Trente-six civils ont été tués lundi lors d’une attaque contre des villages du nord du Burkina Faso qui a adopté mardi une loi sur le recrutement de volontaires pour lutter contre les groupes jihadistes, dont les actions sont de plus en plus meurtrières et fréquentes.
“Le gouvernement burkinabè a appris avec consternation et indignation, la mort de 36 Burkinabè dans la province du Sanmatenga, suite à une attaque terroriste”, a indiqué le ministre de la Communication, Remis Fulgance Dandjinou, dans un communiqué.
“Le lundi 20 janvier 2020, un groupe armé terroriste a fait irruption dans le marché de Nagraogo, y a abattu 32 de nos concitoyens, brûlé le marché et, dans son repli, (en) a abattu quatre autres au niveau du village d’Alamou. Cette attaque a également fait trois blessés”.
Deuil national
Face à ces “attaques répétées” contre les populations, le gouvernement a lancé un appel à une “franche collaboration avec les Forces de défense et de sécurité et au renforcement de la solidarité entre Burkinabè”.
Le président Roch Marc Christian Kaboré a décrété un “deuil national de 48 heures allant du mercredi 22 janvier au jeudi 23 janvier (…) Durant cette période, les drapeaux sont mis en berne sur tous les édifices publics. Les réjouissances populaires, les manifestations à caractère récréatif sont interdites”.
Des centaines de personnes ont fui la zone pour se réfugier dans la ville de Kaya, selon des habitants de Kaya joints par l’AFP.
Située juste en dessous de la province du Soum (frontière malienne), la province de Sanmatenga est également très touchée par des attaques jihadistes. Elle accueille de nombreux camps de réfugiés et déplacés internes.
Volontaires locaux
Le Parlement a adopté mardi à l’unanimité une loi permettant le recrutement de volontaires locaux dans la lutte antjihadiste.
Le recrutement de volontaires était une idée lancée par le président Roch Marc Christian Kaboré en novembre 2019 après l’attaque contre un convoi d’une société minière canadienne, qui avait fait 38 morts, dans l’Est.
Selon un document consulté par l’AFP, les volontaires, dont l’âge minimum est de 18 ans, seront recrutés dans leurs zones de résidence, après approbation des populations locales, en assemblée générale. Après une formation militaire de 14 jours, ils exerceront des missions de surveillance, d’information et de protection.
Sur le terrain, ces volontaires auront des armes légères, des moyens de communication et des moyens d’observation.
Leur tâche sera de fournir des informations et de défendre le territoire sur leur lieu de résidence en cas d’attaque en attendant que les forces de défense et de sécurité s’y déploient, selon le ministre de la Défense, Moumina Chériff Sy.
Le Burkina Faso, frontalier du Mali et du Niger, est confronté à des attaques jihadistes, qui ont fait plus de 750 morts et 560.000 déplacés depuis 2015.
Sous-équipées et mal entraînées, les forces de l’ordre burkinabè n’arrivent pas à enrayer la spirale de violences jihadistes.
Elles ont toutefois revendiqué une série de succès depuis deux mois, affirmant avoir tué une centaine de jihadistes au cours de plusieurs opérations.
Selon l’ONU, les attaques jihadistes au Mali, au Niger et au Burkina ont fait 4.000 morts en 2019. Lundi, des experts en sécurité avaient présenté au président Kaboré un projet de nouvelle politique de sécurité pour le pays.
AFP