernement-que-tout-un-pays-attend/