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Burkina Faso/L’importation de volailles congelées ne fait plus recettes

Au cours des dernières années, l’importation des viandes de poulet s’est intensifiée suivant le cours des coûts de la volaille locale qui n’a cessé de grimper.

Le Burkina s’est alarmé le mercredi dernier de l’importation frauduleuse de viande de volaille « impropre » à la consommation provenant d’Europe, d’Asie, d’Amérique et de certains de ces voisins.  Malheureusement ce pays n’est pas le seul à être littéralement envahi. La viande de volaille, très consommée dans plusieurs pays, comme le Mali, le Sénégal, le Burkina Faso, le Ghana, ou encore le Togo, est importée depuis l’Europe notamment, surtout depuis que les élevages locaux ont été mis à mal par cette concurrence que beaucoup jugent déloyale. Et les conséquences économiques, sociales et sanitaires de cette invasion sont multiples. Auraparavant, la vente de poulet se faisait sur les marchés locaux, où le « consommer local » était en vogue, les transporteurs venaient s’y approvisionner pour ensuite les rendre disponibles dans les villes. Pour un poulet bicyclette (poulet local de petite taille élevé en plein air dans les villages) de qualité il fallait compter 1 000 à 1 500 francs CFA, soit entre 1,5 euro et 5 euros. La plupart des familles au Burkina Faso, au Togo ou encore au Bénin élèvent de la volaille.

Les premières arrivées de poulets congelés datent des années 1970, quand des personnalités dirigeantes recevaient des cadeaux de leurs proches.

Ces cadeaux se sont très vite transformés en autorisations et en licences d’importance octroyées aux proches puis dans les années 1980, on les a normalisées à travers des accords de Yaoundé, puis les Conventions de Lomé. C’est aussi la période où, au nord, on fait face à une surproduction de volaille, c’est le cas en Europe et aux États-Unis. Mais si dans un premier temps les entrepreneurs africains ont souhaité produire local, ils n’ont que peu fait évoluer le poulailler dit traditionnel. Faute de crédit, l’élevage de volailles ne s’est pas industrialisé. Conséquence, le secteur avicole n’a pas évolué et s’est même détérioré, au moment de l’instauration de la politique agricole commune de l’UE en 1992. Cette politique a fait la part belle aux multinationales, pas forcément productrices, mais elles bénéficient tout de même de fortes subventions sur l’exportation. Au total, l’Afrique subsaharienne représente plus de 25 % des exportations mondiales de volailles, dont notamment les poulets congelés.

Le retour du poulet « bicyclette »

Il est devenu quasiment impossible pour un producteur africain de s’en sortir dans le secteur et de faire des bénéfices. À ce problème économique s’ajoute l’aspect sanitaire. Car le vrai problème de l’Afrique est de consommer des poulets surgelés, soumis à la rupture de la chaîne du froid. Depuis « juillet 2013, un décret interdit l’importation sur le territoire national burkinabè de tout produit carné extra-africain. Cela concerne la viande de volaille, de mouton, de chèvre et toute autre viande à l’exception des 15 pays de la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest, (Cédéao) non frappée. Au cours des dernières années, l’importation des viandes de poulet s’est intensifiée suivant le cours des coûts de la volaille locale qui n’a cessé de grimper. Le prix du poulet oscille entre 2 000 francs CFA (environ 3 euros) et 3 500 francs CFA (5,3 euros) au Burkina. Alors que l’élevage moderne représente 30 % de l’effectif total.

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