Entretien réalisé par Yann Dominique N’guessan/afriquematin.net
Suite à la concertation entretenue le mardi dernier entre les propriétaires terriens du village d’Adjamé-Bingerville et le maire Beugré Djaman, le premier magistrat de cette commune a fait des éclairages.
Quel constat faites-vous après cette concertation entre les villageois d’Adjamé-Bingerville et vos services, constat relatif à une certaine expropriation de leur terre au profit d’une quelconque opération d’aménagement de terrain engagée par le Ministère de la Construction et de l’Urbanisme ?
Je voudrais préciser qu’en son temps, une enquête de commodo et incommodo avait été introduite au niveau des services techniques de la mairie par le Ministère de la Construction. Nous n’avions pas encore finalisé cette enquête parce que le directeur général de l’Urbanisme, N’guessan Barthélemy est venu me voir pour me signifier qu’une réunion est prévue à l’effet de trouver des solutions par rapport à ces terres. Je lui ai fait savoir que l’approche ne me convenait pas. Parce que de par la loi, le maire est le premier responsable du foncier communal, donc par conséquent, on ne peut pas engager des démarches avec des villageois. A sa suite, Monsieur Traoré Méfoua a dit qu’il a déjà rencontré toutes les familles propriétaires terriens. Je lui ai fait comprendre que ce n’est pas de cette manière qu’on travaille dans une république. Et que c’est moi qui doit être saisi par le ministère et à mon tour, je saisi le chef du village pour identifier les propriétaires et les familles qui disposent des terres sur cette parcelle. Encore que la première enquête concernait une zone qui était prévue au temps du président Félix Houphouët-Boigny pour être la zone industrielle de Bingerville. Donc par principe, je ne comprenais pas pourquoi cette partie devrait être aménagée pas pour recevoir des industries mais pour devenir une cité.
Qu’avait été votre réaction vis-à-vis du directeur général de l’Urbanisme ?
A cette première occasion, j’ai fais savoir au directeur général de l’Urbanisme que le conseil municipal n’a pas décidé et proposé au gouvernement de faire de Bingerville une cité dortoir. Que les enfants de Bingerville doivent pouvoir travailler un jour. C’était la seule rencontre que j’aie eu avec les membres du ministère de la construction. Je m’attendais à ce que cette réunion qui n’avait pas pu avoir lieu ce jour là soit convoquée à nouveau et qu’avec la sous-préfecture, les services déconcentrés du ministère, avec les villageois, nous puissions mettre en place, un comité ad hoc pour travailler sur ce dossier. Jusqu’à ce qu’on nous annonce ce séminaire qui a eu lieu le lundi dernier, au cours duquel nous avons été informés de ce fait et au même titre que les villageois. Alors que toute la zone a été déjà attribuée à des aménageurs fonciers. Comment voulez-vous qu’en ma qualité de premier responsable de la commune que je ne sois même pas informé de ce que l’Etat veut entreprendre des aménagements de 400 ha de terres sur mon territoire communale, qui vont devenir bientôt des quartiers de la ville. Je suis surpris. Nous avons dit à notre tutelle que l’Etat est entrain de construire près de 12.000logements à Bingerville. Sur ce cas, le ministère de la construction n’a pas daigné consulter les autorités de la mairie que nous sommes.
Monsieur le maire, Bingerville se développe de façon exponentielle au plan de l’urbanisme, mais la route fait défaut, car les usagers rencontrent des difficultés au niveau de la voirie pour se rendre d’un point à un autre. Au vue de ce qui précède, votre localité ne rencontrera-t-il pas de problème au niveau du foncier à l’avenir?
Bingerville fait 80.000habitants. Avec cette population, nous n’avons pas de routes pour sortir de la ville, on construit près de 12000logements, ce qui veut dire que dans deux ou trois ans, cette population va doubler, si on prend une moyenne de six (6) personnes par foyer. Une ville dont la population va doubler en deux ou trois ans, sans qu’on ait pris les dispositions pour construire les routes de sorties et d’entrées dans la ville, cela va causer beaucoup de désagréments aux populations. Nous avons l’impression que nous sommes des maires qui n’ont pas d’importance aux yeux des autorités gouvernementales. Chacun se lève et il fait ce qu’il lui plait, à son bon vouloir. Dans ce cas, la décentralisation n’a pas de sens. Nous devons, en principe être associés à tout projet du gouvernement qui se déroule sur notre territoire communal. Pour cet incident, je trouve que les villageois ont raison de se soulever lorsqu’ils se sont aperçus qu’à toute leur séance de travail le maire qui est censé être leur boussole n’est pas présent.
Ce qui voudrait dire que vous n’avez pas les contours du dossier !
Effectivement, je précise que je n’avais pas les contours du dossier, le conseil municipal n’a pas été saisi encore moins la municipalité. C’est aujourd’hui (lundi 11 juillet) que nous savons qu’on a tenté de leur remettre des chèques. C’est dans leur village que l’Agef qui est une structure sous tutelle du ministère de la Construction a acheté, il y a deux ou trois ans une parcelle de dix (10) hectares à près d’un milliard, soit 10. 000Fcfa le mètre carré. Est-ce que l’Agef n’est pas une structure de l’Etat. Aujourd’hui, cette entité n’aménage plus, mais plutôt le ministère. Que le ministère emprunte les mêmes voies que l’Agef pour que les villageois ne soient demain des parias. On chercherait à aider, parce que si on laissait l’Agef faire avec les dispositions qui ont démarré au niveau de l’Hôpital Mères-Enfants, je suis persuadé et convaincu que chaque famille tirerait de cette opération d’aménagements des ressources pour se créer des biens- pour assurer une vie décente aux héritiers. Voilà le sens des démarches des villageois que nous recevons avec beaucoup de joie. Nous acceptons la mission qu’ils viennent de nous confier. Nous avons besoins de développer Bingerville, mais cela doit se faire en harmonie avec toutes les composantes de la ville et de la sous-préfecture.
Mais pour cet épineux problème du foncier qui concerne 400ha des villageois d’Adjamé-Bingerville, quel sera le sens de votre démarche ?
Dans le cadre de l’aménagement urbain, ils sont venus me demander si j’ai été saisi de ce projet, en ma qualité de premier magistrat de la commune de Bingerville, puisque le village d’’Adjamé- Bingerville fait partie de la commune. Et ils sont venus me voir de les aider, à résoudre cet épineux problème auquel ils sont confrontés. Car pas plus tard que le lundi, ils se sont rendus au séminaire organisé par le ministère de la Construction et de l’Urbanisme, ils ont été désagréablement surpris d’apprendre que ces 400ha sont déjà attribués à plusieurs aménageurs fonciers, alors que la décision que le ministère a engagé avec les propriétaires n’a pas encore abouti. Parce qu’aucun protocole ne sanctionne cette disposition. A cet effet Ils sont venus me voir pour que je sois leur porte-parole auprès du Ministère de la Construction et de l’Urbanisme, du Gouverneur du District, du Préfet d’Abidjan, voire au plus haut niveau, le Président de la République. Voici le sens de cette démarche.